Sénégal: Procès Adji Sarr/ Ousmane Sonko - La défense demande le renvoi en vain et boycotte l'audience

Ousmane Sonko, leader du Pastef

L'audience spéciale de la chambre criminelle statuant dans l'affaire de viol répété et menaces de mort s'est tenue hier, mardi 23 mai, sans la défense des accusés.

En effet, pour s'offusquer contre le rejet de leur demande de renvoi par le président de la chambre criminelle, tous les avocats de la défense ont quitté solidairement la salle 4 où se tenait cette audience. Cette situation a placé la propriétaire du salon Sweet beauté Ndeye Khady Ndiaye poursuivi pour complicité de viol dans une situation très délicate. Enceinte de 8 mois et sans avocats, elle a été obligée de faire face seule au tribunal, au parquet et aux avocats de la partie civile sans assistance.

Avant que l'audience ne soit retenue, il y a eu une véritable confrontation entre hommes de loi pour le report du procès. Un refus catégorique a été opposé à la défense par le président Issa Ndiaye qui a estimé que les arguments défendus par la défense ne sont pas légitimes. Répondant aux récriminations des conseils du leader du Pastef, Ousmane Sonko, et de Ndeye Khady Ndiaye, le juge a dégagé en touche tous les manquements sur la convocation d'Ousmane Sonko, le temps pour la défense de se préparer, mais aussi l'absence des témoins. Les avocats d'Ousmane Sonko ont usé de toute leur détermination pour obtenir un renvoi du procès. Me Cheikh Khoureïchi Ba a appelé la chambre à tirer toutes les conclusions de la situation faisant allusion notamment aux témoins qui n'étaient encore appelés à la barre.

L'avocat a insisté alors sur la nécessité de renvoyer le procès pour permettre à ses collègues nouvellement commis de se mettre à niveau. Me Abdoulaye Tall a été beaucoup plus catégorique. Pour lui, « les sentiments des Sénégalais dépendront de ce que la justice fera de cette affaire ». Mieux a-t-il ajouté, « la justice a une lourde responsabilité de ce qui se passera à l'issue du procès ». Pour Me Abdoulaye Tall, « Sonko n'a jamais reçu une convocation et toute pièce versée dans le dossier est du faux ».

De l'avis de Me Masokhna Kane, même si le président de la chambre, Issa Ndiaye, pense que le dossier est en état d'être jugé, il n'en est pas le cas. Pour lui, la citation à comparaitre du leader du Pastef « Ousmane Sonko est antidatée ». Me Masokhna Kane d'affirmer par ailleurs que la défense n'a pas reçu les vidéos pour assoir sa défense brandissant la menace de quitter la salle. Une posture que tous les avocats ont adoptée plus tard quand le président de la Chambre criminelle a insisté à maintenir l'audience.

Tous les conseils de Ndeye Khady Ndiaye et du patron de Pastef, Ousmane Sonko, ont refusé de plaider. Me Ciré Clédor Ly a persisté sur le fait que son client n'a pas reçu sa convocation promettant qu'en cas de renvoi, il comparaitra. Les nouvelles constitutions devraient aussi motiver un renvoi des débats car ; estime-t-il, « l'avocat a le droit de disposer du temps et des facilités nécessaires pour organiser sa défense ». Me Bamba Cissé a mis pour sa part en défi quiconque trouverait dans le dossier une pièce justificative de la convocation de leur client. Théophile Kayossi a jugé quant à lui que le dossier est monté de toutes pièces et le renvoi est légitime. Rien ne s'oppose à ce que l'affaire soit renvoyée, a-t-il signifié.

Pour François Senghor, « organiser le procès, c'est comme promouvoir un faux ». La justice ne doit pas s'adosser à la politique et son client comparaitra si toutes les garanties nécessaires ont lieu. L'avocat Martin Diatta a l'impression, lui, « que la justice est manipulée par les politiciens ». Nouvellement engagé, il a demandé du temps pour plaider convenablement un dossier pris comme les autres du genre. « Ousmane Sonko dérange les tenants du pouvoir qui ont une mainmise sur la justice », ajoute-t-il.

