Sénégal: Décès lors des manifestations politiques - Position divergente entre l'Etat et les citoyens

Ces derniers temps, les manifestations politiques s'accompagnent de pertes en vies humaines. Leurs causes ne font pas l'unanimité. L'autorité étatique parle souvent d'accidents, alors que les familles des victimes et les organisations de la société civile, incriminent les forces de l'ordre et de sécurité.

Il est assez récurrent que des Sénégalais perdent la vie lors de manifestations politiques. Le constat qui se dégage principalement est que, les motifs du décès ne sont pas toujours les mêmes dépendant de la position.

L'Etat a tendance de justifier par des circonstances qui n'incombent pas à ses forces chargées de maintenir l'ordre. Du côté de la population, principalement les familles des victimes, la cause est toujours un usage excessif de la force publique.

La société civile défend aussi la même thèse. Mardi, 16 mai 2023, les événements de Dakar qui ont découlé des manifestations de Ziguinchor suite à l'enrôlement de l'affaire Sweet Beauty par la chambre criminelle du tribunal de Grande instance hors classe de Dakar, ont abouti à la perte d'une vie humaine, Pape Amadou Keïta. Agé d'une quinzaine d'années, il est mort dans des circonstances non encore élucidées.

Le communiqué du ministère de l'Intérieur et de la sécurité publique qui fait suite au drame, évoque une mort par arme blanche. Les conclusions de l'autopsie sont autres. La mort est causée par un projectile. Un véritable camouflet.

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«Le trajet passe par le corps du sternum, la base du coeur, le poumon gauche avec une orifice de sortie postérieure, à hauteur de la 7e côte gauche, consécutive à un projectile ayant complètement traversé».

Constatant ce résultat qui est contraire à la position officielle, la famille de la victime a décidé de porter plainte. La famille de la petite Adja Diallo continue elle aussi, à contredire la version du département dirigé par Antoine Félix Abdoulaye Diome. L'hélice d'une pirogue n'est pas à l'origine du drame mais est une faute de la répression. Ngor menace de saisir la justice.

La longue attente de la famille d'Idrissa Goudiaby avant de pouvoir enterrer son défunt fils, à cause de l'expertise médicale, démontre à suffisance qu'elle n'avait pas foi aux arguments livrés par les autorités.

Les manifestations de mars 2021 avec son corolaire de morts avaient suscité une vague d'indignation. L'usage excessif de la force publique serait la cause de la quatorzaine de décès selon les défenseurs des droits de l'homme et les familles qui ont à plusieurs reprises exigé des enquêtes.

L'engagement ferme de l'Etat de situer les responsabilités est toujours une attente qui perdure. La pratique semble s'enliser, car datant d'avant l'arrivée du régime actuel. Les conditions de décès de l'étudiant Mamadou Diop en 2011 ne sont toujours pas connues. Heurté par le dragon de police selon les témoins, une enquête n'a jamais établi la responsabilité policière.

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