Les plus de 87.000 Casques bleus de l'ONU dans le monde sont « une lueur d'espoir et de protection » pour les civils vulnérables, dans un monde de plus en plus dangereux et incertain, a déclaré jeudi le chef de l'ONU, notant que l'année dernière, 103 Casques bleus sont tombés dans l'exercice de leurs fonctions.
António Guterres a ajouté que les hommes et les femmes, originaires de 125 pays, qui servent dans le cadre de 12 opérations, s'efforcent de soutenir la sécurité, la stabilité et l'État de droit.
Les plus de 87.000 hommes et les femmes Casques bleus, originaires de 125 pays, qui servent dans le cadre de 12 opérations, s'efforcent de soutenir la sécurité, la stabilité et l'État de droit
« Ils représentent le coeur battant de l'engagement des Nations Unies en faveur de la paix », a déclaré le Secrétaire général de l'ONU, lors de la cérémonie de remise du prestigieux prix du Défenseur militaire de l'année pour l'égalité des sexes des Nations Unies à une Casque bleue ghanéenne, dans la grande salle de l'Assemblée générale à New York.
« En rassemblant des soldats de la paix du monde entier, le maintien de la paix est également devenu un source d'inspiration et un symbole du multilatéralisme en action », a-t-il ajouté.
Le chef de l'ONU a toutefois souligné que les Casques bleus onusiens sont de plus en plus souvent amenés à servir dans des contextes où il n'y a pas de paix à maintenir et que leur tache est de plus en plus difficile.
En raison de la complexité croissante des conflits, de la stagnation des processus de paix, du rythme constant des activités terroristes, des milices armées, de la violence des gangs et de la criminalité transnationale, des communautés, des pays et des régions entières sont de plus en plus empoisonnés, a précisé M. Guterres.
De plus en plus, il n'y a pas de paix à maintenir
« Le monde numérique est devenu une frontière effrayante de tension, de division, de haine, de désinformation et de méchanceté. Malheureusement, nos soldats de la paix travaillent de plus en plus dans des endroits où il n'y a pas de paix à maintenir », a dit le Secrétaire général.
M. Guterres a appelé les gouvernements représentés dans la salle à « réfléchir sérieusement à la nécessité d'une nouvelle génération de missions d'imposition de la paix et d'opérations de lutte contre le terrorisme », qui seraient « dirigées par nos partenaires disposant d'un mandat sous chapitre VII du Conseil de sécurité des Nations Unies, avec un financement garanti, notamment par le biais de contributions fixées ».
Avant la cérémonie solennelle mais émouvante, le chef de l'ONU a déposé une gerbe au Mémorial des Casques bleus, en hommage au sacrifice consenti par tous ceux qui ont servi sous le drapeau de l'ONU.
« Nous pleurons leur perte et partageons nos plus sincères condoléances avec leurs familles, leurs amis et leurs collègues. Nous n'oublierons jamais leurs contributions », a-t-il déclaré, avant d'observer une minute de silence.
Le chef de l'ONU a rappelé qu'au long des 75 ans d'existence des opérations de paix de l'ONU plus de 4.200 personnes ont payé le prix ultime pour la cause de la paix.
La liste des 103 personnes décédées en service en 2022 a été lue, lors de la cérémonie de remise des médailles Dag Hammarskjöld décernées à titre posthume.
Incarner le devoir de paix
« Nos militaires, policiers et civils décédés venaient de 39 pays différents et avaient des origines diverses. Mais tous incarnaient notre devoir de paix », a indiqué M. Guterres, adressant ses « plus sincères condoléances et ma gratitude à leurs familles, amis, collègues et pays d'origine représentés ici ».
« Je rends hommage à leur service et à leur sacrifice, qui inspirent notre travail quotidien. Et je m'engage à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour soutenir nos soldats de la paix dans leur mission, notamment en améliorant leur sûreté et leur sécurité et en améliorant l'efficacité du maintien de la paix », a-t-il ajouté.
Les femmes ouvrent la voie vers la paix
Rendant hommage à la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité, le chef de l'ONU a déclaré qu'elle rappelait qu'au-delà de soutenir la paix et la sécurité dans le monde les femmes Casques bleues « ouvrent la voie ».
Il a affirmé que la lauréate du prix du Défenseur militaire de l'égalité des sexes de cette année, la capitaine Cecilia Erzuah du Ghana, reconnue pour son travail à Abyei en tant que commandant de la section d'engagement du Ghana depuis mars de l'année dernière, « incarne le leadership à tous points de vue ».
« À Abyei, elle a vu de ses propres yeux le lourd tribut que les conflits armés font payer à des communautés entières, en particulier aux femmes, et elle n'a pas ménagé ses efforts pour faire en sorte que leurs voix soient entendues et prises en compte », a-t-il ajouté.
Son travail auprès des communautés locales pour entendre leurs préoccupations, expliquer le travail des soldats de la paix et instaurer la confiance, ainsi que son engagement auprès des dirigeants locaux, des femmes et des jeunes, « ont été déterminants pour le succès de la mission ».
Il a déclaré qu'il était « grand temps » d'augmenter de manière significative le nombre de femmes travaillant dans les missions de maintien de la paix de l'ONU partout dans le monde.
Longue vie aux Nations Unies
Dans ses remarques lors de la cérémonie, la capitaine Erzuah s'est dite honorée de recevoir ce prix, qui « souligne les efforts inlassables et le dévouement » de toute sa section en faveur de l'égalité des sexes et de l'inclusion.
La région contestée d'Abyei, située entre le Soudan et le Soudan du Sud, fait l'objet d'une présence de maintien de la paix de l'ONU depuis 2011. La FISNUA travaille au renforcement des capacités de la police, à la protection des civils menacés, à l'aide humanitaire et à la libre circulation des travailleurs humanitaires.
La capitaine Erzuah a déclaré que le travail de sa section avait permis d'augmenter le nombre de femmes rejoignant les comités locaux de protection des communautés, dominés par les hommes.
Elle a dédié sa récompense au « peuple magnifique d'Abyei », dont elle conservera toujours la mémoire, et « à tout le personnel de maintien de la paix, en particulier à nous, les femmes en uniforme ».
« Que notre dévouement, notre engagement et notre amour de l'humanité ne restent jamais sans récompense. Longue vie aux Nations Unies », a-t-elle dit.
Civils tombés au champ d'honneur
De son côté, le chef de l'appui opérationnel des Nations Unies, Atul Khare, a accepté une médaille au nom des familles de 42 membres civils du personnel de maintien de la paix, qui ont « payé le sacrifice ultime », provenant de 20 États membres.
Il a déclaré que la meilleure façon d'honorer leur mémoire était de « nous consacrer à nouveau, ainsi que nos efforts, à la cause de la paix ».