Les dés sont jetés pour les jeux des îles de l'océan Indien édition 2023. Oui, les dés sont jetés mais l'ont-ils été justement ? Les réponses à cette question peuvent être multiples et suivant celui qui tient le micro et à qui on donne la parole. Les techniciens auront leurs avis tout autant que les fédérations et les politiques. C'est une chose.
Par contre, personne ne peut nier que le coeur de toutes les compétitions sportives a été, est et restera toujours l'athlète. Très malheureusement, on les entend très peu surtout ceux qui ont été écartés des JIOI. Entre déception, rage, dépression, désenchantement, on ne sait plus quel vocable prendre pour décrire le sentiment et les ressentiments de ceux mis à l'écart.
Ce n'est pas le nombre de discipline qui compte, mais les bons résultats pour Madagascar dit un responsable. Et l'on se demande si l'esprit et les valeurs même des jeux sont encore préservés. Pour faire simple et pour ne pas tomber dans les grandes théories, nous nous permettons de les résumer en une et seule phrase : « Que le meilleur gagne ! ».
Dans cette expression certes devenue banale, résident de nombreuses sagesses comme le fairplay, l'effort, la reconnaissance de l'autre, le progrès mais surtout la fraternité et le combattant. Pour gagner, il faut déjà avoir la chance de combattre. La notion de combattant est en elle-même une sagesse à part entière. Chaque discipline sportive et art déclinent cette notion du combattant suivant leurs propres définitions.
Dans les disciplines mises de côté, plusieurs arts martiaux notamment le taekwondo et le kickboxing. Loin de nous l'idée de comparer ni juger les différentes disciplines, nous partageons ici quelques réflexions de plusieurs penseurs sur la déclinaison de cette sagesse du « que le meilleur gagne » dans la perspective des arts martiaux.
Quelle est la différence entre un sport et un art ? Un sport est quelque chose que l'on pratique, un art est quelque chose que l'on étudie. De nombreuses personnes arrêtent de faire du sport lorsqu'elles terminent l'école où c'était une matière imposée. Certains se retrouvent avec des amis pendant cinq jours ou participent à des compétitions sportives jusqu'à ce qu'ils se marient et aient des enfants ou jusqu'à ce que les douleurs au genou et au dos se fassent sentir puis ils arrêtent. Par contre, dans un art que l'on étudie l'apprentissage ne s'arrête jamais, même si l'on a de mauvais genoux ou une épaule raide.
Dans le sport, l'objectif est de battre l'adversaire ou l'équipe adverse. Dans les arts martiaux, vous êtes votre propre adversaire et l'objectif est de vous vaincre vous-même, de vous améliorer et de devenir meilleur. L'adversaire vous aide dans votre perfectionnement et vous avez l'obligation d'honorer votre adversaire et vous êtes honorés de vous confronter à un adversaire de taille.
Oui, les arts martiaux notamment ceux à un niveau de compétition comportent un aspect sportif, mais de nombreuses personnes arrêtent la compétition à la quarantaine mais s'entrainent jusqu'à la fin de leurs jours. Si on schématise, les arts martiaux concernent le voyage et de rester sur le chemin. Un grand pas en avant ou un petit pas en avant est toujours un pas en avant sur le chemin. Nous connaissons des revers dans la vie, nous en connaîtrons dans le cheminement en tant que combattant d'arts martiaux mais nous ne quittons pas le chemin. Nous continuons à nous entraîner, nous continuons à apprendre, nous continuons à avancer.
Aussi, que ce soit pour les combattants du taekwondo ou du kickboxing, les jeux des îles n'étaient pas vraiment pour juste gagner des médailles, cela faisait partie du chemin. De plus, chaque combattant sait que tout maître de l'art a été, à un moment ou à un autre, un apprenti. Mais pour passer de maitre à apprenti, nous devons passer les épreuves, apprendre des leçons, s'améliorer, s'honorer et honorer nos adversaires. Ceci est plus important que la finalité de gagner une médaille.
Quantité, qualité, est-ce donc vraiment la question à poser ?