À Ziguinchor, ville du sud du Sénégal dont il est maire, l'opposant Ousmane Sonko est soutenu par ses partisans. Reportage à l'avant-veille du procès pour viols présumés du leader du parti Pastef, prévu ce 23 mai 2023 à Dakar.
Au Sénégal, c'est une nouvelle semaine incertaine qui débute ce lundi 22 mai 2023, alors que l'opposant Ousmane Sonko est appelé à comparaître le 23 mai au tribunal de Dakar pour des accusations de viols.
Ce procès, renvoyé la semaine dernière, avait provoqué des troubles. Trois personnes avaient été tuées selon le bilan officiel. Le leader du parti Les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (Pastef) est tenu de se présenter dès ce lundi au greffe de la chambre criminelle de Dakar.
Mais il se trouve depuis deux semaines à Ziguinchor, dans le sud du pays, ville dont il est maire. Ousmane Sonko s'est dit prêt à répondre « si les conditions de sa sécurité étaient réunies ». Hier soir à Ziguinchor, ses partisans étaient dans l'expectative.
« Vu les précédents événements, je suis inquiet »
Comme chaque soir depuis huit jours, des femmes ont ainsi cuisiné dans l'arrière-cour de la permanence du parti Pastef. De grandes marmites de pâtes destinées aux partisans qui ont veillé toute la nuit dans le quartier d'Ousmane Sonko.
Seynabou Mané, 34 ans, est une militante de la première heure. Elle est venue de Cap Skirring, à environ 70 km : « On ne taquine pas les gens, nous on reste sur place, mais si tu nous trouves, tu auras le corps chaud ! Si Ousmane Sonko va à Dakar, ça dépend si on le laisse tout tranquillement, il va répondre. S'il part, nous, on le suit : le bus, l'avion, à pied, tout ! »
Le maire va-t-il quitter Ziguinchor pour Dakar ce lundi ? Ce jeune homme, qui se fait appeler « boy pastef », ne le souhaite pas : « Vu les précédents événements qui se sont passés, je suis inquiet, parce que, à chaque fois, sa maison à Cité Keur Gorgui et le tribunal de Dakar, ce n'est pas sécuritaire, souvent il y a la présence des nervis. »
Une réunion était en cours tard dans la soirée au domicile d'Ousmane Sonko. Devant sa maison, un groupe de femmes continuait à chanter.
« Quand on est convoqué devant une chambre criminelle, on n'a pas de condition à poser », a affirmé de son côté le porte-parole du gouvernement, Abdou Karim Fofana.