Les systèmes d'alerte précoce de catastrophes météorologiques ont permis de sauver de nombreuses vies mais les pertes économiques liées à ces phénomènes ont augmenté à une vitesse vertigineuse, souligne lundi l'ONU.
Sur la période 1970-2021, ce ne sont pas moins de deux millions de personnes qui ont perdu la vie en raison de phénomènes météorologiques, climatiques et hydrologiques, dont 90% dans les pays en développement, indique l'Organisation météorologique mondiale (OMM), qui a actualisé ses données jusqu'à 2021.
Et les 11.778 catastrophes recensées sur ce demi-siècle ont aussi provoqué pour 4.300 milliards de dollars de pertes économiques.
"Les communautés les plus vulnérables sont malheureusement les plus touchées par les aléas météorologiques, climatiques et hydrologiques", a souligné le Secrétaire général de l'OMM, Petteri Taalas. Mais l'agence a également souligné que l'amélioration des systèmes d'alerte précoce et la gestion coordonnée des catastrophes avaient considérablement réduit le nombre de victimes humaines.
M. Taalas a fait une priorité de la couverture de l'ensemble de la population mondiale par ces systèmes d'alerte précoce qui permettent aux populations de se préparer, se mettre à l'abri ou évacuer les lieux à temps. L'objectif -embrassé par le Secrétaire général de l'ONU - est de protéger tout le monde d'ici à la fin de l'année 2027. L'OMM estime que non seulement ces systèmes permettent de sauver des vies mais aussi que leur retour sur investissement "est au minimum décuplé".
Pour l'heure, seule la moitié des pays dispose de systèmes d'alerte précoce, la couverture étant particulièrement faible en Afrique et dans les pays les moins avancés.
Les pays membres de l'OMM, réunis en Congrès à Genève à partir de lundi, doivent entériner l'initiative dirigée par l'OMM, le Bureau des Nations unies pour la prévention des catastrophes, l'Union internationale des télécommunications et la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, avec l'appui de plus de 20 autres organismes de l'ONU et d'un large éventail de parties prenantes, allant d'institutions financières au secteur privé.
Un premier groupe de 30 pays a été sélectionné pour le lancement de l'initiative, en 2023. Le cyclone Mocha, qui a fait des ravages en Birmanie et au Bangladesh la semaine dernière, est un exemple parlant, a déclaré M. Taalas.
Mocha, dont le bilan s'élève à 145 morts selon la junte birmane, "a causé une dévastation généralisée... affectant les plus pauvres d'entre les pauvres", a-t-il indiqué, mais néanmoins le bilan est très inférieur aux catastrophes similaires du passé, quand "la Birmanie et le Bangladesh comptaient les morts par dizaines, voire centaines de milliers".
"Grâce aux alertes précoces et à la gestion des catastrophes, ces taux de mortalité catastrophiques appartiennent désormais heureusement au passé. Les alertes précoces sauvent des vies", a-t-il martelé. Si les décès ont chuté, les pertes économiques ont explosé. Les pays riches ont été de loin les plus durement touchés en termes monétaires. Les Etats-Unis à eux seuls ont subi 1.700 milliards de dollars de pertes, soit 39% des pertes totales depuis 1970.
En revanche, comparé à la taille de l'économie, les pays les plus démunis payent proportionnellement le plus lourd tribut, a souligné l'OMM.
Les pays développés représentaient plus de 60% des pertes dues aux catastrophes météorologiques, climatiques et hydriques, mais dans plus de quatre cinquièmes des cas, les pertes économiques équivalaient à moins de 0,1% du produit intérieur brut (PIB).
Et aucune catastrophe n'a provoqué de pertes économiques supérieures à 3,5% des PIB respectifs.
En comparaison, dans sept pour cent des catastrophes qui ont frappé les pays les moins avancés du monde, les pertes ont représenté plus de 5% de leur PIB. Plusieurs catastrophes ayant causé des pertes équivalentes à près d'un tiers du PIB.