Afrique: ART contemporain - Une «traversée africaine» dans les galeries parisiennes

Le plasticien togolais Clay Apenouvon, dans son atelier à Aubervilliers.

Jusqu'à la fin du mois de mai, une trentaine de galeries d'art à Paris et en Île-de-France proposent une « traversée africaine » qui met à l'honneur les artistes contemporains africains, plasticiens, peintres, sculpteurs, photographes. L'occasion de se pencher sur l'engouement des collectionneurs et du public pour l'art contemporain venu du continent. Un phénomène qualifié d'inédit et de spectaculaire par les professionnels.

Ils se bousculent, curieux, collectionneurs, journalistes dans la galerie Art-Z à Paris, à l'occasion du vernissage d'une exposition rassemblant trois artistes sénégalais. Le galeriste Olivier Sultan est ravi du succès. Depuis quelques années, l'engouement ne se dément pas pour l'art contemporain africain.

« Je pense qu'il y a le rattrapage d'un retard énorme. Assez spectaculaire car on est passé de deux à trois galeries à une vingtaine de galeries en quatre ou cinq ans », estime-t-il.

Poussée créatrice des artistes africains

L'engouement tient surtout à la poussée créatrice des artistes africains et notamment, le « Black portrait », l'auto-représentation, un courant venu des États-Unis. « Je trouve ce phénomène de figuration très intéressant. C'est important qu'il ait lieu, aussi bien dans la photographie que dans la peinture. De voir cette fierté africaine qui se manifeste, derrière le fait de passer de muse un peu exotisée à prendre les pinceaux ou l'appareil photo et se représenter avec sa propre perception de soi », affirme Véronique Rieffel galeriste à Paris.

Collectionneur et public répondent présent. Depuis dix ans, les cotes des artistes s'envolent, les prix aussi. Avec comme effet pervers des productions parfois standardisées et répétitives. Pour durer, il va falloir que l'art contemporain africain évite cet écueil. « Si les artistes trouvent de nouveaux modes d'expression et de nouveaux thèmes, je pense que cela va durer, car ils arriveront à se renouveler. En fait, c'est un peu "la balle est dans leur camp" », estime le galeriste Christophe Person.

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Reste que pour tous, l'art contemporain africain se mondialise et quitte peu à peu le ghetto qu'il occupait autrefois.

« Ne cherchez pas à faire de l'argent plutôt que de l'art », estime le plasticien togolais Clay Apenouvon

L'authenticité, c'est en effet la garantie d'un succès durable. Le plasticien togolais Clay Apenouvon dont on peut voir actuellement les oeuvres à la galerie Véronique Rieffel à Paris, est déjà une valeur sûre de l'art contemporain. C'est aussi un artiste dont la voix porte auprès des plus jeunes. Il n'a qu'un conseil, « soyez vous-même et ne cherchez pas à faire de l'argent plutôt que de l'art ». « Il y a un marché qui pousse la jeune génération des artistes africains à aller chercher dans l'autoportrait, dans la figuration totale, dit-il. S'habiller en Nike avec des grosses montres en or pour s'exprimer, c'est des choix que les gens font pour pouvoir être sur le marché et être vendus à tout le monde. Le plus gros marché pour l'art africain contemporain, c'est en Occident. Pour vendre, il faut faire un travail qui intéresse l'Occident. Quand je regarde tout cela, je me dis : "C'est fou, nous africains, on n'a pas eu la parole, ça fait longtemps que personne nous écoute". Maintenant, quand on a un petit créneau pour s'exprimer, si c'est cela qu'on doit dire, ça me dérange un peu. Maintenant, les gens font les choix qui veulent. Moi, j'ai tout un monde à explorer. Si je suis beau, je dois le savoir, je dois avoir l'assurance que je suis beau. Donc, je n'ai pas besoin de l'exprimer de cette façon-là. »

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