Madagascar: Morengy - Le sport traditionnel malgache en mutation

Effectivement, le morengy a fait couler beaucoup d'encre. Cet art martial est d'ailleurs l'un des identités de l'indianocéanie. Donc, des chercheurs de différentes disciplines, notamment les historiens et anthropologues de la région Sud-Ouest de l'Océan Indien se penchent sur le sujet.

Selon les historiens, cette culture immatérielle a été intrinsèquement liée à l'escalavage. Déportés dans les îles du Canal de Mozambique et de la partie Nord Ouest de Madagascar, les esclaves africains pieds et poings enchaînés, ont pu transmettre cette technique de combat. Au fil du temps, les autochtones s'y mettent. La culture s'est répandue dans les littoraux malgaches à savoir à l'Ouest et à la pointe du pays. Ainsi, tout le monde veut être combattant. Les garçons devaient au moins une fois dans leur vie monter sur le ring de terre rouge, le banja.

Un passage obligé car un homme doit absolument être capable de protéger sa famille. Chaque pleine lune, des garçons entre 12 et 17 ans se donnent rendez-vous au Kilandagny, le camp d'entraînement. Les dénicheurs de talents, quant à eux, s'y rendent et remarquent les futurs fanôrolahy. Ils les hébergent, les forment jusqu'à ce que ceux-ci soient musclés, prêts à monter sur l'arène pour de vrai.

Actuellement, cet art martial connaît une mutation. Les arts martiaux venant de l'Asie, en l'occurrence le karaté et le muay thaï, se mélangent avec la boxe traditionnelle malgache. « La sortie du film Ong Bak a fasciné les fanôrolahy. Ils étaient impressionnés par ce style de combat qui voulait fracasser les os de l'adversaire alors que le morengy se base sur le fair-play. Par dessus tout, ce sport est dorénavant lucratif ! Les organisateurs promettent une grosse somme d'argent pour le vainqueur. Ce qui est contraire à la tradition », a fait savoir Eric Jaomavoa, un traditionaliste.

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En effet, les passionnées de morengy ne cachent pas leur inquiétude. Certains arrivent même à dire que ce sport est en voie de disparition. « Je suis descendu sur le terrain. J'ai pu remarquer que même dans les campagnes, je ne trouve plus le vrai morengy, que du muay thaï », certifie Claudio Karany, un anthropologue de l'Université d'Antsiranana. Sans vouloir exagérer, le septième art venant de l'Asie du Sud-Est a effrité la base de la culture immatérielle de Madagascar. Néanmoins, des spécialistes puisent dans leurs ressources afin de les conserver. À Antsiranana par exemple, une école de morengy sera bientôt inaugurée !

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