Rome — L'Église au Ghana a connu une croissance constante en termes de nombre, mais cela pose un défi parce que nous n'avons pas assez d'agents d'évangélisation ", affirme Mgr Matthew Kwasi Gyamfi, Evêque de Sunyani et président de la Conférence épiscopale du Ghana, dans un entretien accordé à l'Agence Fides.
"Nous avons peu de prêtres et nous avons aussi un défi du point de vue linguistique qui rend difficile l'approfondissement de la foi à travers un catéchisme adapté aux personnes ", souligne Mgr Gyamfi. " Au Ghana, il y a beaucoup de sectes d'origine pentecôtiste et évangélique qui sont capables de parler les langues locales. Ainsi, plusieurs fidèles catholiques sont attirés par ces sectes", ajoute-t-il. "Grâce à Dieu, poursuit l'évêque, le problème des langues locales est aujourd'hui au moins partiellement résolu. Historiquement, les missionnaires venus d'Europe, d'Amérique ou d'Asie ne parlaient pas les langues locales.
La plupart des membres du clergé et des ordres religieux sont aujourd'hui ghanéens, de sorte que le problème des langues est moins aigu qu'il y a quelque temps". Les laïcs jouent également un rôle très important, en particulier les catéchistes, présents depuis le début de l'évangélisation aux côtés des missionnaires", souligne le président de la Conférence épiscopale. "Les catéchistes sont les guides des communautés catholiques dans les villages, qui se comptent par centaines, où les prêtres ne peuvent pas assurer une présence constante. Nous avons ainsi une communauté laïque forte et vivante, impliquée dans les différents aspects de la vie ecclésiale".
Sur le plan oecuménique et interreligieux, Mgr Gyamfi déclare : "Nous entretenons des relations très cordiales avec les autres communautés religieuses. Nous organisons des réunions oecuméniques annuelles avec les communautés chrétiennes du Ghana, tant au niveau national que local. Même au niveau des paroisses, le dialogue oecuménique et interreligieux est très courant. En tant qu'évêques catholiques, nous avons entamé un dialogue national avec les musulmans.
"En ce qui concerne les soi-disant sectes, le dialogue reste difficile en raison de leur nombre et de leur diversité", poursuit Mgr Gyamfi. "Si l'on considère l'ensemble des membres des différentes sectes, ils sont plus nombreux que les catholiques. Mais l'Église catholique reste la plus grande confession chrétienne du pays". "À l'exception d'un ou deux cas, ces sectes sont d'origine locale ou, en tout cas, viennent d'autres parties de l'Afrique et non de l'extérieur de notre continent", souligne l'évêque.
Le Ghana est considéré comme l'un des pays africains les plus stables, mais il existe des zones instables où "il y a des conflits qui ne sont pas de nature confessionnelle", souligne Mgr Gyamfi. "Il y a des affrontements entre groupes ethniques et tribus ou des luttes de pouvoir au sein d'un même groupe ethnique", explique l'évêque. "Le conflit le plus préoccupant est celui de la région de Bawku, dans le nord du Ghana", souligne Mgr Gyamfi, faisant référence à l'affrontement entre les populations Mamprusi et Kusasi (voir Fides 6/3/2023). "L'Église est engagée dans la réconciliation entre ces populations. Les Evêques de la région discutent avec les deux parties, créent des comités de paix et de réconciliation pour chercher des solutions au conflit. Le problème n'est pas encore résolu mais nous continuons à persévérer dans nos efforts de médiation", déclare-t-il. "Il ne faut jamais baisser les bras, comme dans le cas du conflit de Yendi, dans le nord du Ghana, où l'évêque local a réussi à trouver une solution après des années d'efforts. Rappelons que cette crise remonte à 2002 et concernait la crise de succession du roi traditionnel Dagbamba (voir Fides 12/6/2007).
Enfin, l'Église catholique est très active dans la protection de l'environnement, dans un pays qui sert de décharge au reste du monde pour les déchets électroniques et vestimentaires. "À la lumière de 'Laudato Sì', nous avons mis en place des centres de recyclage pour les déchets plastiques et électroniques avec Caritas. Mais il y a aussi la pollution de l'eau causée par l'exploitation illégale de l'or (voir Fides 17/11/2022), qui entraîne également une forte déforestation. Nous avons lancé un programme de plantation d'arbres, dont 3 millions rien que l'année dernière", conclut-il.