Le leader d'Ensemble pour la République, Moïse Katumbi, s'est trouvé bloqué mardi 23 mai à Mitendi, bourgade qui donne accès dans la province du Kongo Central. Le chairman de ce parti d'opposition amorçait ainsi le début de sa tournée dans la partie Ouest de la République. Il devait y séjourner pendant une semaine avec sa délégation.
Les jeeps de la police nationale ont barricadé le passage sur la nationale Numéro 1. La circulation sur ce tronçon routier a été momentanément perturbée. L'ancien gouverneur du Katanga s'est dit indigné de ne pas être autorisé d'amorcer sa tournée dans cette partie Ouest de la capitale. Et d'indiquer : «Pour circuler au Congo, on n'a pas besoin des autorités pour une autorisation».
En attendant, les sympathisants d'Ensemble pour la République sont arrivés de tous les coins pour se masser à Mbanza-Ngungu autour du podium érigé pour ce premier meeting de Moïse Katumbi dans le Kongo Central. La police aurait, à cet effet, reçu l'ordre de disperser la population avant de démonter la tribune prévue pour cette manifestation politique.
Entretemps, l'ancien gouverneur du Katanga a regagné Kinshasa dans la soirée avant de s'engager une fois de plus.
Le gouverneur convoqué à Kinshasa
Le gouverneur du Kongo Central, Guy Bandu Ndungidi, a été convoqué d'urgence à Kinshasa. Le Vice -premier ministre, ministre de l'intérieur et sécurité Peter Kazadi demande au gouverneur du Kongo Central, dans un message officiel lui adressé, mardi 23 mai, de rejoindre Kinshasa pour motif de consultation en extrême urgence.
Ce message ne donnant pas plus de détails sur l'urgence porte à croire que cela est lié au programme de la tournée de Moïse Katumbi. Mais avant, l'autorité urbaine a réagi, dans une correspondance, en exigeant au patron d'Ensemble pour la République de reporter ses activités de 48 ou 72 heures à dater de la notification de la présente. Mais également, de limiter ses activités à une seule journée et à un lieu déterminé.
Et pour cause. L'autorité urbaine du Kongo Central évoque notamment, la situation sécuritaire très volatile dans sa juridiction administrative durant ces dernières semaines. Elle fait ainsi allusion aux cas d'infiltration dans le territoire de Madimba des éléments de la milice Mobondo.
En outre, indique-t-on dans ce courrier du gouverneur, le programme Katumbi reste imprécis du fait que son communiqué ne mentionne pas les lieux où devront se tenir les activités avant de parler du timing. Pour le gouverneur du Kongo Central, cela ne facilite pas la mise en place d'un "plan pour garantir le respect de l'ordre public".
Ce déplacement du leader d'Ensemble pour la République intervient dans un contexte tendu après l'usage excessif de la force de la marche du Bloc de l'opposition le samedi 20 mai dernier. En attendant, jeudi 25 mai prochain, il est prévu un sit-in du quatuor de l'opposition constitué de Moïse Katumbi, Martin Fayulu, Delly Sesanga et Matata Ponyo.
Le décor de la marche de samedi 20 mai dernier, semble à nouveau planté avec la présence, d'un côté, de l'opposition et, de l'autre, de la DYPRO, proche de l'Union sacrée qui ont concomitamment demandé de manifester le même jour ; l'un par un sit-in et l'autre par une marche.
La CENI sur le boulevard du 30 juin, est répertorié parmi les lieux publics inviolables dont l'accès est interdit aux manifestants. Comme pour dire, le sit-in à cet endroit ne pourra pas avoir lieu. La répression de samedi dernier a un tout petit peu terni l'image de démocratie en République démocratique du Congo. Le fait d'empêcher Moïse de se rendre au Kongo Central vient enfoncer le clou au profit ce cette opposition.
Le gouvernement doit vite se rattraper afin d'éviter de prêter le flanc à l'opposition qui profite de ces erreurs pour engranger les points. A un peu moins de sept mois des élections, la prudence doit être de mise.