Sénégal: Expo photos «le corps porteur de symboles... » - Les clichés de Matar Ndour subliment la diversité culturelle du pays

Dans le cadre de la célébration de Journée mondiale de la diversité culturelle, la Place du souvenir africain accueille, jusqu'au 31 mai, l'exposition «Le corps porteur de symboles, le moi en soi» du photographe Matar Ndour. Ce travail mettant l'accent sur les rites et rituelles d'initiation, les cérémonies familiales... explore la diversité culturelle de notre pays.

Depuis bientôt 20 ans, l'ethno-photographe Matar Ndour se déplace jusque dans les confins du pays, son appareil en bandoulière, pour immortaliser, grâce à la magie de la photographie, les rites et rituelles d'initiation des peuples du Sénégal. Ses pérégrinations, inspirées par son attachement à la beauté de l'humanité (culture), sont à l'origine de l'exposition «Le corps porteur de symboles, le moi en soi». Laquelle regroupe des dizaines de photographies et d'installations qui renseignent davantage sur les réalités culturelles locales. Cette exposition, ouverte, samedi 20 mai, à la Place du souvenir africain, dans le cadre de la Journée mondiale de la diversité culturelle, célèbre celle de notre pays.

À travers ses clichés, le photographe Matar Ndour invite à s'interroger sur le côté peu visible de notre culture. Il plonge dans cet univers de mystère et d'ombre qui façonne les peuples d'Afrique. Le dialogue entre mythe, symbole et réalité laisse peu de place au jeu d'interprétation. Derrière la beauté des sujets photographiques se cachent des messages, mais aussi une introspection profonde dont l'objectif est de transcender beaucoup de questions pour faire davantage place à notre humanité.

Chez Matar, l'être humain reste «conditionné par les forces vitales (l'air, l'eau, la terre et le feu)». Et ce sont ces forces que convoquent les rites et rituelles d'initiation autour de la naissance, du mariage, de la mort, mais aussi dans les pratiques divinatoires et thérapeutiques. Par exemple, l'oeuvre «Boukout Assamm-Sam» documente l'invulnérabilité au feu, couteau. Il s'agit d'une leçon de force et de courage. À cela s'ajoute un autre cliché montrant des femmes en mouvement qui portent des «canaris sacrés remplis d'eau en offrande chez la reine de la pluie Kuyito de Tendouck».

En photographiant l'intimité des minorités ethniques du Sénégal, avec la sortie du bois sacré en Casamance, la cérémonie des femmes mariées Bediks («Nianthiourangal» de Ethiouwar de Bandafassi de Kédougou, celle d'initiation Boukout de Niambalang, le «Xoy» du centre Malango de Fatick, le «Humbeumbeul (fête du roi lutteur) à Oussouye... l'ethno-photographe offre une forme de méditation et d'art de vivre sur des pratiques peu connues du grand public.

Patrimoine immatériel inestimable

Dans certains portraits, l'élégance des parures donne une idée sur les modes de vie de ces peuples plus que jamais attachés à leur culture. «Nous sommes dans une société initiatique où tout à son importance : la vêture, la coiffure, les parures», soutient Matar Ndour. Selon lui, tous les objets que «nous mettons sur notre corps ainsi que les couleurs ont une importance symbolique par rapport à notre tradition ou nos rituels». D

ans son obsession permanente de vouloir immortaliser ce patrimoine immatériel d'une valeur inestimable, le photographe ne s'est jamais fixé de limites. Il compte toujours aller à la rencontre de toutes les communautés du pays, «partager leur quotidien et essayer de recueillir des histoires et de les partager» avec la génération actuelle et la postérité. Son travail s'inscrit dans une dynamique de préservation et de valorisation de cette diversité culturelle sénégalaise dans un contexte d'uniformisation continue marqué par l'impact des médias et des Technologies de l'information et de la communication (Tic).

L'exposition «Le corps porteur de symboles, le moi en soi» met aussi le focus sur la Collectivité Lébou de la région de Dakar, avec un grand portrait du Jaraaf Youssou Ndoye de Ouakam, les prêtresses Lébou de Rufisque. Dans cette exposition qui révèle une certaine ressemblance entre les communautés par rapport aux espaces d'offrande, l'ethno-photographe a également ajouté quelques installations en vue de donner plus de vie à ses clichés.

Photographe depuis plus de trois décennies, Matar Ndour a pris cette orientation photographique en 2005, laquelle est principalement axée sur la culture et avec comme objectif le développement de la diversité culturelle sénégalaise. Ce projet de photographie sur l'identité culturelle est fait en collaboration avec son binôme, l'anthropologue Ndukur Kacc Essiluwa Ndao.

L'exposition «Le corps porteur de symboles, le moi en soi» est à découvrir jusqu'au 31 mai à la Place du souvenir africain.

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