Tshivis Tshivuadi, le SG de JED lors de la publication du Rapport du Monitoring
*"Face à la montée de NTIC et la prolifération des réseaux sociaux, les médias traditionnels n'ont qu'un choix : se professionnaliser ou disparaître", tranche JED, en marge de la publication, le vendredi 19 mai dernier, au CEPAS, à la Gombe, de son tout premier rapport du Monitoring des médias, depuis le début de cette année 2023.
Tout en insistant particulièrement sur la professionnalisation des médias, Tshivis Tshivuadi, Secrétaire Général de cette ONG de défense des droits des journalistes, oeuvrant en partenariat avec Reporters Sans Frontières, RSF en sigle, a, à cette même occasion, félicité les neuf médias ainsi observés dans cette première série sur les trois publications des rapports envisagées, pour la qualité du travail abattu et le respect des règles d'éthique et de déontologie des journalistes en cette période préélectorale en RD. Congo.
Il les a, toutefois, appelés à y veiller pour autant qu'il ne s'agit là que d'un premier pas alors qu'il de nombreux défis restent encore à relever pour la suite de ce processus électoral, tel que prévu, le 20 décembre 2023, conformément au calendrier de la CENI.
La Prospérité, Forum des As (Presse écrite), Top Congo Fm et Radio Okapi (Radios), Média Congo et 7sur7.cd (Médias en ligne) et Rtnc1, Télé50 et Bosolo na Politik (Télévisions). Voilà les médias observés et dont JED, à l'issue de son monitoring, explique ici, les raisons d'un tel travail surtout en ce moment précis de l'histoire de la RD. Congo.
Contexte
"En Afrique, de manière générale, et en République démocratique Congo, en particulier, la liberté de la presse reste vulnérable parce que fragilisée par la culture de l'impunité dont jouissent les prédateurs de cette liberté, mais aussi, par les excès dont les médias, eux-mêmes, peuvent se rendre coupables.
C'est pour éviter les débordements des journalistes, juguler les harcèlements et tracasseries des pouvoirs publics, améliorer la qualité de la presse et préserver son indépendance que, dans beaucoup de pays, naissent des instances de contrôle des Médias sous la forme des Instances des régulations ou des Observatoires d'autorégulation, et des Missions d'Observation des médias", précise Tshivis Tshivuadi, le SG de JED.
Quelle est la finalité ?
Selon lui, en effet, la finalité de ce monitoring consiste à : "faire respecter la déontologie, forger dans l'esprit des journalistes, une éthique de l'information et, par-là, engager la presse dans une dynamique de professionnalisation.
C'est donc, pour défendre l'idée d'une presse libre et responsable que les médias, de plus en plus nombreux, s'engagent dans la voie d'une régulation interne et volontaire. Avec la montée de Nouvelles technologies de l'information, et la prolifération des Réseaux sociaux, les Médias traditionnels n'ont qu'un choix : se professionnaliser ou disparaître. Le Monitoring aide à la professionnalisation".
Transparence du processus électoral
"S'agissant du processus électoral en cours en RDC, Il ne peut y avoir de transparence véritable dans les opérations électorales, sans la possibilité, pour les journalistes, de pouvoir informer le public, en toute liberté, de toutes les péripéties qui entourent ces opérations. Et c'est ce souci de transparence, pensons-nous, qui justifie les accréditations accordées aux journalistes tant de la presse nationale qu'internationale pour accéder aux bureaux de vote et même, d'assister aux opérations de dépouillement.
JED en appelle au respect strict, par tous, de la liberté de la presse entendu comme droit pour les journalistes de chercher des informations, toutes les informations, et de pouvoir les diffuser sans entraves mais aussi, droit pour le public à être largement informé sur tous les sujets d'intérêt national. JED rappelle, enfin, qu'aucune disposition particulière ne peut empiéter sur cette liberté de la presse garantie par la Constitution de la République et par les instruments juridiques internationaux auxquels la RDC est partie", insiste-il.
