Rédigé en italien et intitulé « Giù le mani dall'Africa! », le livre du pape François, publié à l'issue de son voyage apostolique en République démocratique du Congo (RDC) et au Soudan du Sud, est préfacé par l'écrivaine nigériane Chimamanda Ngozi Adichie.
La Librairie éditrice vaticane a annoncé, le 22 mai, la publication du livre "Giù le mani dall Africa !" (Retirez vos mains de l'Afrique !), qui condamne l'exploitation continue de l'Afrique par les puissances occidentales. « Retirez vos mains de l'Afrique ! Arrêtez d'étouffer l'Afrique : ce n'est pas une mine à exploiter, ni une terre à piller. Que l'Afrique soit le protagoniste de son propre destin ! », avait notamment déclaré le pape François, lors de son premier discours en RDC.
Le livre est un recueil de discours et homélies du pape François au cours de son récent voyage apostolique en RDC et au Soudan du Sud, effectué du 31 janvier au 5 février derniers. L'ouvrage contient également des témoignages de ceux qui ont rencontré le pape pendant son séjour dans les deux pays. « Un document précieux et important, alliant la voix prophétique de François à des témoignages riches de souffrance et de foi », indique la Librairie éditrice vaticane. « Il s'agit d'un livre précieux car il associe les paroles prophétiques de François aux voix de femmes et d'hommes congolais et sud-soudanais qui révèlent, avec beaucoup de courage et d'humilité, leur parcours de souffrance et de foi, offrant un témoignage rare de la capacité de l'homme à pardonner », souligne, pour sa part, le célèbre média italien « L'Osservatore Romano » , publié par le service officiel d'information du Vatican.
La préface de Chimamanda Ngozi Adichie
La préface, quant à elle, est rédigée par l'écrivaine nigériane, Chimamanda Ngozi Adichie, qui a déclaré que le livre « m'apporte une petite parcelle d'espoir pour le Congo, et pour le continent bien-aimé au coeur brisé que j'appelle chez moi », indique le site Vatican News.
Le site Africa Rivista, pour sa part, note que Chimamanda Ngozi Adichie qualifie la rencontre du pape avec les populations du Congo et du Sud-Soudan d' « hommage à l'importance primordiale des êtres humains ordinaires », ajoutant: « Voici un chef religieux attentif aux moindres détails de la souffrance des gens, au poids et à la valeur des émotions, des sentiments. Voici un chef qui donne l'exemple, exhortant les autres à ne pas perdre leur sens de l'émerveillement face à la rencontre humaine ».
La tragédie congolaise vue par Chimamanda Ngozi Adichie
Selon Vatican News, Chimamanda Ngozi Adichie s'attarde en particulier sur le voyage du pape en RDC, « un pays dont les ressources sont exploitées depuis longtemps, un pays épuisé par le pillage et les conflits, un pays qui a désespérément besoin d'être reconstruit ». La plus grande tragédie de la RDC, dit-elle, « n'est pas les conflits internes mais le silence du monde », qui « témoigne de la dévalorisation continue de l'humanité africaine par un monde qui consomme pourtant avidement les ressources africaines ». Dans ce contexte, poursuit l'écrivaine, la visite du pape François en RDC et ses messages puissants sur place se lisent comme « une réprimande nécessaire » aux nations riches.
Pour Chimamanda Ngozi Adichie, le message du pape n'est pas simplement que le Congo - et, par extension, l'Afrique - est important, mais qu'il l'est pour une seule raison. Non pas pour ses ressources, dont le Nord mondial dépend, non pas par crainte que le continent ne redevienne le théâtre de batailles occidentales par procuration, comme ce fut le cas pendant la guerre froide, mais tout simplement à cause de ses habitants. « L'Afrique compte parce que les Africains comptent », écrit-elle.