Afrique: Farhad Aumeer - «Le speaker doit nous parler avec respect au lieu de crier»

Vous avez toujours évité les polémiques et accrochages au Parlement, mais mardi dernier vous avez tenu tête au speaker et à Kenny Dhunoo. Qu'est-ce qui vous a pris ?

Il faut bien mettre les choses dans leur contexte. J'ai toujours eu du respect pour la chair (NdlR, la présidence de l'Assemblée nationale). Quand mes collègues de l'opposition restaient assis à l'arrivée de Sooroojdev Phokeer, moi j'étais debout. J'ai dû par la suite ajuster ma position par rapport à mes collègues.

Mon agacement est que je n'ai pas l'occasion de poser de questions supplémentaires, comme les règlements me le permettent, surtout quand il s'agit de dossiers brûlants ou de ceux que je maîtrise. Quelquefois, je fais tout pour attirer l'attention, mais je n'ai pas la parole. Sinon, on m'interrompt.

Par exemple, j'avais une question adressée à Maneesh Gobin concernant les terres agricoles accordées à Eco Deer Park Association la semaine dernière. J'avais demandé au ministre s'il est dans la pratique d'effectuer des visites du lieu à des heures tardives. Le ministre était calme et il allait me répondre quand le speaker est intervenu. Il a dit que j'abusais de mon droit de poser des questions.

J'ai gardé mon calme. J'avais une question sur l'asphaltage des routes dans ma circonscription la semaine dernière. Mon collègue et moi, nous avions pris des photos et quand j'ai voulu poser une question pour ensuite donner les clichés au ministre plus tard, il m'a interrompu.

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«Je suis un acteur élu par le peuple et je ne suis pas un nominé politique.»

Le Premier ministre avait bien eu le droit de balancer la photo d'une candidate malheureuse au Parlement récemment. C'est ce qui m'a le plus agacé ; le speaker dit que le temps n'est plus à l'apprentissage, mais à la perfection.

Je n'ai pas à recevoir de leçon de lui. S'il n'est pas d'accord, il doit nous parler avec respect au lieu de crier. D'autres élus peuvent expliquer le contexte de leur question, mais pas quand c'est moi.

Il dit que je transforme le Parlement en cinéma. Si c'est le cas, je suis un acteur élu par le peuple et je ne suis pas un nominé politique. J'ai le droit de faire mon travail pour lequel le peuple m'a élu.

J'ai toujours respecté tout le monde. Il y a l'autre député du gouvernement qui vient me dire d'aller prendre les comprimés de Navin Ramgoolam. Le speaker n'a rien dit rien pour cette déclaration. Ce sont des choses qui m'ont vraiment agacé.

Vous agaciez vos collègues quand autrefois vous vous mettiez debout à son arrivée, contrairement aux autres élus de l'opposition. Qu'est-ce qui s'est passé ?

D'abord, il n'y avait pas de coordination entre partis de l'opposition. J'étais aussi nouveau. Par la suite, les choses ont changé. Mes collègues m'ont donné des informations sur ses agissements. C'est à partir de là que j'ai compris que je devais m'asseoir.

D'ailleurs, je crois qu'après cette interview, je serai sanctionné mardi (NdlR, aujourd'hui) par un ruling à mon égard. Je prends mes responsabilités. J'ai toujours été calme. Je n'ai jamais eu d'accrochage avec aucun membre de l'Assemblée nationale avant.

J'avais écrit une lettre, avec des preuves, à la Chambre après qu'un parlementaire avait fait de fausses allégations au Parlement. J'avais demandé de rectifier le Hansard, mais rien est arrivé. Bon, c'est du passé.

Vous dites que des informations vous sont parvenues. Cela concerne des choses du Parlement ou autres ?

Mes collègues m'ont dit ce qu'ils avaient à me dire. Le public dit aussi beaucoup de choses. Je garde le dossier ouvert.

Comment se passeront les prochaines séances parlementaires ?

Je poserai mes questions selon les règlements. Je ne crois pas que je sois sur un mauvais chemin.

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