Congo-Kinshasa: L'appel à la vindicte populaire contre les Balubas par Mike Mukebayi et Daniel Nsafu, ainsi que le harcèlement de la PNC contre Katumbi au Kongo-Central, deux exemples d'échec de la politique nationale

Mike Mukebayi

Daniel Nsafu

Me TSHISWAKA MASOKA Hubert, Directeur Général de l'IRDH

L'Institut de recherche en droits humains (IRDH) déplorent deux évènements qui démontrent l'échec de la classe politique congolaise à participer à la construction de la conscience nationale, conformément aux articles 6 et 8 de la Constitution de la République.

D'une part, l'appel télévisé des députés Mike MUKEBAYI et Daniel NSAFU à la vindicte populaire contre des Balubas, toute personne présumée appartenir aux groupes ethniques de la région du Kasaï.

De l'autre, l'usage abusif du personnel de la Police Nationale Congolaise (PNC) et des forces de sécurité, afin d'empêcher Monsieur KATUMBI CHAPWE Moïse de visiter la province du Kongo Central.

Le premier évènement porte sur une émission télévisée le samedi 20 mai dernier, à Kinshasa, par la chaîne CML13 TV, dans laquelle le Député National Daniel NSAFU et le Député Provincial Mike MUKEBAYI, apparaissaient en tenues délabrées, chemises déboutonnées.

Le Député MUKEBAYI, se présentant comme « Muluba », dénonçait « ses frères BaLubas » qui auraient « infiltrés » la PNC et les services de renseignements, « dans le but de tuer ». Et, à son tour, le Député NSAFU, très émouvant, larmes et morves coulant devant la caméra, informait le public qu'un enfant qui serait parmi les manifestants serait « tué par des balubas ». Il affirmait qu'il n'y avait aucun originaire de Bandundu, ni d'autres tribus. Il n'y avait que des balubas. Motif pour lequel il en appelait aux autres « 453 tribus » de la RDC à « se mettre debout contre les balubas ».

Le deuxième évènement porte sur l'abus du personnel de la Police et des forces de sécurité, afin de contraindre, par la force, l'opposant politique, Monsieur KATUMBI CHAPWE Moïse à renoncer à l'exercice de son droit constitutionnellement garanti de circuler librement dans la République, en l'espèce, ne pas se rendre dans la province du Kongo-Central, le 23 mai dernier.

Ces deux évènements se passent à Kinshasa, au même moment où le Rwanda renforce son occupation du KIVU, à travers le groupe terroriste M23. Drame pour lequel des écrivains et journalistes étrangers, notamment, Michela WRONG, Charles ONANA, Judi RIVER et Alain FOKA sont en train de s'époumoner pour dénoncer l'omerta de la communauté internationale.

Le contexte de guerre, pour lequel la société civile internationale se solidarise avec la population du KIVU meurtrie par le régime du Rwanda, devrait dissuader le Gouvernement à ne pas abuser du personnel de la Police et des forces de sécurité contre ses propres citoyens, opposants politiques soient-ils. De même, les deux députés bien identifiés ne pouvaient méconnaître leurs devoirs constitutionnels de construire la conscience nationale, au lieu d'attiser la haine ethnique qui expose le pays a une guerre civile et affaiblit l'Etat de l'intérieur, au bénéfice de l'ennemi extérieur.

Les deux évènements démontrent des failles de la classe politique congolaise à identifier les priorités de la population civile, l'opportunité de ses actions, ainsi que les obligations constitutionnelles que la société civile internationale pourrait soutenir.

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