Afrique de l'Est: Samson, 30 ans, exilé Érythréen - «Je vibre à chaque fois qu'un événement concerne mon pays»

interview

L'Érythrée a trente ans ce mercredi 24 mai. Samson Yemane, un jeune érythréen né lui aussi en 1993, a 30 ans. Il vit désormais en Suisse, où il est militant pour les droits humains et exerce aussi des fonctions d'élu municipal dans la ville de Lausanne. Il est représentatif de cette importante diaspora érythréenne qui, coupé de son pays d'origine, l'observe avec amertume, mais optimisme, depuis l'étranger.

RFI : Quel rapport avez-vous avec votre pays d'origine, l'Érythrée ?

Samson Yemane : J'ai quitté l'Érythrée à l'âge de 10 ans. Donc, j'ai quelques souvenirs. Mes parents restent quand même très attachés à notre pays. Moi aussi, ainsi qu'à ma culture. En étant en Suisse, je vibre à chaque fois qu'il y a un événement qui concerne l'Érythrée. C'est tout le problème d'être exilé, c'est qu'on est à la fois à l'extérieur, mais aussi à l'intérieur.

Et ce qui est surtout très frustrant, c'est que je n'ai pas de reconnaissance par le gouvernement de mon pays. Je me sens à la fois évidemment Érythréen par mon origine. Mais lorsque je vois comment est gouverné ce pays, et que ce gouvernement continue à nier mon existence, parce que j'ai des idées politiques qui s'opposent aux siennes, je reste très attristé.

Est-ce que votre engagement politique et associatif est lié précisément à cette étrangeté de votre pays, à cette coupure loin de votre pays natal ?

Oui, effectivement. Mon parcours universitaire, mon travail actuellement, mon engagement politique, tout est lié avec la question migratoire, mais aussi à cet État totalitaire qu'il y a en Érythrée.

Oui, tout est lié et je me rends compte que ma façon de penser est toujours liée à l'Érythrée. L'espoir que j'ai, c'est que si le pays change, d'amener certaines propositions en Érythrée, notamment avec tout le bagage et les connaissances, les savoirs dont j'ai la chance de bénéficier en Suisse.

Vous avez 30 ans aujourd'hui, comme le pays qui vous a vu naître, est-ce que ça vous procure une certaine solidarité avec une génération d'exilés érythréens ? Est-ce que vous avez le sentiment de faire partie d'une même génération ?

Oui, il y a toute une diaspora érythréenne très présente en Europe et notamment aux États-Unis, des jeunes qui sont militants, qui sont activistes, qui sont intellectuels, qui sont curieux en pour qu'il y ait un vrai changement en Érythrée. Il y a une vraie solidarité entre nous.

Après, il y a une jolie phrase que moi, j'adore. Elle dit que le pouvoir a certes le pouvoir, mais nous, on a le temps. Certes, on est jeunes. On espère qu'avec le temps la situation va changer et j'espère que notre solidarité avec la diaspora érythréenne va porter ses fruits un jour.

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