Méthodologie ?
Quelle a été, au fait, la méthodologie adoptée pour réaliser ce monitoring ? Quels sont les critères édictés pour le choix des organes observés ? Quel est le timing idéal fixé pour concrétiser une telle étude ?
JED, dans ce même rapport, y répond par des tableaux et graphiques indiquant le nombre des publications, les sujets traités en mettant en exergue les questions liées notamment, à la sécurité, aux élections ainsi qu'à la loi Tshiani. Ainsi, JED, promettant de poursuivre la lutte pour le respect des règles d'éthique et de déontologie des journalistes, n'exclut-il pas de recourir à un autre échantillon et, même, de diversifier de typologie des médias, lors de la présentation de son tout prochain rapport de monitoring.
LPM
MOT D'INTRODUCTION
PRESENTATION DU RAPPORT D'OBSERVATION DES MEDIAS
Je tiens tout d'abord à vous remercier, tous et chacun, pour votre présence et pour avoir répondu promptement à notre invitation. Comme vous l'avez vu, il s'agit de la présentation de notre Rapport de monitoring, non pas des atteintes à la liberté de la presse, comme nous avons l'habitude, mais plutôt, d'un Rapport d'observation des médias dans un contexte bien particulier où la RDC se prépare à organiser, au cours de l'année 2023, un nouveau cycle des élections générales.
Il s'agit d'un grand RDV du peuple congolais avec son histoire et son destin et qui doit nous mobiliser tous, et peut être plus encore, les journalistes et les médias.
On sait d'expérience que les périodes électorales en RDC constituent généralement des moments où les droits et libertés de la presse ainsi que la déontologie professionnelle sont les plus bafoués.
Il en était ainsi des élections législatives et présidentielles organisées en 2006, puis en 2011 et en 2018, qui ont été émaillées des actes de violence qui ont fait de nombreux dégâts et causé de nombreuses pertes en vies humaines. Et sauf par miracle, on ne voit pas comment 2023 pourrait échapper à cette tradition, lorsque l'on entend ou on voir ce qui se passe dans certains Etats-majors des Partis politiques qui donnent cette impression qu'au lieu de préparer les élections, ils préparent déjà la contestation qui débouche généralement sur des violences.
Et comme par le passé, ces violences électorales n'ont pas épargné les médias et les journalistes ; bon nombre d'entre eux ont été attaqués, agressés, menacés, et leurs matériels de travail détruits lors des manifestations...
Dans le même temps, certains journalistes et certains médias ont été aussi accusés d'avoir failli à leur mission d'informer correctement, en exacerbant les tensions, en incitant à la haine et à la violence, en versant dans le clientélisme et en servant des intérêts partisans et égoïstes.
C'est, tirant les leçons de ces trois premières expériences d'élections chaotiques, JED, avec son partenaire principal Reporters sans frontières, nous avons estimé qu'il convient de nous investir à temps dans des actions de prévention et de sensibilisation, pour assurer la sécurité et la protection des journalistes, mais aussi, permettre aux médias congolais de faire correctement leur travail, et de jouer le rôle qu'on attend d'eux , et permettre la tenue des élections démocratiques, transparentes et apaisées, comme c'est la phraséologie consacrée...
Mais quel est donc ce rôle qu'on attend des journalistes et des médias en cette période ?
Pour répondre à cette question, je voudrais paraphraser l'écrivain et philosophe français du 19è siècle, Victor Hugo qui disait ceci dans l'un de ces ouvrages écrits en 1848, c.-à-d., 100 ans avant la Déclaration Universelle des droits de l'homme de 1948, et je le cite
« Le principe de la liberté de la presse, n'est pas moins sacré, n'est pas moins essentiel que le principe du suffrage universel...Attenter à l'une (la liberté de la presse), c'est attenter à l'autre (le suffrage universel) »
Et il poursuit « La souveraineté des peuples se manifeste sous deux formes. D'une main, elle écrit, c'est la liberté de la presse. Et de l'autre main, elle vote, c'est le suffrage universel »
Et il conclut : « Voter sans liberté de dire ou de savoir (accès à l'information), c'est voter à l'aveugle. Voter à l'aveugle, c'est risquer de voter pour son propre ennemi ou voter pour son propre malheur ».
