Ile Maurice: Lancement de la Gender Equality Foundation - Vers la transformation des relations inégales de pouvoir entre hommes et femmes

La Gender Equality Foundation (GEF), initiative de Mohini Bali, ex-Head of Gender Unit au ministère de l'Egalité des Genres, a été officiellement lancée mardi aprèsmidi à Voilà Bagatelle, bien que cette fondation ait été enregistrée en août dernier.

L'invité d'honneur à l'évènement, Milko Van Gool, chargé d'affaires à l'Union européenne (UE), qui remplaçait l'ambassadeur Vincent Degert, en mission à Madagascar, en a profité pour rappeler que le Gender Equality Bill, qui a vu la contribution de l'UE, se fait attendre depuis maintenant cinq ans.

Dans sa mission pour faire de l'égalité du genre une réalité à Maurice, la fondatrice de la GEF s'est entourée de quatre membres de calibre, à savoir Sheila Bappoo, ancienne ministre de la Femme, qui fut la ministre qui a démarré le processus d'intégration du genre dans les politiques et programmes gouvernementaux, Pooja Jhinni Awotar, cadre à la Commission de l'océan Indien, Madun Mohit, chargé de cours en organisation et management à l'université de Technologie de Maurice et Armoogum Parsuramen, ancien ministre de l'Education, directeur régional à l'Unesco et fondateur de la Global Rainbow Foundation.

Lors de son intervention, ce dernier a rappelé que l'engagement de la GEF envers l'égalité du genre n'est pas qu'une simple rhétorique. «C'est un impératif stratégique pour un avenir plus intelligent et plus prospère» a-t-il spécifié, ajoutant qu'autonomiser les femmes et les filles entraîne l'autonomisation de communautés et de nations entières.

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La GEF est un appel à l'action, d'autant plus qu'il y a encore des écarts persistants qui retardent le progrès envers l'égalité du genre. Il est donc nécessaire que la GEF fasse de la planification stratégique à cette fin. Dans cette optique, a dit Armoogum Parsuramen, il faut amplifier la voix des hommes et redéfinir le concept de l'égalité du genre.

«Notre intention n'est pas d'entrer dans un jeu de reproches mais d'encourager les hommes à être d'ardents défenseurs de l'égalité du genre. Nous ne voulons pas non plus confiner les femmes dans des rôles définis. A la place, nous croyons que les hommes comme les femmes ont des contributions uniques et doivent être traités équitablement, en se libérant des limites des attentes sociétales.»

Il a ajouté qu'il est bon de reconnaître que les hommes et les garçons ont été grandement exclus du discours sur l'égalité du genre, qui n'est pas exclusivement une question de droits des femmes mais une question des droits humains affectant toute personne en société. L'engagement actif des hommes et des garçons est essentiel pour obtenir le progrès, non seulement à Maurice mais dans le monde et c'est ce que la GEF recherchera.

Relations inégales de pouvoir

A ceux qui s'interrogent sur la nécessité d'avoir une fondation pour l'égalité du genre, Mohini Bali déclare que les femmes et les hommes ne sont pas à pied d'égalité et que tant que cela ne sera pas le cas, les défenseurs du genre continueront à s'activer. Elle a rappelé que le mouvement de défense des droits des femmes remonte à 1848 et que la déclaration universelle des droits de l'homme, adoptée un siècle plus tard, a contribué à placer les droits des femmes dans le contexte des droits humains.

Elle a reconnu qu'il y a eu des avancées envers l'égalité du genre dans le monde comme à Maurice où les femmes travaillent, sont financièrement indépendantes et connaissent les lois et leurs droits «mais elles sont loin de jouir de l'égalité car certains de ces droits sont toujours piétinés». Elle a cité notamment l'exemple du plafond glissant ou de verre qui empêche les femmes ayant un fort potentiel d'obtenir les plus hauts postes dans les instances de décision, la violence sous toutes ses formes qu'elles subissent, leur double journée de travail ou encore leur contribution en tant que pourvoyeuses de soins aux malades de la famille. «Il est temps de remodeler l'architecture de l'égalité du genre dans notre société et c'est précisément pour cela que la GEF a été fondée»

La GEF vise aussi à transformer les relations inégales de pouvoir entre hommes et femmes, à réunir les personnes et organisations de défense de l'égalité du genre et à enrôler comme alliés des garçons et des hommes. Elle est confiante que ce sera possible car durant la dernière décennie, des mouvements et des réseaux d'hommes soutenant l'autonomisation des filles et des femmes ont émergé.

Mohini Bali a annoncé que le plan stratégique de cinq ans de la GEF est prêt et qu'il s'articule autour de cinq axes : la sensibilisation, le renforcement des capacités, le plaidoyer, la mise en réseau et la mobilisation de ressources et que chaque axe aura ses propres activités. Des livrets détaillant la feuille de route de la GEF ont d'ailleurs été distribués. Au final, elle en a appelé aux médias pour qu'ils contribuent à changer les mentalités et diffusent des messages essentiels pour éveiller les consciences quant à l'égalité du genre.

L'invité d'honneur à cette fonction, Milko Van Gool, chargé d'affaires à l'UE, s'est dit heureux de voir que Mohini Bali, avec laquelle l'instance européenne a travaillé dans le passé lorsqu'elle était encore Head of Gender Unit, a fondé une organisation non gouvernementale pour poursuivre le travail d'égalité du genre et d'autonomisation des femmes. Cette fondation arrive à point nommé, estime-t-il, car le défi aujourd'hui est le droit à vivre sans violence. «On ne pourra jamais justifier le fait de battre ou de mutiler le corps d'une fille ou d'une femme.»

Cette violence, a-t-il ajouté, découle justement de l'inégalité du genre. Même si les statistiques abondent à ce sujet, il s'en est gardé d'en donner, préférant dire que «derrière chaque chiffre se cache une souffrance et c'est inacceptable.» Il estime donc indispensable d'impliquer les garçons et les hommes dans la lutte pour l'égalité du genre et de leur faire prendre conscience de leur rôle essentiel.

L'UE, a-t-il souligné, oeuvre pour l'égalité du genre et des droits humains dans le monde. Evoquant la contribution de cette instance en faveur de l'autonomisation des femmes et des filles à Maurice, il a rappelé que cette organisation avait aidé le gouvernement à établir un profil pays dont l'un des points particulièrement préoccupants était la situation de la violence basée sur le genre et de celle entre partenaires intimes. «Nous avons facilité la venue d'experts, qui ont aidé le gouvernement à réviser la Protection from Domestic Violence Act.

Selon nos informations, ces amendements à la législation sont au Parquet et devraient être présentés au Parlement, ce qui est encourageant». L'an dernier, l'UE a également facilité la venue d'experts qui ont animé un atelier de travail sur la violence domestique. Par contre, il a rappelé que le Gender Equality Bill, qui a aussi vu l'apport de l'UE, est en attente d'être finalisé depuis maintenant cinq ans. «J'espère que la GEF fera des plaidoyers à cette fin», a-t-il conclu. Parmi les invités présents, il y avait notamment Florence Caussé-Tissier, ambassadrice de la France, Camille Vital, ambassadeur de Madagascar, Yasmina Hossanoo, Senior political et Public Affairs Officer à la haute commission australienne et Aurore Perraud, ancienne ministre de la Femme.

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