10 milliards de F CFA ! C'est le montant de la cagnotte que le gouvernement de la Transition a consenti pour l'indemnisation des victimes et ayants droit de victimes des différentes crises socio-politiques qu'a connues le Burkina Faso.
Cornaqué par le ministère de la Solidarité et de l'action humanitaire, un comité interministériel a été mis sur pied et installé le 16 mai dernier en marge de la Journée internationale du vivre-ensemble en paix (JIVEP) pour « analyser tous les dossiers des victimes éligibles à l'indemnisation, appliquer les résultats découlant des simulations faites par le Haut conseil pour la réconciliation et l'unité nationale (HCRUN) lors du traitement et de l'évaluation des dossiers des autres victimes, échanger avec certaines victimes afin de s'accorder sur de nouvelles propositions pour le paiement des dossiers faisant objet de griefs, faire des propositions de paiement pour les dossiers enregistrés au HCRUN après le dépôt de son rapport général au ministère de la Réconciliation nationale ».
En attendant de voir les résultats des travaux de ce comité dont on devine aisément toute la délicatesse, l'on ne peut que saluer cette mesure gouvernementale qui, à plus d'un titre, est salutaire. En effet, l'indemnisation des victimes des violences des crises socio-politiques, en plus d'aider à panser les plaies au sens propre comme au sens figuré (certaines victimes portent encore des balles dans leur corps) des Burkinabè affectés, vise essentiellement à créer les conditions favorables à une véritable réconciliation nationale et à un meilleur vivre-ensemble.
Il faut accompagner cette indemnisation de mesures fortes visant à prévenir les violences socio-politiques
Au regard du contexte national particulier que traverse le Burkina, l'unité de tous les fils et de toutes les filles de la Nation, est plus nécessaire que jamais pour faire face à l'ennemi commun qui endeuille quotidiennement les familles. Il faut donc espérer et souhaiter que les membres du comité fassent un travail propre, qui ne vienne pas jeter de l'huile sur le feu mais qui, bien au contraire, exorcisera pour de bon le tissu social burkinabè de tous les démons qui le hantent depuis que la violence en politique a pris corps dans notre société. Cela dit, il ne sert à rien d'indemniser les victimes des différentes crises socio-politiques qu'a connues le Burkina Faso, si des mesures idoines ne sont pas prises pour éviter le retour de pareilles situations.
Ce serait tenter de remplir le tonneau des Danaïdes. C'est pourquoi il faut accompagner cette indemnisation de mesures fortes visant à prévenir les violences socio-politiques et cela passe non seulement par une nécessaire catharsis sociale, mais aussi par une redéfinition du contrat social qui fonde le vivre-ensemble des Burkinabè. Même si cela est plus difficile à dire qu'à faire, c'est à cette tâche herculéenne que l'Exécutif de la Transition qui a déjà fort à faire pour reconquérir le territoire national, doit se mesurer pour laisser aux Burkinabè une nation de paix et d'harmonie.
Par ailleurs, même si cela peut paraitre précoce, en même temps que l'on panse les blessures des victimes des violences socio-politiques, il faut déjà aussi envisager l'indemnisation des victimes des violences terroristes. L'on éviterait ainsi de faire du deux poids, deux mesures. Mais ce serait une bien juste mesure d'inclusion sociale et économique qui permettrait à la Nation de repartir sur de bons rails au sortir de la crise sécuritaire.