Congo-Kinshasa: RDC - A Lubumbashi aussi, la traditionnelle dot réclamée dans le cadre d'un mariage est décriée

En République démocratique du Congo (RDC), un projet de loi sur la dot a relancé le débat sur cette pratique qui consiste pour la famille d'une future mariée à réclamer des biens, en nature et/ou en espèces, à celle du futur époux. Lubumbashi, dans le sud du pays, n'échappe pas à cette tradition parfois décriée.

Depuis près de dix jours, la question de la fixation de la dot fait débat en République démocratique du Congo (RDC). Aujourd'hui, la famille de la future mariée demande au futur époux non seulement des biens en nature mais elle fixe également un montant à payer en espèces, souvent en dollars (USD).

Le montant de la dot est parfois très élevé : il peut aller jusqu'à 5 000 USD, selon que l'on se trouve en ville ou en milieu rural ou que la fille est instruite ou non.

« On commence à demander des postes de télévision, des ordinateurs, des iPhone »

Dans une cérémonie de remise de dot, la famille du futur époux remet ainsi à la belle-famille d'abord des biens en nature : une douzaine de casseroles, deux chèvres, deux pagnes qualité super Wax, un costume, des caisses de bières.

Duc Mbuyi, qui a accompagné son cousin, le futur marié, explique : « Hormis tous les biens, nous avons versé 1 500 dollars. C'est trop ! La belle-famille a demandé. Qu'est-ce que vous voulez ? On pense que par moment, quand on aime, on ferme les yeux. »

Demester Maloba se marie en juin. Il a déjà versé la dot de 2 000 dollars et des biens. « Dans notre tribu, il y a certaines limites qu'on ne doit pas franchir, comme ce qu'on voit actuellement, souligne-t-il. On commence à demander des postes de télévision, des ordinateurs, des iPhone ».

Aujourd'hui, trouver une épouse en RDC coûte parfois les yeux de la tête. Un montant que Monique Nganza, mère de famille, essaie de justifier : « Élever les enfants, c'est dur.

Les faire soigner, les faire étudier, c'est trop de dépenses. Je ne peux pas accepter de fixer une dot dérisoire pour ma fille. D'autres parents, eux, privilégient une dot plus symbolique. »

« Une épouse n'est pas une marchandise qui nécessite un prix à fixer »

Pour Aimée Manyong, présidente de la Dynamique des femmes de la société civile à Lubumbashi, fixer le prix de la dot ressemble à de l'esclavagisme moderne. « Une femme, une épouse n'est pas un bien, n'est pas une marchandise qui nécessite un prix à fixer, s'insurge-t-elle.

Et qui peut fixer le prix d'un être humain, quels que soient les types de relations ? Parce qu'on parle de "verser la dot", c'est symbolique. C'est juste un signe d'engagement, c'est une responsabilité qu'un homme prend vis-à-vis de la famille de l'autre ».

Aimée Manyong conclut : « Dans notre pays, chaque contrée a sa manière de fixer la dot. Et vous savez, peu importe ce qu'on peut fixer. Ceux qui se plaignent, c'est peut-être parce qu'ils n'ont pas de moyens. Mais ceux qui ont plus, ils donnent même au-delà de ce qu'on leur a fixé comme dot.

Et donc nous ne pouvons pas dire aujourd'hui que, voilà, ce que pourrait être le mécanisme pour fixer la dot, des références, des indicateurs. C'est symbolique et c'est un sujet qui devrait être laissé à l'appréciation des familles, à l'appréciation des conjoints, parce qu'un être humain n'a pas de prix. »

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