Madagascar: Transport ferroviaire - La ligne FCE à nouveau sur les rails

Le coup d'envoi officiel de la reprise de la ligne FCE a été donné hier. Dans un premier temps le train ralliera Fianarantsoa à Manampatrana et ira jusqu'à Manakara à partir de juin.

Enfin. Un mot que des personnes interrogées ont prononcé dans un soupir de soulagement à l'annonce de la reprise des transports de personnes et de marchandises sur la ligne ferroviaire Fianarantsoa - Côte Est (FCE). Après plus d'une décennie de vicissitudes qui ont finalement conduit à l'arrêt de la ligne, la machine est à nouveau en marche.

Le top départ officiel de la reprise des voyages en train sur la FCE a été donné par Andry Rajoelina, président de la République. Lui et son épouse, Mialy Rajoelina, ainsi que les autorités civiles et militaires qui l'ont accompagné durant son déplacement à Fianarantsoa, se sont même offert une petite balade à bord d'un des nouveaux wagons passagers. Ce sont les usagers qui sont les premiers ravis de cette reprise de la FCE après pratiquement un an d'arrêt total.

"Enfin, je pourrais m'approvisionner en fruit plus aisément. Les prix pourraient aussi baisser", se réjouit Jacqueline, devant son étal d'oranges et de bananes dans un des box adossés au stade d'Ampasambazaha. Même son de cloche chez sa voisine qui affirme avoir des membres de sa famille qui résident dans une des localités desservies par le train partant de Fianarantsoa jusqu'à Manakara. Comme l'affirme le président de la République, avec la réouverture de cette ligne ferroviaire, c'est une des principales artères économiques des régions Matsiatra Ambony et Fitovinany qui fonctionnent à nouveau.

La FCE dessert en effet plusieurs localités riches en produits agricoles entre autres. Durant la période d'arrêt des trains, ces communes et Fokontany se sont retrouvés isolés, à l'exemple de Manampatrana, dans le district d'Ikongo. Manampatrana est pourtant une des localités ayant payé le prix fort suite aux différents cyclones qui ont ravagé la partie Sud-est du pays ces dernières années.

Des avenants

En raison de son enclavement, il était difficile d'y acheminer les aides d'urgence et appuis nécessaires au relèvement de ses habitants. La vente des produits agricoles était, d'autant plus, particulièrement difficile toujours à cause d'absence de voie d'acheminement des récoltes jusqu'aux différents marchés de la région.

Après le train pascal entre Fianarantsoa et Sahambavy qui a servi de test pour la reprise des activités ferroviaires sur la FCE, rallier Manampatrana a donc été un des premiers objectifs du ministère des Transports et de la météorologie, comme l'explique le ministre Valery Ramonjavelo. "L'esprit des actions du ministère des Transports n'est pas juste d'avoir des bénéfices financiers, mais aussi d'avoir un impact économique et social pour la région et le pays par le désenclavement, la fluidité de la circulation des personnes et des biens. Que plus aucune localité ne soit enclavée", indique-t-il.

Selon les explications, la reprise totale du trajet jusqu'à Manakara ne se fera qu'en juin. En cause, la finalisation et les procédures de vérification des travaux de réhabilitation des rails. Outre les problèmes techniques des locomotives, il fallait aussi remettre en état plusieurs kilomètres de rails. Il y a eu des portions qui se sont effondrées. D'autres où les rails ont été volés. Une fois dans sa vitesse de croisière, la ligne FCE desservira les différentes gares sur son chemin trois fois par semaine.

S'agissant du prix du ticket, il n'y a pas de chiffre communiqué. Le comité de redressement de la FCE serait encore en plein évaluation des tarifs idoines pour la première et la seconde classe, ainsi que le transport de marchandises. Outre les classes des passagers, le prix du billet différera aussi selon les gares de desserte qui seront divisées en quatre zones. Le ministre Ramonjavelo explique en effet que "l'objectif est la viabilité et l'indépendance financière de la FCE afin de ne plus revivre les problèmes rencontrés jusqu'ici. Il s'agit aussi d'assurer la durabilité d'une bonne qualité de service".

Le membre du gouvernement assure néanmoins qu'une éventuelle hausse des prix du ticket sera de moins de 10%. Dans son discours, le président Rajoelina a souligné que la reprise de la FCE est une priorité qu'il a exigée du ministre des Transports et de la météorologie lors de sa nomination. Un contrat rempli, de prime abord. Le Chef de l'État a toutefois ajouté quelques avenants. La réhabilitation des gares sur la ligne, notamment, celle de Fianarantsoa et l'achat d'une locomotive flambant neuve afin qu'il n'y ait plus de suspension de la ligne pour cause de panne.

Un comité de redressement

Un comité de redressement a été mis en place pour remettre à flot la FCE. Sous sa houlette est instaurée une direction collégiale. La mission principale de ces deux entités est de mener la ligne Fianarantsoa - Côte Est jusqu'à son autosuffisance et indépendance financière. De faire en sorte que les péripéties qu'elle a traversées depuis près d'une décennie ne soient plus que de mauvais souvenirs. Afin de mettre à plat les antipathies entre les employés et les responsables de la FCE, une solution concertée est mise en oeuvre pour le paiement des arriérés de salaire et l'allocation des retraites.

Distribution de contrat de travail et de certificats

La cérémonie de lancement officiel de la reprise de la FCE a été précédée d'une distribution de certificats et de travail à des formateurs au titre du ministère de l'Enseignement technique et de la formation professionnelle. Ils ont formé un millier de jeunes et adultes. L'agriculture, l'élevage, la cuisine, la taille de pierre et la construction de rue pavée sont les modules de formation de ce millier d'apprenants. Ceci dans le cadre d'un projet impliquant le ministère de l'Enseignement technique et de la formation professionnelle, celui de la population et le Fonds d'intervention pour le développement (FID).

"Avant Andry Rajoelina, jamais un Président n'a mis l'accent sur la formation professionnelle. Les formations octroyées impactent directement sur le quotidien des apprenants et leur permettent d'être opérationnel pour le monde du travail ou de subvenir par eux-même à leur besoin", déclare Vavitsara Gabriella Rahantanirina, ministre de l'Enseignement technique et de la formation professionnelle. Une partie des apprenants ayant été certifiés, hier, ont participé aux travaux de réhabilitation des rails de la FCE dans le cadre du projet "Asa vonjy aina".

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