Ile Maurice: Affaire d'emploi fictif - Une poursuite privée contre Sawmynaden pourrait maintenant servir la justice

Deux «private prosecutions» qui n'ont pas été efficaces et une poursuite policière qui n'a pas eu lieu. Mais ce serait le moment idéal pour entrer une 3e poursuite privée contre l'ex-ministre du Commerce si la police n'agit toujours pas.

Nous avons appris vendredi, et nous l'avons confirmé auprès d'une source fiable au bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP), que ce dernier a bien recommandé des poursuites, depuis novembre 2022, contre Yogida Sawmynaden dans l'affaire de «constituency clerk». Il semble que l'enquête soit terminée et, qu'après l'envoi du dossier au bureau du DPP, celui-ci ait demandé à la police d'ouvrir l'information et de poursuivre l'exministre du Commerce.

Cette procédure policière ne devrait, selon Me Rama Valayden, «prendre que quelques minutes pour remplir un formulaire d'information». Or, rien n'a été fait depuis six mois. Comme l'a dit l'express, hier, c'est une affaire assez simple puisque les preuves sont là. D'une part, le document de l'Assemblée nationale disant que Simla Kistnen était inscrite comme la constituency clerk de Yogida Sawmynaden et le rapport de la Mauritius Revenue Authority qui confirme qu'elle était employée comme telle.

D'autre part, sa déclaration qu'elle n'a jamais obtenu un sou de l'ex-ministre. Si la police ne fait rien, il serait maintenant possible d'engager une troisième poursuite privée. «It's a good case for a private prosecution», nous dit un ténor du barreau. Comment ? «Il faut d'abord demander la permission au DPP», tout en nous citant une précédente affaire similaire...

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Pas de paie pour une famille trop endettée

Yogida Sawmynaden aurait, en février 2021, confirmé au Central Crime Investigation Department (CCID) cet emploi de Simla Kistnen - que cette dernière nie avoir assuré -, mais que le salaire de Rs 14 790 était remis, en liquide ou autrement, on ne le sait, à feu Soopramanien Kistnen.

Qui n'est plus là pour le confirmer. Simla Kistnen affirme, de son côté, que son mari ne lui avait jamais remis de salaire pour la bonne et simple raison qu'elle n'a jamais agi comme constituency clerk. L'ex-ministre n'aurait pas été en mesure de fournir des preuves de ces paiements. Yogida Sawmynaden aurait aussi expliqué au CCID que, justement, c'était lorsqu'il avait arrêté de payer le salaire de constituency clerk à Soopramanien Kistnen que sa relation avec ce dernier s'est détériorée.

Et n'hésitant pas à égratigner la mémoire d'un mort, Yogida Sawmynaden a expliqué que s'il avait cessé de remettre le salaire à Kistnen, c'était parce qu'il avait appris que ce dernier s'endettait auprès de plusieurs personnes. Drôle de justification ! On ne paie plus une employée parce que son époux est trop endetté.

Arrêt de paiement d'un salaire... jamais payé

L'ex-ministre du Commerce a accusé Simla Kistnen de mentir et c'est lui qui lui a posé des questions : «Pourquoi n'a-t-elle pas rapporté l'affaire au speaker de l'Assemblée nationale tout de suite ? Pourquoi ne s'est-elle pas tournée vers la police après l'arrêt des paiements ? Pourquoi Simla Kistnen a-t-elle attendu que son mari disparaisse pour faire cette accusation ?» Sollicitée hier, la veuve Kistnen n'a pu s'empêcher de rire malgré son malheur :

«Mais comment et pourquoi aurais-je protesté de l'arrêt du paiement d'un salaire que je n'ai jamais touché !» On ne sait pas si Yogida Sawmynaden a affirmé qu'il se peut que feu Soopramanien Kistnen ait conservé le salaire pour lui, sans le remettre à son épouse... On se rappelle de nombreux témoignages durant l'enquête judiciaire à l'effet que Kistnen avait été pris de colère, surtout lorsqu'il avait appris que Yogida Sawmynaden avait enregistré son épouse comme constituency clerk sans la payer.

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