Afrique: Nassiba Leghouati - « J'espère qu'un jour, une équipe africaine sera couronnée en Coupe du Monde féminine »

Difficile de parler du football féminin en Algérie sans évoquer l'héroïne, Nassiba Leghouati, l'ex star de l'équipe féminine algérienne, la joueuse la plus décorée en Algérie.

Elle a fait valoir ses qualités dans les stades avant d'obtenir une riche expérience en tant qu'entraîneuse. Elle représente maintenant la principale figure féminine dans la gestion du football en Algérie...

En bref, Nassiba Leghouati est l'un des principaux piliers du football féminin en Algérie.

Pouvez-vous vous présenter et indiquer les étapes les plus importantes de votre carrière ainsi que vos multiples lauriers aux fans de football sur le continent africain, vous qui êtes très connue en Algérie?

Je suis une ancienne joueuse internationale, j'ai porté les couleurs de l'équipe féminine algérienne pendant plus d'une décennie. J'ai 15 titres de champion d'Algérie, 15 titres de Coupe d'Algérie, je suis vainqueur de la Coupe arabe avec l'équipe nationale, vainqueur de la Coupe d'Afrique du Nord avec le Club Alger Centre féminin, en 2008, finaliste de la Coupe d'Afrique du Nord en 2007, 3 championnats de clubs maghrébins.

En bref, avec le Club Alger Centre féminin, j'ai été couronnée avec 11 titres de championnat et 11 titres de coupe, et avec le Club Afak Ghilizen féminin, j'ai gagné 4 coupes et quatre championnats.

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J'ai commencé ma carrière avec l'équipe nationale en 1997, et je faisais partie du noyau de l'équipe féminine d'Algérie. Nous avons joué notre premier match officiel lors des éliminatoires de la Coupe d'Afrique des Nations contre le Maroc. J'ai pris ma retraite en tant que joueuse 2013.

Après la fin de votre carrière de footballeuse, vous avez entamé une formation d'entraîneur, comment avez-vous vécu ce changement?

Avant de commencer ma formation, j'ai traversé une période difficile. Je suis restée avec ma mère qui était malade, pendant un an et demi avant qu'elle ne décède (elle en parle avec tristesse et versant des larmes)... Quoi qu'il en soit, après avoir pris ma retraite des terrains, j'ai travaillé comme entraîneur. Je suis entré dans une nouvelle étape de ma vie, où j'ai été membre fondateur de l'Association nationale de football féminin en 2013.

Je suis ensuite devenue entraîneuse et j'ai travaillé avec les clubs féminins dans les catégories jeunes et en tant qu'entraîneuse adjointe dans l'équipe féminine algérienne des moins de 17 ans et des moins de 20 ans. Je me suis ensuite présentée aux élections au Bureau exécutif de la Fédération algérienne de football, et j'ai remporté deux fois l'élection.

Je suis devenue présidente de la commission du football féminin, et je suis actuellement membre de la Commission du football féminin de la Fédération nord-africaine, qui accorde une attention considérable au football féminin et à son développement...

Votre carrière de football a été spéciale, surtout après avoir gagné plusieurs titres, êtes-vous satisfait ou aspiriez-vous à plus?

Mes réalisations ont fait de moi la joueuse la plus titrée en Algérie. J'en étais vraiment fière, et c'était le fruit d'énormes sacrifices. Mon Père et ma Mère ont permis que je joue au football et m'ont encouragée. J'ai fait plusieurs sacrifices dans ma carrière, d'autant plus que j'ai réussi à combiner l'étude et le sport. J'ai eu mon diplôme à la Faculté de science politique et d'information, ce qui n'est pas facile...

Comment voyez-vous la réalité du football féminin en Algérie ?

A l'avènement du football féminin en Algérie à notre époque, vers la fin des années 1990, nous étions les rares joueuses, parce qu'il était difficile pour l'opinion d'imaginer des femmes jouant au football. Elles pouvaient se voir rejetées parce qu'on se disait que le football est réservé aux hommes et non aux femmes. À notre époque, nous avons combattu ces stéréotypes, prouvé notre existence à travers notre talent et ouvert la voie pour les générations futures.

