Congo-Kinshasa: Mai-Ndombe - 'Des mains invisibles sanguinaires' (Évêques)

En République démocratique du Congo, les évêques catholiques accusent, sans les nommer, des responsables politiques congolais d'instrumentaliser un conflit communautaire dans l'ouest du pays.

C'est une nouvelle sortie des évêques de l'église catholique qui dénoncent une vague de violences communautaires qui a fait, depuis juin 2022, des milliers de morts autour d'un conflit foncier entre les Teke, qui se considèrent comme originaires et propriétaires des villages situés le long du fleuve Congo, et les Yaka, venus s'installer dans la province du Mai-Ndombe.

Dans une déclaration largement diffusée, les évêques catholiques estiment que "à l'issue de visites pastorales, d'entretiens, de contacts et de témoignages recueillis auprès des différentes couches de la population", ils déclarent avoir "l'intime conviction que des mains invisibles sanguinaires, à partir de Kinshasa, se cachent derrière ce conflit".

Benoit Degroof Dale du diocèse du Kengue résume ici la déclaration des évêques de neuf diocèses, au terme d'une assemblée épiscopale de la région ouest, qui a dénoncé l'instrumentalisation du conflit communautaire à des fins politiques.

"Les véritables chefs coutumiers Yaka ne se sentent pas en guerre contre un autre camp. C'est le même comportement du côté des chefs coutumiers Teke. Donc, il revient à dire clairement que les politiciens doivent retirer leurs mains sanguinaires dans ces provinces et que les autorités compétentes puissent prendre leur responsabilité pour mettre fin à ces scènes qui ont, à nos jours, fait près de 5.000 morts."

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Qui sont les commanditaires de ces violences ?

Officiellement, les noms de personnes soupçonnées d'entretenir le conflit à des fins politiques et économiques ont été transmis aux autorités gouvernementales par le cardinal Fridolin Ambongo.

Celui-ci a remis la synthèse du rapport de sa mission au Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde.

Pour l'instant, aucun responsable politique n'a été inquiété alors que plusieurs témoins joints par la DW dans le Mai-Ndombe, affirment que la situation sécuritaire est très inquiétante, comme l'explique cette habitante jointe à Kengue :

"Nous avons vécu des choses très dures ici à Kengue mais jusque-là nous n'avons vu aucune intervention, nous avons beaucoup de regrets à propos de ce manque d'intérêt. Nous n'avons vu personne. Et depuis le 12 mai, il n'y a eu aucune intervention. Il n'y a aucune aide. Nous ne savons pas qui sont les personnes derrière ces tueries, ce sont des choses qui relèvent de la politique, je ne sais pas qui est derrière. Je ne peux dénoncer personne, vu que je ne sais pas qui est derrière."

D'autres témoignages ont également confié à la DW l'absence totale des forces de sécurités qui auraient quitté les zones touchées par les affrontements communautaires où les écoles et les centres de santé restent fermés.

"Tous les agents sont partis et moi aussi je me prépare à partir. " "Aucune école n'a ouvert ses portes car l'insécurité perdure et le gouvernement provincial n'a pas les moyens d'intervenir pour des raisons sécuritaires."

Les organisations de défense des droits humains demandent donc aux autorités congolaises de mener des enquêtes pour identifier ceux qui seraient les commanditaires des crimes qui ont fait, selon les évêques, près de 5.000 morts.

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