L'expert international dans le domaine de l'éducation aux sciences, Driss Louaradi, a plaidé pour l'instauration d'une véritable culture de l'apiculture au Maroc à même de favoriser sa vulgarisation, soulignant que le Royaume dispose d'un énorme potentiel apicole.
Approché par la MAP à l'occasion de la Journée mondiale des abeilles, célébrée le 20 mai, cet expert auprès de nombreuses institutions gouvernementales et organisations nationales et internationales en France, au Maroc et au Moyen-Orient, a relevé que "ce secteur est en cours de modernisation, d'où la nécessité d'en accélérer la cadence et de proposer un Plan Maroc-Abeille pour instaurer une véritable culture de l'apiculture...et la vulgariser!".
Pour ce docteur es sciences, diplômé de l'Université Diderot-Paris, et fondateur du musée d'abeille vivante à Salé (projet en cours de reconversion), le Royaume, qui compte plus de 300 plantes endémiques comme le Harmala, dispose d'un énorme potentiel apicole.
Il a appelé, à ce propos, à fédérer tous les efforts et les initiatives et à mobiliser toutes les énergies et les compétences pour créer un véritable "Plan Maroc-Abeille", à développer un réseau de coopératives locales, à renforcer le partenariat entre acteurs institutionnels et entités professionnelles comme la Fédération interprofessionnelle marocaine de l'apiculture (FIMAP) et à encourager la recherche académique et à promouvoir la formation des apiculteurs aux nouvelles techniques performantes.
Sur le plan national, la filière apicole a connu une évolution importante du secteur moderne, dont le nombre de ruches est passé de 110.000 en 2009 à 640.000 en 2019, soit un accroissement de +700% et 105% de l'objectif du contrat-programme apicole fixé à 610.000 ruches modernes en 2020, selon les statistiques du ministère de l'Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement Rurale et des Eaux et Forêts.
La filière a aussi enregistré une évolution tangible du nombre des apiculteurs qui est passé de 22.000 en 2009 à 36.300 en 2019, soit un bond de +65%, ainsi qu'une progression importante de la production, qui est passée de 4.717 T de miel en 2009 à 7.960 T en 2019, soit une hausse de +68% et de 50% de l'objectif du contrat-programme apicole fixé à 16.000 T en 2020.
En effet, les potentialités apicoles au Maroc sont très importantes grâce aux ressources mellifères très diversifiées, principalement les forêts d'Eucalyptus, les cultures industrielles (tournesol, colza...), les plantes naturelles de montagne (Thym, Euphorbe, Romarin, Lavande, Armoise), les plantes spontanées et les forêts. De l'avis des professionnels et experts, cette richesse doit être impérativement préservée afin d'atténuer les effets de la désertion des abeilles dont pâtissent récemment plusieurs régions du Royaume en raison, entre autres, de la faiblesse des précipitations, de la diminution de la quantité et de la qualité de l'alimentation disponible pour les abeilles ou encore de l'état de santé des ruchers.
A noter que la filière apicole compte désormais plusieurs types de miel labellisés dont le miel d'Euphorbe (Tadla Azilal), le miel de l'Arbousier (Jbel Moulay Abdeslam), le miel d'Euphorbe (Sahara, région de Guelmim et celui de Souss-Massa), le miel de Zendaz (Fès-Boulemane) et le miel de Thym (Souss-Massa).