Ziguinchor — Des partisans du maire de Ziguinchor (sud), Ousmane Sonko, ont érigé des barricades sur les rues situées près de son domicile pour, disent-ils, en assurer la garde.
A Néma Kadior, des habitants ont du mal à circuler sans entrave, car les voies d'accès et de sortie de ce quartier sont assiégées par des jeunes qui disent veiller à la sécurité du leader de Pastef-Les patriotes (opposition), à quelques heures de son procès pour viol prévu mardi 23 mai au tribunal de Dakar.
"Je suis désolé. Cette situation doit être gérée par l'Etat. Nous sommes dans un pays de droit [...] Nous invitons l'Etat à garantir notre libre circulation", lance un conducteur de moto "Jakarta", se présentant comme un partisan d'Ousmane Sonko.
Ses activités économiques sont bloquées depuis une semaine à cause du siège du domicile d'Ousmane Sonko, l'un de ses voisins, par les partisans de l'opposant.
"Trop, c'est trop ! Nous voulons la paix. Il faut qu'on en finisse avec ce procès", lance Daouda Diallo, empêché, lui aussi, de vaquer convenablement à ses occupations par les occupants de la rue où se trouve son domicile.
Ibrahima Mangane dit être "dépassé" par la manière dont les jeunes ont érigé les barricades et bloqué le passage. "Nous invitons nos camarades à rester calmes", ajoute M. Mangane, l'un des habitants de Néma Kadior, affirmant être un militant de Pastef-Les patriotes.
D'autres quartiers de Ziguinchor, dont Lyndiane et Grand-Dakar, sont également difficiles à traverser à cause des barricades dressées dans les rues par des jeunes revendiquant leur appartenance au parti politique de M. Sonko.
Ce lundi, le calme est revenu à Ziguinchor où des heurts entre jeunes et forces de l'ordre ont fait deux morts et des dégâts matériels.
Ousmane Sonko séjourne dans la ville depuis plusieurs jours, après qu'il a pris la décision de ne plus coopérer avec la justice.
Le procès pour viol de l'opposant contre Adji Sarr a été renvoyé la semaine dernière en audience spéciale au mardi 23 mai, quelques minutes après qu'il s'est ouvert devant la chambre criminelle du tribunal de Dakar, sans sa présence.
Ndèye Khady Ndiaye, la propriétaire du salon de massage dans lequel se seraient déroulés les faits de viol, doit être jugée en même temps que M. Sonko.
Elle est inculpée des faits d'incitation à la débauche.
Adji Sarr, une employée de Ndèye Khady Ndiaye, accuse l'opposant et maire de Ziguinchor de l'avoir violée plusieurs fois et de l'avoir menacée de mort.
Ousmane Sonko est inculpé de viol et placé sous contrôle judiciaire depuis début 2021.
Des manifestations consécutives à son interpellation en mars 2021 ont engendré la mort d'une quinzaine de personnes et d'importants dégâts matériels.
Dans une autre affaire judiciaire, il a été condamné, lundi 8 mai, à six mois de prison avec sursis par la cour d'appel de Dakar pour diffamation et injure publique à l'encontre du ministre du Tourisme et des Loisirs, Mame Mbaye Niang.
Si la décision de la cour d'appel est confirmée en cassation, le chef de l'opposition deviendra inéligible et ne pourra donc pas se présenter à l'élection présidentielle du 25 février 2024 pour laquelle il s'est déclaré candidat.
Selon plusieurs médias, il s'est pourvu en cassation en espérant obtenir l'invalidation de la décision de la cour d'appel de Dakar.