Ile Maurice: L'atelier littéraire - Port-Louis c'est fini, Tamarin nous voilà

VIve les paradoxes. Depuis le lundi 22 mai, quand la sympathique baz deux en un, le café de l'Atelier et la librairie, L'Atelier littéraire, a annoncé qu'elle ferme, les clients semblent en être revenus. Jan Maingard, le propriétaire confirme : «Depuis qu'on a dit cette affaire-là, tous les jours, il y a 20 personnes.» Toutes lui posent la même question : pourquoi est-ce que vous fermez ?

Pourquoi, en effet, ce lieu de vie, de culture et de convivialité du 12, de la rue St-Louis, à Port-Louis, clôturera-t-il ses portes à partir du 15 juin ? Après 12 ans d'existence. À l'origine, il était prévu que le café et la librairie se soutiennent pour trouver un équilibre financier. Mais, depuis que le virus du Covid-19 a contaminé la vie d'avant, «il n'y a plus de clients. Très peu. Beaucoup de gens qui venaient à Port-Louis sont partis. Quand on a rouvert après les confinements, ils ne sont pas revenus».

Le mercredi, c'est le jour de la semaine où Jan Maingard se soumet à la «torture». C'est-à-dire «une heure de route, de Tamarin (NdlR, où il habite) à Port-Louis». Tout ça, pour se retrouver «seul ici. Cela fait longtemps que les gens ne viennent plus». Finis les beaux jours où il y retrouvait toujours des convives au déjeuner.

À la fin de l'année dernière, la facture s'est avérée plus salée qu'avant. Jan Maingard n'a pas souhaité citer de chiffres. Mais, pour le propriétaire qui couvrait déjà les manques à gagner précédents, «ce n'était plus possible». «Comme nous sommes une référence en matière de publications françaises», se flatte Jan Maingard, deux institutions passaient par l'Atelier littéraire pour se fournir en livres. Mais l'an dernier, ces gros clients - dont une école - se sont retirés, déplore-t-il.

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Adieu adresse port-louisienne voulue par Jan Maingard, en souvenir d'un aïeul qui habitait au Ward IV. Ce bâtiment, haut de plafond et avec des pierres taillées, sera mis en vente, dit-il. «On m'a dit que cet emplacement, c'était les écuries de la maison coloniale d'Edgard Laurent, qui avait été maire de PortLouis en 1920», ajoute-t-il.

Prochaine aventure

À 73 ans, Jan Maingard ne cultive ni regrets ni rancunes. «C'est fini, c'est fini», répète-t-il. «J'ai été content de faire ça. C'est très égoïste.» La fin est définitive. Parce qu'il pense déjà à sa prochaine aventure. «Je n'aime pas perdre de temps», lance celui qui est connu pour son humour corrosif. Lui, qui explique : «Ma langue (NdlR, de même que sa plume) n'a pas d'os. S'il y a un truc à dire, je le dis karé karé.» Mais ce que, pour l'heure, il ne dit qu'à demi-mot, c'est le projet qu'il mijote à Tamarin. Grand propriétaire terrien de ce village de l'Ouest (il y maintient contre vents et marées la dernière saline), il a déjà identifié le prochain point de chute. Il y a «au moins dix ans», un édifice en pierre avait été construit «dans les bois, dans un chassé, sur une colline», du côté de la montagne La Tourelle, pour y célébrer le mariage du fils de Jan Maingard. Il envisage d'y célébrer, «vers la fin de l'année», les noces du collectionneur de livres d'art. Qu'il est.

«Ce sont des oeuvres qui valent beaucoup d'argent. Merde, moi, j'aime ça», dit-il sans détour. Parmi ses pépites : une édition du Prophète de Khalil Gibran, «en calligraphie comme à l'époque». Un ouvrage sur les Templiers, «qui pèse 2 kg, avec une couverture en laiton ornée d'un vitrail». Ou encore une édition du Cantique des cantiques, «fait main». Jan Maingard veut partager ces livres qui sont, pour le moment, for his eyes only.

Des conteneurs aménagés en musée seront installés sur le site, avec des copies de ces livres. Le tout sera accessible à la visite. Des livres de L'Atelier littéraire feront aussi le voyage jusqu'à Tamarin. Il y aura un espace pour les auteurs locaux, un autre pour les plumes étrangères. Également sur le site, un conteneur aménagé où seront exposés les tableaux de Jan Maingard. Le tout servira aussi de résidence d'artistes. Pour digérer tout ça, «il y aura un petit restaurant». La plupart des six employés de l'Atelier le suivent à Tamarin. «On va continuer. Je ne sais pas pour combien de temps.»

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