La première journée des séances de présentation du rapport d'exécution de la PGE a été tranquille. Les députés ont particulièrement pris des gants vis-à-vis du Premier ministre.
Une séance soft. Ceux qui s'attendaient à une confrontation musclée ou électrique entre Christian Ntsay, Premier ministre, et les députés ont rapidement déchanté. La majorité en a décidé autrement. Le chef du gouvernement a plutôt été ménagé. Comme indiqué à l'ordre du jour de la Chambre basse, la séance de présentation du rapport d'exécution du Programme général de l'État (PGE), par le gouvernement a démarré hier.
À tout seigneur, tout honneur, c'est Christian Ntsay, Premier ministre, qui a démarré la partie. Il s'agit du premier face-à-face entre le locataire de Mahazoarivo et les députés depuis l'épisode de la motion de censure, en décembre. Journalistes et observateurs étaient ainsi aux aguets en prévision d'une éventuelle effusion d'hostilité.
Le scénario a toutefois été aux antipodes des prévisions et des appréhensions basées essentiellement sur le soubresaut politique de décembre. La séance d'hier a été relativement tranquille pour le Premier ministre.
Il a bouclé la présentation de son rapport qui compte vingt-deux pages en une quarantaine de minutes. Contraire- ment aux précédentes séances de présentation du rapport gouvernemental, le chef du gouvernement a été autorisé à quitter l'Assemblée nationale, "pour vaquer à ses autres responsabilités", à l'issue de sa prestation.
Dès l'adoption de l'ordre du jour, jusqu'aux modalités de déroulement de la présentation du rapport gouvernemental, le planning a, visiblement, été favorable à l'Exécutif, surtout au Premier ministre. Déjà, lors de l'adoption de l'ordre du jour, il a été décidé qu'après le chef du gouvernement, chaque ministre présenterait, successivement, le rapport d'activité de son département.
Les membres du gouvernement se succéderont ainsi au pupitre de l'institution de Tsimbazaza jusqu'au 31 mai. Aussi, Christian Ntsay a concentré son rapport sur six grands axes, à savoir, l'administration, la reconstruction, la lutte contre l'inflation, le développement économique, la sécurité et le développement social.
Pour la première journée d'hier, par ailleurs, le ministre de la Défense nationale, celui de la Sécurité publique, le secrétaire d'État à la gendarmerie nationale et la ministre des Affaires étrangères ont pris le relais du locataire de Mahazoarivo pour présenter leur rapport aux députés.
Désintérêt?
À l'entame de la séance d'hier, "la majorité", à l'issue d'un vote à main levée, a décidé que les débats et remarques par les députés ne se feront qu'à la fin des cinq jours impartis pour la présentation du rapport gouvernemental et de chaque ministère. Quelques élus indépendants et de l'opposition se sont insurgés contre cette option.
Bien qu'ils aient brandi la Constitution comme argument, ces derniers n'ont toutefois pas fait le poids face à "la majorité". "En début de chaque première session ordinaire, le gouvernement présente à l'Assemblée nationale un rapport d'exécution de son programme. La présentation sera suivie d'un débat portant sur les résultats des actions du gouvernement et l'évaluation des politiques publiques", dispose la Constitution.
"À quoi bon être présent ici alors nous ne pourrions même pas faire de remarques et ni débattre?", s'insurge la députée Hanitra Razafimanantsoa, élue du premier arrondissement d'Antananarivo. De prime abord, des députés attendaient cette présentation du rapport gouverne- mental, pour en découdre de vive voix avec les membres du gouvernement, surtout le Premier ministre, sur le programme étatique.
Seulement, le vote à main levée en début de séance a également décidé que seuls les présidents des commissions directement concernés et ceux des groupes parlementaires avaient le droit de faire des observations à l'issue de la présentation de Christian Ntsay et des ministres.
Les autres élus devront donc patienter jusqu'à la dernière séance de présentation du rapport gouvernemental, le 31 mai, pour débattre et faire part de leur appréciation des actions de l'Exécutif. Hier, la députée Eléonore Johasy, présidente de la commission évaluation des politiques publiques, a ainsi été la seule à avoir fait des observations sur le rapport présenté par le Premier ministre.
Elle a affirmé ses doutes sur le caractère "mesurable et quantifiable", des actions, des résultats et projets mis en avant par le locataire de Mahazoarivo. Certes, une partie des élus présents, hier, se sont indignés contre les règles du jeu votées en début de séance. Seulement, le peu d'affluence à la séance, fait rare pour une présentation du rapport gouvernemental, amène à s'interroger s'il y aurait un désintérêt de la part des membres de la Chambre basse.
Contrairement aux séances de questions et de réponses entre les députés et le gouvernement, celle d'hier n'a pas été retransmise en direct à la radio et la télévision publique. C'est devant une Assemblée nationale clairsemée que le Premier ministre s'est adressé, hier.
Une scène qui, d'habitude, ne se joue que lorsque les séances traînent jusqu'au petit matin. Ils n'étaient qu'une cinquantaine de députés présents dans la salle des séances au début des interventions d'hier. Il s'agit du tiers de l'effectif total des députés. En fin de journée, il n'en restait plus que moins d'une trentaine.