Le procès d'Abdoulaziz Al-Hassan devant la Cour pénale internationale est entré dans sa dernière ligne droite. Cet ancien commissaire dans la police islamique de Tombouctou, au Nord du Mali, est accusé de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis lors de l'occupation de 2012 par Aqmi et Ansar Dine.
Du 23 au 25 mai avaient lieu à La Haye les conclusions orales du bureau du procureur, des représentants légaux des victimes et de la défense. Les juges ont entendu deux récits d'une même histoire. Deux portraits d'un même accusé.
D'un côté, le policier zélé, décrit par l'accusation. L'ancien pharmacien qui exécute à la lettre le nouvel ordre établi d'Ansar Dine et d'Aqmi. Le commissaire omniprésent qui interdit aux Tombouctiens de danser, de fumer, d'écouter de la musique. Et qui impose, à coups de fouet, jusqu'à leur façon de s'habiller. Un homme qui arrange de force des mariages avec des jihadistes qui eux n'hésitent pas à violer leurs fausses épouses. Le procureur a déposé de nombreuses preuves contre Al-Hassan, des vidéos, des rapports signés de sa main, des interrogatoires contestés par la défense.
De l'autre côté, son avocate assure que son client n'aurait, en 2012, eu d'autre choix qu'adhérer au diktat des deux organisations terroristes. Elle affirme qu'Abdoulaziz Al-Hassan s'engage tard dans le groupe jihadiste, alors que Tombouctou est occupée depuis sept mois. Et sans retour en arrière possible. Parce qu'il est touareg, il n'aurait pu fuir par crainte de l'armée malienne.
Les trois juges ont entamé, jeudi, leur délibéré. Comme dans les autres affaires entendues devant la CPI, cette phase pourrait durer plusieurs mois. Accusé de crimes contre l'humanité, Abdoulaziz Al Hassan risque la perpétuité.