A sept mois des élections, la tension monte dans les différents états-majors politiques. La marche de l'opposition du samedi 20 mai dernier fait encore jaser. Les partis politiques évaluent. Entretemps, l'opposition a programmé un sit-in le jeudi 25 mai prochain. Coïncidence, c'est à cette même date que la Dynamique progressiste révolutionnaire (DYPRO) de Constant Mutamba, proche de l'Union sacrée, va descendre dans la rue. Une marche pour dire non au glissement du calendrier électoral et non à la recomposition de la CENI. Une fois encore, le gouverneur de la ville devra faire face à deux manifestations opposées.
En attendant, l'Eglise catholique est montée au créneau pour condamner la répression de cette marche de samedi dernier. Dans un communiqué de presse publié lundi 22 mai après avoir recouru au rapport tiré du monitoring de son équipe déployée sur les lieux, Mgr Donatien Nshole, secrétaire général de la CENCO se dit écoeurée de constater que beaucoup de manifestants ont marché avec les armes blanches (machettes, bâtons, pierres...) au vu et au su de la Police sans être interpellés.
A travers sa Commission Justice et Paix, les moniteurs déployés pour suivre cette manifestation notent aussi que certains éléments de la Police nationale étaient porteurs des mêmes outils de violence qu'ils échangeaient visiblement avec des individus en tenue civile, dont certains portaient le dorsal B.S.U ou Brigade Spéciale de l'UDPS, Force du progrès. Avec une telle complicité affichée publiquement, on se demande si cette Brigade Spéciale n'est pas une milice officiellement entretenue.
Et de poursuivre : «Le comble de tout c'est la répression ignoble et sauvage que les forces de l'ordre et leur milice complice ont infligée aux manifestants y compris aux mineurs trouvés sur leur chemin. Dans la réalisation de leur oeuvre macabre, ils n'ont pas hésité de tirer à balle réelle, visant même le véhicule d'un leader politique».
L'Eglise catholique condamne
La CENCO condamne toutes ces monstruosités ainsi que la violence qui s'en est suivie en ces termes : «La CENCO attend des autorités compétentes des actions concrètes, au-delà des promesses médiatiques d'enquêtes et de justice (auxquelles nous sommes habitués et qui demeurent souvent sans suite), pour mettre hors d'état de nuire toute cette série des malfrats facilement identifiables. Nous avons grandement besoin des forces de l'ordre au front pour sécuriser le Pays et non pour brimer la population dans les villes».
Par ailleurs, elle déplore que le Gouvernement de la ville de Kinshasa a autorisé ces marches le même jour et pratiquement aux mêmes heures. Elle dénonce aussi le fait d'avoir changé verbalement l'itinéraire prévu par l'opposition politique 24 heures avant. Ce qui frise, selon la CENCO, une provocation dans la mesure où ce changement était de nature à perturber la planification des organisateurs.
«La CENCO exhorte le peuple Congolais de ne pas céder à la peur face à la barbarie organisée pour l'intimider. Si rien n'est fait pour garantir ses droits fondamentaux, il devra bientôt exercer son pouvoir pour sanctionner tous les incompétents», conclut le communiqué.