En général, le football féminin en Algérie est confronté à des problèmes tels que la faible médiatisation, par rapport au football masculin. Nous travaillons actuellement à la Fédération algérienne de football pour le développement du football des femmes. Nous travaillons avec le Président de la Fédération, Djahid Abdelouahab ZEFIZEF, les membres du bureau fédéral, ensemble, et même les précédents présidents ont pris soin et soutenu le football féminin.

L'équipe féminine algérienne est bien accompagnée et dispose de moyens significatifs. Nous avons également recruté un entraîneur de renommée internationale pour structurer les équipes féminines algériennes. En général, nous mettons l'accent sur une plus grande expansion.

Pour la première fois à Alger, nous avons créé un tournoi pour les filles de moins de 15 ans et forcé les clubs professionnels à intégrer une équipe féminine dans leur structure, conformément aux lois de la Confédération du football africain.

Le football féminin en Afrique se démarque de plus en plus ces dernières années. Quel est votre regard sur le football féminin en Afrique ?

Oui, l'équipe féminine d'Algérie, par exemple, a participé à 5 éditions de la Coupe d'Afrique des Nations depuis sa création, et a déjà remporté la médaille de bronze aux Jeux africains en 2011. Le Maroc a également disputé la récente finale de la Coupe d'Afrique des Nations contre l'Afrique du Sud, les équipes féminines de la Tunisie et de l'Egypte ont également brillé au niveau de diverses catégories.

Il y a une évolution au niveau du football féminin dans les pays d'Afrique du Nord, conformément aux exigences de la Confédération africaine de football qui soutient et cherche à développer le football féminin.

Et la création de la Ligue des Champions de football féminin aidera grandement les clubs à élever leur niveau. Il y a aussi les pays tels que : l'Afrique du Sud, le Cameroun, la Côte d'Ivoire, le Ghana et le Nigeria, qui excellent avec leurs équipes féminines. Certaines d'entre elles représentent le football féminin africain à la Coupe du monde depuis plusieurs années.

Vous suivez avec attention la Coupe d'Afrique des Nations U17 TotalEnergies, Algérie 2023. Que pensez-vous du niveau technique de cette édition ?

Sur le plan organisationnel, l'Algérie a réussi le pari et s'est distinguée lors de cette compétition, après s'être déjà démarquée avec l'organisation du CHAN 2022. En ce qui concerne le niveau technique, cette édition présente un bon niveau, d'autant que nous voyons des scores avec de nombreux buts. Les équipes jeunes africaines présentes à cette compétition affichent un fort potentiel sur le plan offensif.

Cela est dû au travail de formation à la base. Et il y a aussi du travail physique et tactique. La chose la plus remarquable que nous avons observée dans les équipes qui brillent est le fait qu'elles s'appuient sur le travail des académies et centres de formations développés dans leurs pays. C'est ce que devront essayer de faire les autres formations afin d'égaler leur niveau.

Quel est votre message aux fédérations des pays africains pour le développement du football féminin ?

La première chose qui doit être faite, c'est un soutien matériel et moral. Il faut aussi s'appuyer sur des moyens de motivation tels que les médias, prendre grand soin des équipes féminines de football jeunes et que les écoles de football des filles se créent en abondance.

Il faut accorder plus de confiance à la formation des joueuses et des entraîneurs, puisque la formation des entraîneurs est importante pour le succès. Afin de développer le football féminin, les clubs féminins doivent également entrer dans le monde du professionnalisme. Tous les clubs de football féminin doivent être soutenus par les fédérations.

Un dernier mot ?

J'espère que le football féminin en Afrique va se développer et émerger beaucoup plus globalement. Et mon souhait est qu'un jour, une équipe féminine africaine soit couronnée à la Coupe du monde. Et les femmes africaines seront sur le toit du monde.

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