Alors que la crise politique s'est installée, un bras de fer oppose désormais les Forces vives aux autorités de la transition. Pour revenir à la table des discussions qu'elles ont quittées il y a un mois, les Forces vives veulent la satisfaction de plusieurs préalables, dont la levée du contrôle judiciaire visant certains leaders politiques. Le tribunal de Dixinn vient justement de lever le contrôle judiciaire de 9 opposants.
Parmi eux, il y a Fodé Oussou Fofana, le vice-président de l'UFDG ou encore Etienne Soropogui, dirigeant du parti Nos valeurs communes. Des figures de la politique guinéenne dont la liberté a été largement limitée ces 8 derniers mois. Etienne Soropogui avait ainsi l'interdiction de sortir du Grand Conakry sans autorisation du juge, il devait régulièrement faire acte de présence au tribunal. Ce contrôle judiciaire était censé être respecté jusqu'à la fin de l'instruction.
« À travers cette ordonnance de main levée, a réagi Etienne Soropogui, nous venons de mettre un terme, en tout cas pour le moment, à une forme de persécution judiciaire qui a été intelligemment construite pour détruire des leaders pro-démocratie que nous sommes ».
Très remonté, il met en garde certains magistrats. « Ce qui est déplorable, c'est que la justice se laisse instrumentaliser en livrant poings et pieds liés aux putschistes. En tout les cas tout le monde doit comprendre que tôt ou tard ceux qui se livrent à ce genres de transgressions de nos valeurs et assises fondamentales engagent leur responsabilité tôt ou tard devant l'histoire ».
Ces 9 responsables politiques sont poursuivis pour avoir soutenu des manifestations contre la junte. Plusieurs charges pèsent contre eux : destruction de biens publics et privés, coups et blessures volontaires, entre autres. Aujourd'hui, tous attendent avec impatience leur procès, affirme Maître Salifou Béavogui, l'un des avocats qui les défend. « Nous sommes animés par un sentiment de joie de voir en fin nos clients rétablis dans leur droit finalement reconnu et appliqué. Il faut se réjouir par ce que des libertés qui avaient été confisquées viennent d'être restituées », a-t-il commenté mercredi soir.
La levée de ce contrôle judiciaire fait partie en tout cas des revendications des Forces vives de Guinée (FVG) qui ont posé plusieurs conditions pour renouer le dialogue avec les autorités. Les FVG qui avaient appelé à défiler mercredi dans le Grand Conakry pour défendre la démocratie. Finalement, pas de manifestants dans les rues, mais un impressionnant dispositif sécuritaire visible sur la route Le Prince, avec le déploiement de l'armée.