Madagascar: La Jirama avoue enfin être en panne sèche

Comme une automobile tombée en rade faute de carburant, la société nationale attend vainement que des passants daignent la pousser. De délestages tournants en délestage global tout court, elle est maintenant à court de fausses ou (vraies) excuses pour justifier ses défauts de livraison, tantôt une panne de groupe ; tantôt un poteau électrique tordu par un véhicule fou, il ne manquait plus comme argument que le poids trop lourd des oiseaux sur les fils empêchant le courant de passer.

Faravohitra (le siège de la compagnie) avoue enfin être dans l'incapacité de fournir ses services parce qu'elle ne dispose pas de carburant pour alimenter ses centrales thermiques (ce que tout le monde savait plus ou moins déjà). Et pourtant des solutions avaient été émises pour pallier ce manque, comme utiliser le fuel lourd, censé être meilleur marché, ou l'importation directe par une société malgache du produit, sans passer par des intermédiaires ou enfin évoquer de temps à autres, l'huile lourde de Tsimiroro, qui pour des raisons techniques ou politiques ???. Son projet d'exploitation n'a eu aucune issue positive, voilà maintenant depuis plus de cinquante ans.

En 2017, la démarche la plus sérieuse n'eut malheureusement pas de suite, alors que des essais techniques sur les machines des centrales thermiques utilisant encore du fuel ont été jugés positifs, et puis silence radio, Madagascar Oil, la société exploitante a dû même arrêter le forage avec 157 000 tonnes de stock apte à la livraison. Aujourd'hui, l'on annonce enfin le bout du tunnel : « Tsimiroro montre sa tête, c'est pour bientôt, Jirama peut l'utiliser dans quelques mois » selon les dires de son PCA, via le site Facebook de la compagnie. Officiellement, on annonce qu'il ne manque plus qu'un engagement officiel de la part de Faravohitra et des compagnies pétrolières, dans lequel les termes sont clairs en matière de cahier de charges et de calendrier de paiement, selon le contrat de partage de production.

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Là où le commun des mortels ne comprend pas, notamment quand la formulation officielle dit : « Ce sont les fournisseurs en énergie pour la Jirama qui contractent avec Madagascar Oil et non pas la Jirama. Cette dernière achète de l'énergie et non du fuel. » Est-ce à dire d'une part, que ces compagnies pétrolières, déjà en charge de la perception des taxes pétrolières en sus du FER et que l'on soupçonne d'entente sur les prix à la pompe des carburants, qui vont encore régner en maîtres du robinet de Tsimiroro, d'autre part. Décidément, on n'est pas sorti de l'auberge comme on dit.

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