Pour ce scrutin local, qualifié d'« historique », des milliers d'électeurs se sont déplacés, même si une partie de l'opposition a dénoncé dès avant le vote les conditions de son organisation.
Il y avait du monde dans les files d'attente au Puntland ce jeudi pour élire les conseillers de district selon le principe « une personne, une voix ». On rencontre par exemple Abdulkadir Mohamed, 70 ans, qui dit sa « gratitude » et sa « joie ». Ou bien Ahmed Adan Omar qui a marché une heure et demie pour venir voter, et espère que son candidat sera élu pour lutter contre les effets des changements climatiques dans le pays...
Voilà quelques-uns des nombreux témoignages qui ont fleuri dans les médias somaliens. L'État semi-autonome somalien tenait ce jeudi un premier vote au suffrage direct en Somalie depuis plus de 50 ans (si l'on exclut le Somaliland qui revendique son indépendance). La dernière fois, c'était avant 1969 et que l'ex-dictateur Siad Barré ne prenne le pouvoir. Il en avait été question pour la présidentielle qui s'est tenue en mai dernier, mais finalement, la promesse avait dû être abandonnée du fait de l'insurrection shebab notamment et au profit d'un système d'élection indirect qui laisse la part belle aux négociations entre clans, puissants dans le jeu politique somalien.
Ces élections directes marquaient donc une étape importante. « Le Puntland inscrit son nom dans l'histoire », en ce jour « monumental », s'est félicité le président de la commission électorale. Dans un communiqué, les partenaires de la Somalie, UE, ONU, Grande-Bretagne et Turquie notamment, espèrent que ces élections pourront « inspirer l'expansion de la démocratie à travers la Somalie, à tous les niveaux de gouvernement ».
Mais cet enthousiasme suffira-t-il à faire oublier le parfum de contestation qui entoure ce scrutin local ? Il oppose le parti au pouvoir au Puntland à six partis d'opposition dont certains ont accusé l'actuel président d'avoir manipulé les préparatifs du vote et d'être en train de chercher à se maintenir au pouvoir au-delà de son actuel mandat qui expire fin janvier prochain.
Mi-mai, cela a conduit à des affrontements armés en périphérie de la capitale Garowe. Le scrutin y a d'ailleurs été reporté ainsi que dans deux autres districts pour « raisons de sécurité ». Un contexte qui inquiète certains observateurs en prévision des élections législatives et régionales prévues en janvier 2024.