Afrique: Les souffrances du Soudan sont « déshumanisantes », dénonce un expert de l'ONU

Des personnes fuyant le conflit au Soudan attendent dans une gare routière de Khartoum.
23 Mai 2023

Un expert indépendant des Nations Unies a qualifié, mardi, de déshumanisant le niveau de souffrance des civils dans les combats actuels au Soudan, décrivant une situation « horrible, tragique, brutal et totalement inutile ».

« Il s'agit de la destruction d'un pays d'une manière qui déshumanise son peuple », a déclaré dans un communiqué, Radhouane Nouicer, qui a été nommé à la fin de l'année dernière par le Haut-Commissaire aux droits de l'homme Volker Türk à la demande du Conseil des droits de l'homme de l'ONU pour documenter et signaler les violations des droits de l'homme commises au Soudan depuis le coup d'État du 25 octobre 2021.

Selon l'expert, l'ensemble des droits de l'homme - économiques, sociaux et culturels autant que civils et politiques - sont violés, et les deux parties ont singulièrement manqué à leurs obligations en vertu du droit international humanitaire. « Ce qui se passe est aussi grave que tout ce que j'ai vu dans les zones de conflit au cours de ma longue carrière ».

Plus de 850 civils ont été tués, plus de 3.500 blessés et des centaines de milliers de personnes ont été déplacées au cours des cinq semaines qui se sont écoulées depuis le début des combats.

« Les gens se sentent seuls et abandonnés dans un contexte de pénurie chronique de nourriture et d'eau potable, de maisons détruites, d'attaques aveugles dans les zones résidentielles et de pillages généralisés. Le pays tout entier est pris en otage », a affirmé M. Nouicer.

Nombre croissant d'allégations de viols commis par des hommes en uniforme

L'expert, dont le mandat a été récemment élargi par le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies lors d'une session extraordinaire afin de couvrir les violations découlant directement du conflit actuel, a tenu au cours des trois dernières semaines des réunions hebdomadaires à distance avec des représentants de la société civile se trouvant toujours au Soudan et d'autres ayant fui vers les pays voisins. Il a entendu des récits déchirants de médecins souffrant de la faim dans les hôpitaux alors qu'ils tentent de soigner les patients, sans médicaments appropriés ou même sans carburant pour alimenter les équipements médicaux.

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Ces récits ont fait état de déplacements de civils, de pillages de maisons par les combattants, de membres de familles séparés, de personnes abattues alors qu'elles tentent de fuir, et de chaos aux frontières. Il a également été informé de corps abandonnés dans les rues pendant des jours, les proches craignant d'être abattus s'ils tentent de les récupérer.

D'autres témoignages font état d'un « nombre croissant d'allégations de viols et d'autres formes de violence sexuelle commis par des hommes en uniforme ». M. Nouicer a donc rappelé aux parties l'obligation qui leur incombe, en vertu du droit international humanitaire et du droit international des droits de l'homme, de protéger les civils des effets des hostilités.

L'expert a également souligné l'importance de mettre fin à l'impunité et de veiller à ce que les auteurs de violations des droits humains répondent de leurs actes. Il a appelé les parties à respecter et à faire respecter le cessez-le-feu conclu le 20 mai, de manière effective et significative, à faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire et à se conformer pleinement au droit international humanitaire et au droit international des droits de l'homme.

NOTE

Les Rapporteurs spéciaux et Experts indépendants font partie de ce que l'on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme. Les procédures spéciales, le plus grand corps d'experts indépendants du système des droits de l'homme des Nations Unies, est le nom général donné aux mécanismes indépendants d'établissement des faits et de suivi du Conseil qui traitent soit de situations spécifiques à des pays, soit de questions thématiques dans toutes les régions du monde.

Les experts des procédures spéciales travaillent sur une base volontaire; ils ne font pas partie du personnel de l'ONU et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et siègent à titre individuel.

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