Et moi d'ajouter pour terminer, que c'est justement les journalistes et les médias libres et indépendants qui permettent aux électeurs de savoir Qui est Qui ? Qui a fait Quoi hier ? Et Qui est capable de faire Quoi demain s'il est élu ? D'expliquer les enjeux qui sont au coeur de ces élections pour que le peuple puisse voter en toute connaissance des causes.
C'est donc, eu égard à tout ce qui précède que JED a mis en place cette Mission d'observation des médias.
Tout au long de ce processus, nous avons prévu de publier trois Rapport d'observation selon le contexte et avec des grilles de lectures différentes.
L'objectif de cette Mission d'observation n'est pas d'accuser, de dénoncer ou de stigmatiser les médias observés.
Notre premier objectif est de réveiller dans l'esprit du journaliste son sens de professionnel de l'information. Celui dont la responsabilité citoyenne est d'informer les autres sur des sujets qui parfois conditionnent leurs vies.
Voilà pourquoi, les premiers destinataires de ce Rapport, ce sont les médias qui ont été suivis.
Par la suite, nous rendons public ce Rapport dans le but de prendre à témoins l'opinion ou le public des lecteurs, des auditeurs ou des téléspectateurs, et les faire prendre conscience de l'importance d'une information fiable, crédibles diffusée par des journalistes professionnels et des médias indépendants.
Conclusion générale
En Afrique, de manière générale, et République démocratique Congo en particulier, la liberté de la presse reste vulnérable parce que fragilisée par la culture de l'impunité dont jouissent les prédateurs de cette liberté, mais aussi par les excès dont les médias eux-mêmes peuvent se rendre coupables.
C'est pour éviter les débordements des journalistes, juguler les harcèlements et tracasseries des pouvoirs publics, améliorer la qualité de la presse et préserver son indépendance que, dans beaucoup des pays, naissent des instances de contrôle des Médias sous la forme des Instances de régulations ou des Observatoire d'autorégulation, et des Mission d'Observation des médias. Etc...
Leur finalité ? C'est de faire respecter la déontologie, forger dans l'esprit des journalistes une éthique de l'information et, par-là, engager la presse dans une dynamique de professionnalisation.
C'est donc, pour défendre l'idée d'une presse libre et responsable que les médias, de plus en plus nombreux, s'engagent dans la voie d'une régulation interne et volontaire.
Avec la montée des Nouvelles technologies de l'information, et la prolifération des Réseaux sociaux, les Médias traditionnels n'ont qu'un choix : Se professionnaliser ou disparaitre.
Le Monitoring aide à la professionnalisation.
S'agissant du processus électoral en cours en RDC, Il ne peut y avoir de transparence véritable dans les opérations électorales, sans la possibilité pour les journalistes de pouvoir informer le public, en toute liberté, de toutes les péripéties qui entourent ces opérations. Et c'est ce souci de transparence, pensons-nous, qui justifie les accréditations accordées aux journalistes tant de la presse nationale qu'internationale pour accéder aux bureaux de vote et même d'assister aux opérations de dépouillement
JED en appelle au respect strict par tous de la liberté de la presse entendu comme droit pour les journalistes de chercher des informations, toutes les informations, et de pouvoir les diffuser sans entraves, mais aussi droit pour le public à être largement informé sur tous les sujets d'intérêt national. JED rappelle, enfin, qu'aucune disposition particulière ne peut empiéter sur cette liberté de la presse garantie par la Constitution de la République et par les instruments juridiques internationaux auxquels la RDC est partie.
Merci.