Le procès dans l'affaire de « viols répétés et menaces de mort » opposant l'ex-masseuse Adji Sarr au maire de Ziguinchor et leader de Pastef, Ousmane Sonko, devant la Chambre criminelle du tribunal hors classe de Dakar reprend ce jour en audience spéciale une semaine après le renvoi d'office décidé par l'ancien président de ladite chambre. Cependant, comme lors de la précédente audience boycottée par le leader de Pastef au nom de sa campagne de désobéissance civile, ce nouveau rendez-vous qui est au centre des débats s'annonce cruciale pour l'ancien candidat arrivé en troisième position à la dernière présidentielle.
Une semaine après le renvoi d'office de sa première audience par son ancien président, la Chambre criminelle du tribunal hors classe de Dakar statuant dans l'affaire de « viols répétés et menaces de mort » opposant l'ex-masseuse Adji Sarr au maire de Ziguinchor et leader de Pastef, Ousmane Sonko, reprend service aujourd'hui en mode audience spéciale. Prévue à la salle 4 du Palais de justice Lat Dior de Dakar, cette audience va opposer 4 parties : le ministère public et la plaignante Adji Sarr contre Ousmane Sonko et Ndèye Khady Ndiaye, la propriétaire du salon de massage accusée du délit d'incitation au viol et complicité de viol. Après deux ans de débats et de plaidoiries sur la place publique, les différentes parties dans cette affaire qui a déjà provoqué la mort de plus de 17 personnes au Sénégal depuis mars 2021 vont pouvoir enfin s'affronter devant le juge Moustapha Fall, président du Tribunal de grande instance (TGI) hors classe de Dakar, qui a remplacé son collègue, Hippolyte Anquédiche Ndèye.
Pour rappel, lors de leur confrontation dans le bureau du Doyen des juges d'instruction, Oumar Maham Diallo qui a hérité de cette affaire à la suite du rappel à Dieu de son prédécesseur, feu Samba Sall, au mois d'avril 2021 dernier, les deux principales parties à ce procès (Ousmane Sonko et Adji Sarr) avaient adopté une position de refus réciproque de répondre aux questions. S'exprimant à la sortie de cette confrontation devant les journalistes qui faisaient le pied de grue au tribunal, Adji Sarr a dénoncé l'attitude de son présumé violeur qui, selon elle, « a refusé de répondre aux questions » du juge, du procureur et de ses avocats. Prenant la parole lors d'un point de presse tenu le jour suivant ce face-à-face, le leader de Pastef a confié avoir répondu à toutes les interrogations du Doyen des juges qui lui avait juste posé trois questions. Cependant, il a précisé avoir demandé à l'avocat de son accusatrice quand celui-ci a voulu l'interroger, de montrer d'abord les preuves notamment les vidéos que sa cliente dit détenir et qui l'incriminerait dans cette affaire.
Cependant, comme lors de la précédente audience boycottée par le leader de Pastef au nom de sa campagne de désobéissance civile, sa présence ou non à ce nouveau rendez-vous est au centre des débats. Dans un entretien exclusif accordé à nos confrères de WalfTv (privée) diffusé le vendredi 19 mai dernier, Ousmane Sonko qui s'est retiré depuis quelques jours dans sa commune de Ziguinchor avait conditionné sa présence au tribunal au respect d'un certain nombre de conditions sécuritaires. En cas d'absence, ses avocats qui ne cessent de clamer haut et fort le caractère vide de ce dossier « extrêmement volumineux : 471 pages avec des photos et des audios, des vidéos (sur les différentes sorties de la plaignante) se verront privés de parole, lors de cette audience.
Seule la défense de la propriétaire du salon de massage, Ndeye Khady Ndiaye, fera alors face à l'accusatrice du leader de Pastef et le représentant du parquet lors de cette audience qui s'annonce pourtant cruciale pour le leader de Pastef qui risque tout simplement un jugement par contumace avec toutes les conséquences que ce jugement implique. Car, même si les autorités ne semblent plus privilégier la contrainte par corps pour obliger Ousmane Sonko à être présent dans la salle telle que prévue par l'article 138 du Code de procédure pénale, elles n'hésiteraient pas, en cas de sa condamnation même avec la plus petite des peines, à affaire appliquer la loi, notamment le Code électoral dans toute sa rigueur.