Afrique: Perspectives économiques de la BAD - Le paradoxe de la croissance verte en Afrique

Akinwumi Ayodeji Adesina , Président BAD

CHARM EL-CHEIKH — L'Afrique dispose d'un immense capital naturel (estimé à 6200 milliards de dollars en 2018), mais avec l'indice de croissance verte parmi les faibles au monde. Le rapport de la Banque africaine de développement (Bad) sur les perspectives économiques en Afrique, dévoilé, hier, à l'occasion des Assemblées annuelles qui se tiennent à Charm el-Cheikh, explore les voix pour inverser la tendance.

La croissance du Pib africain devrait atteindre 4 % en 2023, contre 3,8 % en 2022. C'est ce qui ressort du rapport de la Banque africaine de développement (Bad) sur les Perspectives économiques en 2023 dévoilé, hier, lors des Assemblées annuelles de l'institution à Charm el-Cheikh (Égypte). « Les pays africains sont sur la bonne voie », estime Dr Akinwumi Adesina, Président de la Bad. En effet, trois des dix économies à la croissance la plus rapide en 2023 sont en Afrique. Toutefois, les défis restent nombreux. En plus de l'inflation (projetée à 15,1 %), « 25 % des pays africains sont en situation de vulnérabilité de la dette », constate-t-il. S'y ajoute le changement climatique. C'est pourquoi l'économiste en chef de la Bad, le Professeur Kevin Chika Urama, fait part d'un « optimisme prudent » sur les perspectives.

Le rapport qui reprend le thème général de ces Assemblées annuelles met l'accent sur la mobilisation du financement du secteur privé pour le climat et la croissance verte en Afrique. Sur ce point, M. Urama souligne le « paradoxe du développement vert en Afrique ». Selon lui, si l'Afrique est abondamment dotée en ressources naturelles (avec 47 % des ressources mondiales en énergies renouvelables), ce potentiel est faiblement exploité. L'indice de croissance verte du continent est l'un des plus faibles au monde alors que son capital naturel est estimé à 6200 milliards de dollars en 2018.

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Selon Kevin Urama, les opportunités d'investissements sont estimées à 1000 milliards de dollars dans le domaine agricole, autant (1003 milliards) dans l'énergie et 104 milliards de dollars dans les Tic.

Valoriser ce potentiel permettra d'augmenter la productivité tout en réduisant l'empreinte carbone, estime-t-il. Par exemple, avec un marché du transport qui enregistre une croissance moyenne de 22 % par an, l'investissement dans la production de batteries électriques (grâce aux importants gisements en lithium) représente un marché potentiellement important pour le secteur privé. « En investissant dans ces secteurs, vous gagnerez (de l'argent) en faisant du bien (à l'environnement) », lance M. Urama au secteur privé.

D'après la Bad, l'Afrique a besoin de 235 à 250 milliards de dollars, d'ici à 2030, pour faire face au changement climatique. Pour combler le gap, le secteur privé doit augmenter ses investissements de 36 % par an. Le marché des « green bonds » (obligations vertes) reste également timide. Le continent n'a capté que 0,2 % des 2000 milliards de dollars émis en 2021. Si la Bad est à l'initiative pour le développement de ce segment, le continent « ne tire pas réellement profit de l'expansion de ce marché », constate l'économiste en chef de la Bad. Parmi les obstacles, le rapport cite l'absence de stratégies efficaces et d'incitation à l'investissement ou encore l'accès limité aux marchés internationaux.

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