Ile Maurice: La boutique Packsan, une partie du patrimoine de Goodlands

Même ceux âgés de plus de 20 ans ne savent rien des débuts de la boutique Packsan, à Goodlands. Pour cause, elle a ouvert ses portes il y a 130 ans. La structure est toujours debout, le commerce tourne toujours et, malgré la rude concurrence des supermarchés, Pierre et Ivy Leung Chack Hing ne comptent pas fermer ses portes.

Les murs de la boutique ont été fraîchement repeints d'un bleu luisant pour lui donner un coup de jeune. Au coup d'oeil, difficile de deviner son âge, jusqu'à ce qu'Ivy Leung Chack Hing remonte le temps. Dans la boutique qu'elle occupe avec son époux depuis plus de 40 ans, la décoration est hétéroclite.

Une pendule ancienne qui a été recouverte, quelques cadres posés sur les étagères et des banderoles traditionnelles chinoises. Deux nids de guêpes énormes sont cloués aux poutres et attirent le regard. Mais il n'y aura pas d'autres explications à leur sujet.

Au client de laisser travailler son imagination. «Je me suis marié à 22 ans et je me suis installée ici. Aujourd'hui, j'ai 66 ans. Depuis, avec mon mari, nous nous occupons de la boutique. Nous n'avons fait que ça depuis des décennies», confie-t-elle.

Ivy Leung Chack Hing précise que la situation n'a pas toujours été calme. La nostalgie se fait de plus en plus entendre dans sa voix lorsqu'elle retourne dans le passé. La boutique a été ouverte par le grand-père de Pierre Leung Chack Hing, qui est arrivé de Chine. Puis il l'a transmise à son fils qui en a fait de même.

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«Les frères de Pierre travaillaient tous. Donc, nous avons repris le commerce», ajoute Ivy. Elle affirme cependant qu'il n'y aura pas de quatrième génération à la barre. Les trois enfants du couple sont tous à l'étranger. «Nou mem nou pa pou les zot rant ladan. Ki pou vinn fer ici? Vann dipin lefwa?» dit Ivy en riant.

Triste de savoir qu'ils sont les derniers à tenir ce commerce ? Pas vraiment. Ivy raconte que dans le temps, le lieu était bien plus animé. Il y avait beaucoup de clients, dont certains réglaient leur note à l'année, lorsqu'ils recevaient leur bonus. Ou encore, des «soular» qui venaient le matin et restaient toute la journée.

Tous formaient partie d'une même famille. Ils se racontaient leurs problèmes, ce qu'ils avaient fait la veille, et se donnaient des conseils. Avec le temps, les supermarchés ont fait leur apparition et le nombre de clients a chuté. Aujourd'hui, ce sont les «dipin kari» qui marchent le mieux.

Jusqu'à quand vont-ils travailler ? Pas de réponse à cette question mais toujours est-il que la fermeture n'est pas prévue pour sitôt. «Les enfants nous demandent d'arrêter de travailler. Me lerla ki pou fer? Asize? Parfwa nou al get zot, me lerla nou retourne ek kontign travay.»

Les «boutik sinwa» sont en voie de disparition mais font partie de notre patrimoine. Leurs vieilles structures nous racontent aujourd'hui un chapitre oublié de notre histoire.

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