Tunisie: Médias - Elyes Gharbi et Haithem Mekki devant la justice

Le président du Snjt, Yassine Jelassi, estime que la « récurrence des procès et la traduction à répétition des journalistes devant la justice sont aujourd'hui des pratiques nuisibles qui suscitent les inquiétudes quant à l'avenir de la liberté de presse en Tunisie ».

Les journalistes Elyes Gharbi, animateur de l'émission « Midi Show » à la radio Mosaïque FM, et Haithem Mekki, chroniqueur, ont tous deux comparu, aujourd'hui, pendant plusieurs heures devant l'instruction de la sous-direction des affaires pénales d'El Gorjani.

En cause, une plainte déposée par le Secrétariat général des Forces de sécurité intérieure pour « diffamation, outrage à la pudeur et injure envers des agents des forces sécuritaires » lors de la diffusion de l'émission radiophonique « Midi Show ».

Des dizaines de journalistes tunisiens, de correspondants étrangers et de représentants d'associations nationales et internationales de défense des journalistes, des droits de l'homme et de la liberté d'expression se sont rassemblés devant le siège de la brigade anticriminelle d'el Gorjani, pour exprimer leur solidarité avec les deux journalistes.

Les manifestants ont brandi des slogans clamant la défense de la liberté d'expression, d'opinion et de presse en Tunisie.

Le président du syndicat national des journalistes tunisiens, Yassine Jelassi, a estimé que la « récurrence des procès et la traduction à répétition des journalistes devant la justice sont aujourd'hui des pratiques nuisibles qui suscitent les inquiétudes quant à l'avenir de la liberté de presse en Tunisie ». Et poursuit, « c'est devenu une pratique systématique d'une politique sciemment imposée par le pouvoir dans le dessein de porter atteinte à la liberté d'expression et d'opinion par le biais de procès, de procédures expéditives et accusations montées de toutes pièces », a-t-il encore dénoncé.

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Dans la foulée, le journaliste Elyes Gharbi a déclaré qu'il est du droit de tout Tunisien de savoir, de s'interroger, de poser des questions et d'avoir des réponses. Nul n'est infaillible et l'erreur demeure toujours humaine, estimant que c'est la radio « Mosaïque FM » et ses journalistes qui sont visés.

Il a souligné la nécessité de poursuivre les journalistes, s'il y a lieu, sur la base du décret-loi 115, réglementant les droits et les devoirs des journalistes. Et de traduire les journalistes devant des structures professionnelles, telles que la HAICA et non de recourir à des lois liberticides, en référence au décret-loi 54 et à la loi antiterroriste, tous deux infligeant de lourdes peines aux journalistes.

Pour rappel, Ezzedine Jebali, secrétaire général du syndicat des forces de sécurité intérieure, a déposé, mercredi dernier, une plainte pénale auprès du parquet près le tribunal de première instance de Tunis contre les journalistes précités, ainsi que le représentant légal de la radio pour diffamation et outrage à la pudeur.

Cité dans un communiqué du syndicat des forces sécuritaires, « le contenu de l'émission radio est truffé d'insultes et d'outrage à la pudeur et de propos attentatoires à la dignité des forces sécuritaires ».

« On nous a taxé à tort, et en direct sur les ondes de la radio, de poignées de criminels, de trafiquants de drogue et de corrompus avant de poster et de partager le contenu de l'émission sur la page officielle Facebook de la radio », a-t-il vivement dénoncé.

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