Mali: CPI - Les plaidoiries dans le procès de l'ex-commissaire de la police islamique de Tombouctou

Au lendemain du réquisitoire du procureur dans le procès d'Abdoulaziz Al Hassan, les avocats des victimes et de la défense ont pris la parole à leur tour. Ancien commissaire de la police islamique de Tombouctou, Abdoulaziz Al Hassan doit répondre de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis lors de l'occupation de Tombouctou, en 2012.

Les trois avocats des quelque 2 200 victimes ont parlé de « vérité » et de « reconnaissance ». Leurs clients espèrent que les juges actent enfin leur douleur, 11 ans après les crimes. « Une soif de reconnaissance d'autant plus grande quand l'horreur de ce qu'elles ont vécu est nié », a dit Maître Fidèle Nsita.

Assis derrière ses avocates, vêtu d'une tunique couleur or, Abdoulaziz al Hassan a écouté sans montrer d'émotion, mais en balayant des yeux la salle d'audience.

C'est une plaidoirie en deux temps qu'ont prononcé les avocates d'Abdoulaziz al Hassan. Alors que le procureur affirme qu'il a été un commissaire zélé de la police islamique, Me Melissa Taylor affirme qu'il aurait rejoint Ansar Dine presque sous la contrainte. Une fois le doigt dans l'engrenage, impossible de fuir, a assuré Maître Taylor.

« En juillet, la femme d'Al Hassan aurait donné naissance à leur fille Leïla, rendant pratiquement impossible la traversée de la dangereuse route vers la Mauritanie. Le témoin à charge P582 a témoigné qu'une fois que l'on commence à travailler avec Ansar Dine, quitter le groupe n'est pas une option. P582 était arrivé à Tombouctou à ce moment-là et rejoignait la place islamique. Lorsqu'il a demandé à partir après quelques semaines, il a été informé que l'armée malienne allait l'arrêter. Un court chemin vers la torture et la mort ».

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Il était impossible de quitter Ansar Dine sans prendre de risques, a soutenu sa défense. Et parce qu'en tant que Touareg, il aurait été arrêté par l'armée malienne. C'est la raison pour laquelle Abdoulaziz Al Hassan est donc resté, selon son avocate, qui a aussi dénoncé les tortures qu'il aurait subies des agents de renseignements maliens, après son arrestation en 2017 par la force Barkhane. Elle a demandé aux juges d'invalider les interrogatoires enregistrés à l'époque par les enquêteurs du procureur.

Ce jeudi, la défense doit conclure ses plaidoiries, avant que les juges n'entament leur délibéré.

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