Cgf Bourse, une des plus anciennes sociétés de gestion et d'intermédiation dans l'espace Uemoa fête cette année, ses 25 ans. Dans cet entretien exclusif au Journal de l'économie sénégalaise (Lejecos), Mme Adama Sall, directrice du Capital humain, revient sur les débuts de cette Sgi, son parcours, ses valeurs et les innovations apportées ces dernières années. Mme Sall jette également un regard sur le style de management des femmes qui occupent de hautes fonctions dans beaucoup de sociétés de la place financière de Dakar.
Mme Adama Sall faut-il le rappeler, capitalise une expérience de plus de 13 ans dans les ressources humaines. Avant de rejoindre le groupe Cgf, Mme Sall a travaillé à Inra à Paris puis à la Smacl Assurances filiale de la Maif. Elle accompagne les salariés et les managers au quotidien.
Mme la directrice, Cgf Bourse, une des plus anciennes sociétés de gestion et d'intermédiation financière (Sgi) dans l'Uemoa va fêter ses 25 années d'existence en 2023. Qu'est ce qui a été, selon vous, à la base de ce modèle de réussite sur le plan national et sous régional ?
Cgf Bourse est comme vous le dites une société de gestion et d'intermédiation communément appelé Sgi, agréée par l'Amf- Umoa pour les métiers liés aux marchés financiers et aux opérations sur le capital des entreprises.
Depuis 25 ans en effet, nous oeuvrons au quotidien avec beaucoup d'humilité. Notre modèle de réussite est axé sur le travail, l'innovation, la réglementation et l'amélioration continue. Notre objectif principal est la satisfaction du client, et pour cela il nous faut maintenir une démarche rigoureuse, un personnel qualifié et engagé et bien entendu une gouvernance solide.
Dès le démarrage, la structure a accompagné les entreprises, les Etats et épargnants tout en respectant les bonnes pratiques.
Les valeurs de Cgf, il faut le rappeler, s'appuient sur l'engagement, la qualité du service client, l'expertise de notre capital humain et la pluridisciplinarité de nos talents. Ceci fait que nous sommes sur différents métiers allant de l'activité de marché, la conservation de titres vifs et d'Opc, la négociation, l'ingénierie financière et le conseil.
Dans sa mission, Cgf est autorisée, à titre exclusif, à exercer les activités de négociateur-compensateur de valeurs mobilières cotées pour le compte de tiers. De quoi s'agit-il exactement pour des non-initiés ?
Notre agrément reçu en avril 1998, nous amenait d'office à faire de la négociation-compensation une priorité, car étant la première activité d'une Sgi. Le placement lié aux émissions de titres sur le marché primaire, en est une autre, qui est le préliminaire entrainant la cotation d'un titre à la Bourse régionale des valeurs mobilières (Brvm) et permettant aux investisseurs de procéder à l'achat et à la vente de leurs titres sur le marché secondaire.
Nous avons plusieurs activités dont le placement lié aux émissions de titres sur le marché primaire. Une fois que ces titres sont cotés sur la Bourse régionale des valeurs mobilières les épargnants peuvent procéder à l'achat et à la vente de ses titres sur le marché secondaire.
Cette activité de négociation sur le marché secondaire est exclusivement exercée par la Sgi. Notre réseau clientèle est local et international, nous avons des due diligences ponctuelles qui attestent de notre conformité autant en supports technologiques qu'en capital humain. L'avènement de la bourse en ligne en 2020 a été précédé de notre stratégie visant à développer une plateforme interactive avec la clientèle depuis 2008. Celle-ci a évolué pour nous permettre d'obtenir notre agrément faisant de Cgf Bourse l'une des premières Sgi à être opérationnelle en fin 2020. A fin 2022, nous sommes classées 2ème sur les 35 Sgi agréées pour les activités de négociation.
Le lien entre épargne et investissement demeure crucial pour le développement économique et financier dans nos pays. Comment la Cgf contribue-t-elle à jouer son rôle d'intermédiaire financier.
Nous oeuvrons en étant convaincue que le cercle vertueux de l'investissement démarre par l'épargne. Cette démarche appelle la nécessité d'améliorer la profondeur des investisseurs sur le marché financier. Les particuliers, institutionnels, sociétés commerciales et industrielles doivent participer davantage à cet effort d'épargne orientée vers l'investissement. Dans notre groupe Cgf, nous avons une Sgi et une Sgo Cgf gestion qui travaille activement dans la mise en place de véhicules d'épargne accessibles au grand public averti comme profane. Ces acteurs sont devenus très actifs dans la collecte de l'épargne et l'investissement à travers notamment les Fonds communs de placement.
Avec le mouvement de digitalisation des services, quels sont les grands changements intervenus dans les processus et le capital humain de Cgf? Quels sont les effets positifs induits ?
La nécessité d'une transformation digitale a été amorcée depuis plus de 5 ans avec plusieurs formations de mises à niveau de nos équipes et l'obligation d'utiliser les outils à cet effet. Nous avons fait appel à plusieurs experts dans le domaine. Nous avons également travaillé sur l'expérience clients en démarrant par l'accompagnement digital de notre front office. Pour exemple, durant la période Covid, nous étions fonctionnels totalement à distance autant pour nos équipes que pour les clients qui le souhaitaient, nous permettant de ne maintenir qu'une équipe front minime en présentiel. La digitalisation a aussi permis l'automatisation de processus, ce qui peut simplifier les activités des collaborateurs et leur permettre de se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée.
Sur la partie recrutement, nous recherchons des profils qualifiés sur les plateformes comme LinkedIn qui nous donne accès à plus d'options de recherche que ça soit au Sénégal ou à l'international. Le profilage est plus simple et il est plus aisé d'avoir une meilleure connaissance du candidat. La collecte des Cvs se fait au quotidien puisque nous recevons un nombre important de Cvs sur l'adresse mail publié à cet effet et notre vivier est ainsi régulièrement alimenté.
L'environnement des marchés est également sujet à des mutations permanentes, à des fluctuations et à une volatilité très forte. Quel est le rôle du capital humain pour les professionnels des marchés (gestionnaires, courtiers, conseillers, etc.) ?
Le monde du travail est en pleine croissance. Le marché financier est impacté par toutes ces mutations et le capital humain est au coeur de l'entreprise. Il est devenu incontournable. Nous avons effectivement travaillé sur la nouvelle réglementation avec des points qui ont nécessité des formations pour une partie des salariés. Les nouveaux textes plus pointus ont été pris en main et nous avons pu atteindre une conformité totale à la nouvelle réglementation avant le délai.
La Place financière de Dakar est caractérisée par l'arrivée de beaucoup de femmes dans le top management. Peut -on parler d'un modèle féminin de management ?
C'est vrai, qu'aujourd'hui, plusieurs institutions financières de la place sont dirigées par des femmes. Elles sont aussi méritantes que les hommes. En effet, les femmes sont de plus en plus diplômées et qualifiées. Elles sont rigoureuses et engagées et leur leadership s'assimile à celui des hommes. Il y a plusieurs styles de management mais qui ne sont pas rattachés au genre, même s'il est avéré que les femmes sont des managers dans l'âme avec une maturité plus précoce.