Afrique: Un rapport historique trace la voie pour mettre les économies au service de la santé pour tous

Discours du Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus lors de la 76ème Assemblée mondiale de la santé à Genève
communiqué de presse

Dans un rapport d'un genre totalement inédit (en anglais), le Conseil de l'OMS sur l'économie de la santé pour tous fait une proposition audacieuse en dessinant une nouvelle voie pour mettre les économies au service de ce qui compte : la santé pour tous.

Créé par le Directeur général de l'OMS, le Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus, en novembre 2020 en réponse à la pandémie de COVID-19, et présidé par la professeure Mariana Mazzucato, le Conseil a passé ces deux dernières années à repenser l'économie du point de vue de la santé pour tous et à promouvoir énergiquement le principe selon lequel nos systèmes et nos politiques sanitaires et socioéconomiques doivent être conçus en ayant pour premier souci la santé des êtres humains et de la planète.

Le Conseil présente un nouveau discours audacieux fondé sur une nouvelle sagesse économique pour réorienter les économies dans le sens de la santé pour tous selon quatre axes interdépendants :

  • Valeur - valoriser et mesurer ce qui compte grâce à de nouveaux indices économiques ;
  • Finances - comment financer la santé pour tous en la considérant comme un investissement à long terme et non comme un coût à court terme ;
  • Innovation - comment faire progresser l'innovation en santé pour le bien commun ;
  • Capacité - comment renforcer la capacité dynamique du secteur public à instaurer la santé pour tous.

« Il y a deux ans, j'ai demandé à une équipe d'économistes et d'experts en santé publique de renommée mondiale - toutes des femmes - de créer une révolution conceptuelle. Aujourd'hui, pour ne plus que la santé pour tous soit considérée comme devant servir la croissance économique, nous avons une feuille de route pour structurer l'activité économique de façon à atteindre plus vite et avec de meilleurs résultats l'objectif de l'accès universel aux services de santé essentiels », a déclaré le Dr. Tedros.

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« Au cours des deux dernières années, le Conseil de l'OMS sur l'économie de la santé pour tous s'est employé à mettre au point un nouveau discours économique, qui fasse du financement de la santé non plus une dépense mais un investissement », a déclaré la Présidente du Conseil, la professeure Mariana Mazzucato. « Nous avons étudié les changements nécessaires - y compris la structure des brevets, les partenariats public-privé et les budgets - pour concevoir une économie garante de la santé pour tous. Dans notre rapport final, nous appelons à adopter une nouvelle politique économique qui ne consiste pas à pallier les défauts du marché, mais à modeler les marchés de manière dynamique et collaborative pour qu'ils donnent la priorité à la santé de l'homme et de la planète. »

Publié aujourd'hui à l'occasion de la Soixante-Seizième Assemblée mondiale de la Santé sous le titre Health for All: Transforming economies to deliver what matters, le rapport définit un nouveau cadre fondé sur les quatre piliers indiqués plus haut en s'inspirant des travaux antérieurs du Conseil et fait des recommandations précises pour chacun d'eux.

Les principales recommandations sont les suivantes :

  • Il convient de valoriser et de mesurer ce qui compte vraiment - la prospérité des êtres humains et de la planète - plutôt que de rechercher la croissance économique et la maximisation du PIB, quelles qu'en soient les conséquences. Pour instaurer la santé pour tous, les gouvernements doivent repenser ce qu'il faut valoriser, et remodeler et réorienter l'économie en fonction du bien-être social et planétaire, en s'aidant de nouveaux indices.
  • Une refonte fondamentale des systèmes nationaux et internationaux de financement de la santé est nécessaire, afin que les dépenses de santé soient considérées comme un investissement à long terme. Instaurer la santé pour tous nécessitera à la fois plus d'argent et un financement de meilleure qualité.
  • L'innovation nécessite une intelligence collective : elle n'est jamais le fruit d'une seule entreprise ou d'un seul organisme public. Mais si l'innovation n'est pas régie par le principe du bien commun, de nombreuses personnes ne profitent pas de ses avantages. Il faut un nouvel écosystème intégral d'innovation dans le domaine de la santé qui fasse du bien commun sa priorité.
  • Comme la pandémie de COVID-19 l'a clairement montré, la qualité et la capacité de l'administration publique sont importantes. Les services étatiques efficaces ne sont pas les plus petits, mais ceux qui sont bien conçus et dotés de ressources suffisantes, tant sur le plan financier que sur celui du personnel et de l'infrastructure. Il est essentiel de réinvestir dans les capacités de l'administration publique pour garantir la santé pour tous.

Le rapport fait également des suggestions sur les changements auxquels on peut procéder dans la pratique pour réorienter les moyens de mesure de la valeur économique, le financement de la santé et l'innovation et pour renforcer les capacités du secteur public au service de la santé pour tous. Le rapport mentionne plusieurs exemples, notamment :

  • le centre technologique de l'ARNm en Afrique du Sud : un système axé sur les valeurs qui cherche à adapter au mieux l'innovation, le financement et les capacités ex ante ;
  • l'investissement public du Brésil dans un complexe sanitaro-industriel qui contribue au bien commun ;
  • les banques régionales de développement en tant que moteurs du changement dans les pays du Sud ;
  • l'Alliance pour l'économie du bien-être : une alliance de plusieurs gouvernements et de plus de 600 organisations qui oeuvrent ensemble pour mettre les systèmes économiques au service de la vie ; et
  • les solutions de financement des plans d'action nationaux contre la résistance aux antimicrobiens qui passent par la budgétisation conjointe multisectorielle, étant donné que la plupart de ces plans ne sont toujours pas financés.

Les recommandations figurant dans le rapport pourraient changer la façon dont les pays conçoivent et financent la santé. L'OMS appelle les décideurs, la société civile et les membres des communautés sanitaire et économique à tenir pleinement compte de ces recommandations et à s'en servir comme d'une boussole pour élaborer de nouvelles politiques et structures économiques qui aident à faire de la santé pour tous une réalité.

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