Le Sénégal est devenu une société de consommation par excellence. Les enseignes étrangères comme Auchan, Utile, Lidl, Carrefour se bousculent aux portillons pour approvisionner le marché de produits dont la totalité est issue du secteur industriel. S’y ajoutent les boutiques « American Food Store » qui pullulent dans les centres urbains.
Un état de fait encouragé par l’émergence d’une nouvelle classe sociale qui s’occidentalise. A Dakar, faire son marché dans les grandes surfaces est devenu une mode au détriment de millions de producteurs locaux.
Un embelli qui cache mal la montée en puissance des maladies chroniques. Beaucoup de spécialistes pointent du doigt les nouvelles habitudes alimentaires imposées par les produits industriels.
M. Aliou Sambou Bodian, Chargé de communication de Volontaire national UPA.DI, l'une des plus grandes Organisations paysannes du Sénégal, impute cette situation à la qualité des produits industriels qui envahissent les étales du marché sénégalais.
A l’en croire : « l’Union européenne en collaboration avec des structures paysannes du Sénégal ont dénoncé la consommation de lait frelaté qui ne serait pas du lait recommandable à la consommation ».
Il impute cette situationà l’absence d’un véritable dispositif de contrôle de la conformité des produits alimentaires.
Le problème des poulets importés d’Europe est remis au goût du jour par le président de la Fédération des acteurs avicoles du Sénégal (Fafa), M. Serge Sadio.
Selon lui, « des poulets qui étaient produits en l’espace de 35 à 45 jours sont envoyés vers le Sénégal et le Togo alors que la consommation est interdite en France ».
Avant de se désoler du fait que l’importation de volaille n’a pas été bloquée pour des raisons d’hygiène mais plutôt permettre aux producteurs locaux qui utilisent parfois les mêmes procédés que les industriels occidentaux, de mieux viabiliser la filière avicole.
Au Sénégal, certes la nourriture revêt des enjeux économique et sanitaire, l’aspect culturel est non négligeable. Les mets sont à base de mil, maïs, sorgho, arachide, huile de palme. Une tradition que le Sénégal partage avec des pays de la sous-région comme la Guinée, le Mali, le Ghana, la Côte d’Ivoire.
Ce patrimoine est aujourd’hui menacé avec la percée du riz qui s’est installé dans les habitudes alimentaires avec la colonisation. Sans oublier les « fast-food » très prisés par les jeunes qui représentent plus de la moitié des consommateurs.
Le plat national, thiébou dieune (riz au poisson en wolof), n’a pas échappé à cette « mutation dangereuse ». Malgré son inscription au patrimoine mondial de l’Unesco, son originalité est menacée par les bouillons que certains nutritionnistes qualifient de vecteurs de maladies cardiovasculaires. Sans oublier les huiles de cuissons surchauffées à des températures élevées.
Les autorités compétentes sont directement interpellées. Aliou Sambou Bodian les invitent à encourager une autosuffisance alimentaire des produits de base pour alimentation saine.
Cette nouvelle donne qui place l’agro-écologie au cœur du dispositif de production nécessite également l’implication des services de douanes pour le contrôle de la qualité des produits à l’entrée, le commerce intérieur pour veiller sur les chaines d’approvisionnement, le ministère de la santé et celui de la communication pour la sensibilisation des populations sur les bons procédés.