Le président de transition Mahamat Idriss Deby Itno, a signé mercredi 24 mai un accordant la grâce présidentielle aux derniers manifestants arrêtés lors de la répression sanglante du 20 octobre dernier.
L'annonce n'a été faite que ce jeudi, mais le décret présidentiel a été signé mercredi 24 mai. Soixante-quatre personnes ont été graciées par Mahamat Idriss Déby. Selon le procureur général de Ndjaména, il s'agit des derniers prisonniers de Koro Toro arrêtés dans le cadre de la répression des manifestations du 20 octobre dernier.
Leur grâce survient après la libération fin mars de quelque 260 autres qui avaient déjà bénéficié de la grâce présidentielle, après avoir été condamnés dans une procédure de flagrance. Ils avaient écopé de deux à trois ans de prison, notamment pour « faits d'attroupement non autorisé », ou encore « troubles à l'ordre public».
Ceux qui viennent d'être gracié étaient accusés en outre de crimes graves, d'« atteinte à l'ordre constitutionnel et de participation à un mouvement insurrectionnel », selon toujours le procureur général. Ils ont donc fait l'objet d'une enquête diligentée par un juge d'instruction, et ont été jugés devant une chambre criminelle, qui les a condamnés pour partie à 18 mois de prison et pour l'autre à 5 ans.
Mais leur défense ne donne pas les mêmes chiffres. Selon Me Thimotée Fonessoubo, ce sont 108 prévenus qui ont été jugés les 8 et 9 mai dans « un procès expéditif » organisé au bagne de Koro Toro en plein désert, et 15 autres le 17 mai à la prison de Klessoum près de Ndjaména. Au final, 30 ont été acquittés et 93 autres condamnés, assure-t-il, en se demandant pourquoi il y en a 29 qui ont été oubliés.
Cette nouvelle grâce survient quelques heures après celle prononcée en faveur d'un des plus farouches opposants à la famille Déby, Baradine Berdeï Targuio, et de dix militaires, condamnés la semaine dernière à 20 ans de prison pour avoir voulu fomenter un « coup d'État » qui aurait été déjoué en décembre, selon Ndjamena.