Au cours d'une réunion interministérielle de plus de 4 heures, hier, le Premier ministre, Amadou Ba, a défini la stratégie du gouvernement pour prévenir et gérer les inondations pour l'hivernage 2023. En attendant, il veut, entre autres exigences, une cartographie des zones inondables en fin juin, au plus tard.
Amadou Ba a affiché une mine souriante, hier, lors de l'ouverture de la réunion du Conseil interministériel consacrée à la prévention et à la gestion des inondations de l'hivernage 2023. Mais, après 4 heures faites de bilan, de doléances, de bons ou mauvais points dans la stratégie, le Premier ministre s'est rendu compte de l'immensité de la tâche pour lutter contre ce phénomène.
Devant les ministres, gouverneurs, chefs de services, directeurs nationaux et généraux, Amadou Ba a sorti de sa besace 14 mesures pour endiguer les inondations. Entouré de Serigne Mbaye Thiam, Ministre de l'Eau et de l'Assainissement et Issakha Diop, Ministre délégué en charge des Inondations, il a ordonné au premier de « finaliser et de rendre disponible la cartographie des zones inondables, au plus tard en fin juin 2023 ».
Ensuite, M. Ba, nommé à la Primature, le 17 septembre 2022, appelle le Ministre de l'Assainissement à prendre les mesures nécessaires pour s'assurer de la finalisation et de la bonne conduite des opérations pré-hivernage (curage de canaux, faucardage de bassins et réceptacles, entretien de lacs et marigots, entretien et maintenance des matériels et équipements de pompage), au plus tard en fin juin 2023. De plus, les Ministres des Transports terrestres, de l'Urbanisme et des Collectivités territoriales, sur instruction du Chef du gouvernement, « veilleront à l'enlèvement régulier des ordures ménagères pour éviter d'impacter les réseaux et ouvrages ainsi qu'au désensablement régulier de la voirie et à la dépose des résidus ».
En outre, les Ministres de l'Intérieur et de l'Assainissement procéderont au recensement exhaustif de tout le matériel de pompage, antérieurement acquis, et devront prévoir un dispositif de ramassage après l'hivernage (le 15 juin 2023 pour le recensement et fin novembre 2023 pour le ramassage du matériel).
Amadou Ba recommande également aux Ministres de l'Intérieur, de l'Assainissement et de l'Urbanisme de « veiller, d'abord, à la préservation des voies et exutoires d'eaux pluviales et ensuite à finaliser le recensement des cas d'occupation des voies naturelles des eaux pluviales et des zones basses à Dakar et à l'étendre aux agglomérations urbaines des autres régions, enfin à assurer un pré-positionnement des motopompes de grande capacité sur les points endémiques déjà identifiés».
Le Premier ministre ordonne au Ministre de l'Énergie d'assurer « l'installation diligente de descentes électriques pour le pompage partout où c'est nécessaire, durant toute la période hivernale ». Dans ce sillage, les Ministres de l'Intérieur, des Infrastructures, de l'Assainissement, de la Santé et de l'Environnement, promet le Premier ministre, accorderont une « attention particulière à tous les points critiques jouant un rôle stratégique sur les plans économique, social, environnemental et de la mobilité urbaine et interurbaine ».
Amadou Ba met à contribution les Ministres de l'Intérieur, des Collectivités territoriales et de la Jeunesse qui « travailleront à développer la culture du risque, en matière d'inondation chez les communautés, à travers un dispositif de mobilisation, de communication, de sensibilisation et d'alerte précoce. Ils accompagneront les Collectivités territoriales dans l'élaboration de plans de contingence ». Des mesures qui seront présentées ce matin en Conseil des ministres, d'après Amadou Ba.
Plus de moyens financiers sollicités pour l'Onas
Pour augmenter le linéaire à curer par l'Office national de l'assainissement (Onas), 600 millions de FCfa sont nécessaires, selon le Ministre de l'Eau et de l'Assainissement. Face au Premier ministre, hier, lors du Conseil interministériel consacré à la prévention et à la gestion des inondations pour l'hivernage 2023, Serigne Mbaye Thiam a aussi ajouté : « Pour plus de mobilité, il faut mobiliser 1 milliard de FCfa pour l'achat de motopompes de grandes capacités et de flexibles ». En réponse à cette interpellation fortement appuyée par le Directeur général de l'Onas, Mamadou Mamour Diallo, le Chef du gouvernement a abondé dans le même sens. « Je voudrais m'adresser au ministère des Finances pour plaider en faveur de l'Onas qui a quelques difficultés pour appuyer et soutenir, dans le contexte actuel, ses projets. À la veille de l'hivernage, je pense qu'il faut qu'on augmente assez rapidement les capacités opérationnelles de l'Onas qui est en train de faire un travail assez important de curage et de suivi de certains travaux. Il faut qu'on libère le budget et qu'on les appuie en crédits additionnels pour permettre à l'Onas d'exécuter sa mission », a tranché Amadou Ba.
Dans la même veine, le Premier ministre a promis que le Ministre des Finances renforcera les moyens financiers des structures opérationnelles comme la Brigade nationale des sapeurs-pompiers, l'Agence nationale de l'aviation civile et de la météorologie, l'Agence de développement municipal et l'Apix. « Il prendra les dispositions appropriées pour résorber les arriérés de factures dus aux entreprises intervenant sur les travaux de prévention des inondations », a annoncé M. Ba.
Financement de la gestion des inondations
Serigne Mbaye Thiam liste les montants nécessaires
Définir une stratégie est une chose, son financement en est une autre. De ce fait, le Ministre de l'Eau et de l'Assainissement a mis l'accent, hier, lors du Conseil interministériel consacré à la prévention et à la gestion des inondations pour l'hivernage 2023, sur les sommes à décaisser pour une lutte efficace contre les inondations. Ainsi, Serigne Mbaye Thiam, qui compte impliquer les associations de jeunes dans les quartiers, estime que la Direction de la prévention et de la gestion des inondations a besoin de 300 millions de FCfa. Il s'agit, d'après lui, « d'acquérir des motopompes de petites capacités, de 50 m3/heure ». Pour la Brigade nationale des sapeurs-pompiers, l'expression des besoins pour l'hivernage tourne autour de 400 millions de FCfa pour le carburant et les primes du personnel mobilisé.
Pour sa part, l'Anacim veut 50 millions de FCfa, pour « l'installation de points de mesure dans le quartier de Grand Dakar et à Touba ». M. Thiam a indiqué que l'Apix a aussi besoin de 2 milliards 51 millions de FCfa, dont 700 millions de FCfa à mobiliser en urgence. « L'autre élément, qui est important, Monsieur le Premier ministre, c'est certainement la raison pour laquelle vous avez invité les entreprises, c'est l'apurement des arriérés et le paiement des futures factures qui seront émises. Ce qui permettra aux entreprises d'accélérer les travaux prévus dans le cadre de cet hivernage », a plaidé le Ministre de l'Eau et de l'Assainissement.
Concernant la situation des entreprises sur le terrain dans la lutte contre les inondations, Amadou Ba dit avoir relevé 3 types de problèmes. « Par moment, il y a des entreprises qui estiment qu'il y a des retards dans le paiement, d'autres évoquent la révision des prix et, pour d'autres encore, on parle de marchés non parfaits », a souligné le Premier ministre. À ce titre, M. Ba a appelé les ministres concernés à se concerter avec les entreprises en question.