Kevin Jordan
Jeudi 18 mai 2023, le bureau de la MONUSCO Goma a organisé une journée portes ouvertes à la base du bataillon indien à Saké, située à une vingtaine de kilomètres de la ville de Goma, au Nord-Kivu.
Une centaine de participants y ont pris part, étant principalement issus des organisations de la société civile, des agents et officiers de la Police Nationale Congolaise (PNC) et des Forces Armées de la République démocratique du Congo (FARDC).
La MONUSCO a édifié ses partenaires sur les priorités de son mandat repris dans la résolution 2666 de décembre 2022. Les questions de la protection des civils, celles de l'appui au processus électoral, ainsi que celles de l'appui à de la MONUSCO aux forces de sécurité de la RdC ainsi que la brûlante question de l'élimination de la menace des groupes armés dans la région ont été passées en revu.
La cheffe de bureau de la MONUSCO/Goma qui a aussi fait le déplacement vers la localité de Saké a rappelé la détermination de la Mission à répondre aux préoccupations de la population congolaise, notamment autour de la crise du M23 dans la partie est du pays.
Leila Bourhil a également fait référence aux multiples efforts de la Mission pour arriver à bout de cette crise tant décriée en épinglant, entre autres, le travail de terrain accompli par les composantes civiles et militaires de la Mission.
Dialoguer pour restaurer la confiance mutuelle
Madame Bourhil a aussi sensibilisé l'auditoire aux effets néfastes de la désinformation, de la mésinformation et des rumeurs distillées à travers les réseaux sociaux. Elle a déploré le fait que « ces fléaux ont entamé la confiance du peuple congolais envers la MONUSCO ».
Et de poursuivre en ces termes : « Il y a eu une campagne de désinformation, de mésinformation et de fausses rumeurs qui a créé une rupture de la confiance que la MONUSCO et la population partageaient.
Il est important que nous reconstruisions cette confiance, et pour cela, nous devons mieux nous engager et mieux communiquer. Des initiatives telles que cette journée portes ouvertes cherchent davantage les lignes de communication franche entre la MONUSCO et le peuple congolais ».
Laila Bourhil a rappelé que l'un des objectifs de la journée portes ouvertes était d'ouvrir un dialogue d'une part entre la population et la MONUSCO et vice-versa. Elle a insisté sur le fait que le dialogue entre la MONUSCO et le peuple congolais doit être basé sur des faits, et non sur des rumeurs ou des manipulations. « Ceci permettra de rétablir et reconstruire la confiance mutuelle », a-t-elle précisé.
Lors de cette journée, plusieurs présentations ont été faites pour mettre en exergue les différentes initiatives pour le rétablissement de la paix que la MONUSCO entreprend déjà dans zone.
La Mission a déjà organisé des tables rondes où les dirigeants locaux, les membres de la communauté, les membres de la société civile se réunissent pour discuter des conflits qui affectent négativement la cohésion sociale et comment les limiter à l'avenir.
Elle continue de fournir un soutien multiforme dans son partenariat avec le gouvernement congolais pour aider à améliorer la situation sécuritaire dans la région.
Cela comprend entre autres, la fourniture d'un soutien logistique et opérationnel aux FARDC. La MONUSCO a également réhabilité ou construit plusieurs bâtiments dans la région du Petit Nord en appui à l'administration gouvernementale.
Le général de division Clément Bitangalo, commandant de l'opération SUKOLA 2, a axé son intervention sur la valeur ajoutée et l'importance du dialogue et la collaboration entre les FARDC et la MONUSCO.
A l'instar de la cheffe de bureau de la MONUSCO Goma, le général Bitangalo a lui aussi indiqué que la désinformation et mésinformation ont joué un rôle important dans la détérioration ou la rupture de la confiance mutuelle entre la population et la Mission.
Parlant de son exemple, parce qu'ayant été témoin d'une situation similaire alors qu'il travaillait comme soldat de la paix dans un autre pays membre de l'ONU, il a exhorté la population à se méfier de la désinformation et de la mésinformation, tout en lançant un élan de solidarité aux casques bleus de la MONUSCO. « J'encourage les casques bleus, qui font beaucoup pour rétablir la paix en RDC, à poursuivre leur mission ».
Elan de solidarité pour les Casques bleus
Monsieur Bitangalo Bulime a saisi cette opportunité pour sensibiliser la population à apprécier le travail des soldats de la paix : « Nous travaillons dans un environnement difficile. Parfois, il y a des malentendus.
Je veux que les gens évitent de consommer et de diffuser de fausses informations qui ne font qu'empirer la situation. Quand vous attaquez l'ONU, cela n'aide pas. La MONUSCO c'est notre mission, elle est là pour restaurer la paix en RDC. Nous devons tous travailler ensemble vers cet objectif », a-t-il conclu.
Séance tenante, les militaires de la Force ont projeté des vidéos expliquant les activités entreprises sur le terrain pour la mise en oeuvre du pilier protection des civils, des programmes communautaires à petite échelle qui profitent aux bénéficiaires locaux et de leur partenariat avec les FARDC pour aider à améliorer la situation sécuritaire.
Pour leur part, Jean-Claude Bahati Muhindo de la section DDR et Kingnide Julien Olihide de la section des Affaires politiques sont revenus sur la question de la protection des civils.
Ils ont rappelé que la protection des civils revient prioritairement et de façon régalienne au gouvernement de la République et que la MONUSCO vient en appui et ne se substitue pas à l'Etat congolais.
La MONUSCO a aussi parlé d'autres tâches prioritaires de son mandat qui comprennent la stabilisation et le renforcement des institutions gouvernementales, le désarmement, la démobilisation, le rapatriement ou la réinsertion des ex-combattants, la surveillance des violations des droits humains et le soutien aux prochaines élections.
Cette journée portes ouvertes s'est terminée par un débat constructif au cours duquel les participants ont posé des questions et exprimé leurs préoccupations aux dirigeants de la MONUSCO, civils et militaires, ainsi qu'aux FARDC. Dans l'ensemble, les participants ont salué l'organisation de cette journée qui a permis de lever l'équivoque sur certains malentendus favorisés par les « fakes news ».
Au cours des débats, une participante a soutenu que « entendre parler de la désinformation et de la façon dont elle est utilisée m'a aidé à changer ce que je pense de la MONUSCO.
Avant, je recevais de nombreux messages WhatsApp ne parlant que des mauvaises choses. Maintenant, je comprends que c'étaient des mensonges. J'espère qu'il y aura d'autres événements comme celui-ci, afin que les gens puissent mieux cerner les réalités et éviter de se faire manipuler ».