Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées jeudi à Bamako pour exiger la fin de la présence onusienne. C'était au Palais des sports de la capitale malienne. Parmi les organisations qui ont appelé à ce rassemblement, on peut citer le M5-RFP, qui est le parti du Premier ministre de transition Choguel Maïga, ainsi que des organisations de la société civile qui soutiennent les autorités de transition, comme Yerewolo-Debout sur les remparts ou encore Sentinelles Mali-Kura.
« La Minusma doit partir du Mali, parce que le peuple malien, le gouvernement malien attendent depuis dix ans des résultats de la Minusma. Au lieu que la Minusma travaille avec les autorités, avec le peuple malien, la Minusma est en train de travailler à discréditer notre armée, qui est notre colonne vertébrale et le symbole de notre unité nationale. Le dernier exemple, c'est l'exemple de Moura : tout le monde sait que Moura était un sanctuaire de terroristes », assène Mohammed Kassoum Djiré, le président de Sentinelles Mali-Kura.
Des propos qui font référence à la publication récente d'un rapport onusien qui accuse l'armée malienne et ses supplétifs russes d'avoir exécuté plus de 500 civils dans ce village du centre du pays, au cours d'une opération menée en mars 2022.
« Moura est un sanctuaire terroriste, martèle Mohammed Kassoum Djiré, tout le monde le sait depuis presque sept ans ! Maintenant que l'armée malienne est montée en puissance, on accuse cette armée de violations du droit international humanitaire. Nous sommes de ceux qui pensent qu'on ne doit pas instrumentaliser le droit international humanitaire. Sur ce, nous demandons tout simplement à la Minusma de faire comme d'autres pays, comme Barkhane (la force militaire française qui a dû quitter le Mali en août dernier, Ndlr), comme Takuba (force européenne qui a mis fin à ses opérations au Mali en juin dernier, Ndlr) : de rentrer chez eux ! »
La Minusma condamne les appels à la violence
De son côté, la Minusma ne commente pas les motivations des manifestants. En revanche, la porte-parole de la mission onusienne au Mali, Fati Kaba, dénonce des débordements et des appels à la violence.
« Il y a un vrai débat en cours aux Nations unies sur comment rendre les opérations de maintien de la paix plus efficaces. Pour nous, à la Minusma, évidemment que nous sommes attentifs à tous les points de vue exprimés là-dessus, et nous restons tout à fait ouverts à la critique constructive, explique Fati Kaba. Par contre, nous jugeons totalement inacceptable et dangereux tout appel à la violence contre la Minusma et son personnel. Parce que cela a forcément un impact sur les actions que nous menons en appui aux autorités et au peuple malien, ça met en danger la sécurité de notre personnel, y compris d'ailleurs nos collègues maliens, et puis il ne faut pas oublier que nous sommes déployés au Mali à l'invitation du gouvernement et que nous opérons avec son consentement. Au-delà même du Mali, ce qui se passe sur le plan de la paix et de la sécurité ici a un impact sur l'ensemble de la sous-région. Donc la violence n'a vraiment pas sa place dans ce débat. Les Casques bleus sont des soldats de la paix, et les appels à attaquer le personnel et les installations de la Minusma doivent donc cesser immédiatement. »