Tchad: Toujours en prison, «les oubliés du 20 octobre» lancent une grève de la faim

Des manifestants brûlent des pneus usagés dans un quartier de la capitale, N'Djamena.

Ce sont « les oubliés du 20 octobre » : 18 personnes arrêtées ce jour-là dans la ville de Moundou, chef-lieu de la province du Logone occidental dans le sud du pays, lors de la répression sanglante du 20 octobre 2022, croupissent toujours en prison. Elles ont entamé une grève de la faim lundi 22 mai pour attirer l'attention sur leur cas.

Beaucoup de Tchadiens appellent le « jeudi noir », la répression des manifestations du 20 octobre 2022 contre la prolongation de la transition pour 24 mois supplémentaires et le maintien à sa tête de Mahamat Idriss Déby. Ce 20 octobre, en dépit de l'interdiction des autorités, des marches s'engagent à l'appel de l'opposition dans plusieurs villes.

Si dans certaines, comme Sarh ou Bongor, elles se déroulent sans trop de heurts, elles virent à l'émeute à Ndjamena, Moundou, ou Koumra. La répression a fait 73 morts selon le gouvernement et plus de 300 tués selon la Convention tchadienne pour la défense des droits de l'homme (CTDH).

Des centaines de personnes avaient été arrêtées dans plusieurs villes du pays et ont été jugées, puis graciées en très grande partie, que ce soit à Ndjamena, ou à Doba. Mais à Moundou, les personnes arrêtées sont toujours emprisonnées. Elles ont entamé une grève de la faim ce lundi 22 mai pour attirer l'attention sur leur cas.

Une grève de la faim pour se faire entendre

Après 7 mois de détention préventive sans procès pour certains parmi eux, ces 18 prévenus se considèrent comme « les oubliés du 20 octobre ». Ils ont décidé de se rappeler au bon souvenir des autorités. L'un de leurs avocats, Me Roosevelt Djiro, est allé les voir lundi à la prison de Moundou. « Je confirme cela. Ils m'ont fait savoir qu'ils entament la grève de la faim pour se faire entendre, parce qu'ils estiment que la procédure engagée contre eux a tellement perduré par rapport aux autres manifestants. Les manifestants d'autres localités ont connu leur sort. Des jugements étaient rendus à leur égard et beaucoup sont aussi libérés », explique-t-il.

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Certains, parmi ces 18 détenus, ont été arrêtés pendant les manifestations du « jeudi noir », d'autres à leur domicile dans les jours qui ont suivi et les quatre derniers il y a à peine un mois, selon leur avocat. « Trop c'est trop », disent-ils en demandant qu'on abrège « leur calvaire ».

« Nous lançons un cri d'alarme à l'intention du juge d'institution du Tribunal de grande instance de Moundou, de pouvoir peser de son côté pour que ces manifestants connaissent le sort qui leur est réservé. Et ceux qui n'ont pas commis les faits qui leur sont reprochés, qu'ils soient libérés », poursuit Me Roosevelt Djiro.

Le juge d'instruction près le Tribunal de grande instance de Moundou, Hassaballah Bakhit n'a pas souhaité réagir aux questions de RFI.

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