La défense de Ndèye Khady Ndiaye quitte aussi la salle

Quelques minutes avant leur départ de la salle, les avocats de Ndèye Khady Ndiaye par le biais de Me Ousseynou Gaye avaient pris la parole peu après la reprise de l'audience pour rappeler au président de la Chambre criminelle le droit inaliénable de leur cliente à un procès équitable et contradictoire. « Ndeye Khady Ndiaye a droit à un procès équitable. Personnellement, je n'ai pas demandé un renvoi tout simplement parce que j'étais dans la procédure depuis le début. Mais par solidarité à nos confrères qui viennent de se constituer et qui ont besoin du temps pour prendre connaissance du dossier, je tiens à vous dire que nous serons dans l'obligation de nous retirer si vous maintenez votre refus de renvoi. Nous sommes tous de la défense et nous ne pouvons pas ignorer la demande légitime de renvoi formulée légalement par nos confrères», a fait remarquer l'avocat de la défense de Ndeye Khady Ndiaye avant de quitter la salle avec ses confrères.

Prenant alors la parole alors que les avocats de la défense lui tournaient le dos, le juge Cheikh Issa Ndiaye, président de la Chambre criminelle a invité la greffière à noter dans le plumitif que la défense de l'accusée a refusé de plaider le dossier qui était en état d'être jugé. «Les avocats de Ndeye Khady Ndiaye de même que ceux d'Ousmane Sonko ont décidé librement, après le rejet de leur demande de renvoi, de quitter la salle. Je voudrais que vous portez cela à la connaissance de votre ordre». Prenant la parole, Me Ibrahima Ndieguene a rappelé que l'ordre ne peut se substituer au tribunal dans la conduite d'une audience. «J'ai l'habitude de dire que l'ordre ne peut se substituer au tribunal. La situation que vous devriez gérer peut s'expliquer juridiquement.

Il appartient donc à votre juridiction d'en tirer toutes les conséquences de droit tout en sachant que les autres en feront autant». «Je voudrais juste que vous preniez note de cette situation», revient à la charge le président de la chambre Criminelle. «J'ai pris bonne note» rétorque Ibrahima Ndieguene, représentant de l'ordre des avocats. Pour rappel, Me Malick Ndoye commis d'office pour assurer la défense avait lui aussi décidé de quitter la salle d'audience en même temps que les autres avocats. Du coup, Ndeye Khady Ndiaye s'est retrouvée seule face au juge. Tous ses avocats avaient quitté solidairement la salle laissant leur cliente seule face au tribunal, le parquet et les avocats de la partie civile.

La défense de Ndeye Khady Ndiaye et la partie civile se renforcent

Ce deuxième jour d'audience de l'affaire de « viols répétés et menaces de mort » contre le leader de Pastef et Maire de Ziguinchor Ousmane Sonko, devant la Chambre criminelle de Dakar a été marquée hier, mardi 23 mai, par le renforcement des deux parties présentes à ce procès. Il s'agit de la défense de Ndeye Khady Ndiaye et la partie civile. Chacune de ces parties a enregistré la constitution de nouveaux avocats venus en renfort lors de cette audience spéciale. Pour rappel, depuis le début de cette procédure, la défense d'Adji Sarr était assurée par Me Abdou Dialy Kane et son confrère Me El Hadji Diouf qui sont rejoints par Me Adama Fall et d'autres confrères. Pour sa part, Me Moussa Sarr, avocat de Ndeye Khady Ndiaye, a également reçu en renfort une dizaine de confrères.

La BIP en renfort au GIGN dans la salle 4

L'audience de l'affaire de « viols répétés et menaces de mort » devant la Chambre criminelle de Dakar a été marquée hier, mardi 23 mai, par un renforcement de la sécurité. Dans la salle 4 du Palais de justice Lat Dior de Dakar où s'est tenue cette audience, il a été noté la présence des éléments de la Brigade d'intervention de la police (Bip) aux côtés de leurs frères d'armes du Gign (Groupement d'intervention de la gendarmerie nationale). Au nombre de 4 au moins, ces agents étaient habillés en tenue de service (tunique noire, visages encagoulés) avec leurs équipements d'intervention tout comme leurs collègues du Gign. Il faut préciser que cette présence des éléments de la Bip dans la salle lors d'une chambre criminelle est inédite. Car, la sécurité du Palais de justice et à l'intérieur des salles d'audience est sous la gestion de la gendarmerie nationale. Lors des audiences de la chambre criminelle, le Gign vient en appui de ses frères d'armes des Éléments pénitentiaire d'intervention (Epi). Il faut relever que quelques minutes avant la venue de argents dans la salle 4, un incident opposant leurs camarades, membres de la gare rapprochée d'Adji Sarr, à des gendarmes a été évité de justesse. En effet, voulant entrer dans la salle 4 avec leurs armes, la sécurité de l'accusatrice de Sonko a été rappelée à l'ordre par des gendarmes préposés à la sécurité des lieux. Mais, face à leur refus de se désarmer, ils ont été tout simplement bloqués à l'entrée pendant plusieurs minutes.

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