Ile Maurice: The winner takes it all in 2025 - Législatives, municipales, villageoises

Navin Ramgoolam, Paul Bérenger et Xavier-Luc Duval étaient face à la presse, hier le samedi 27 mai.

Avec ce thème de 'The winner takes it all', il n'est pas nécessaire pour les nostalgiques de revivre les moments de gloire du groupe suédois Abba* mais de réfléchir sur ce qui semble être une brillante stratégie concoctée par Pravind Kumar Jugnauth (PKJ), le leader du MSM.

En envisageant des élections générales, municipales et villageoises le même jour, PKJ annonce une réforme majeure des administrations publiques dans l'histoire du pays. En même temps, pour répondre à des pressions sur le court terme, il fait déplacer tout le débat sur la décision éminemment anti-démocratique sur le renvoi des élections municipales. On ne parle plus que du scrutin simultané pour les législatives et les régionales.

En raison de la solidité de l'alliance gouvernementale, rien ne forcerait PKJ à aller aux urnes avant les échéances constitutionnelles et légales maintenant que les municipales sont rangées dans un tiroir. Le Parlement sera dissous au plus tard le 6 novembre 2024. PKJ devrait alors tenir des élections générales dans les six mois suivant la dissolution. S'il se croirait en difficulté et chercherait à hang on to power, son gouvernement survivrait jusqu'en mai 2025.

PKJ ne ferait face pour sa survie politique qu'à deux menaces distinctes. La première, c'est que les Law Lords à Londres cassent son élection. La seconde, c'est qu'il perde sa majorité au Parlement. Avec même le jadis gigantesque rhinocéros Ivan Collendavelloo jouant béatement au rôle de mouton, verrait-on les Chuckowry, Luchmun Roy, Ramkaun, Ramdhany, Gobin, Balgobin, Doolub, Mayotte et Ittoo casser la baraque et priver le MSM de sa majorité ?

Au fait, même un jugement en faveur de la pétition de Suren Dayal ne contribuerait pas forcément à renverser le gouvernement. Quelqu'un d'autre comme Steve Obeegadoo pourrait tenir la barre en attendant que PKJ ne revienne en force en surfant sur de nouvelles élections. Leçon d'histoire: bien que son élection fût invalidée en 2008 suivant la pétition de Raj Ringadoo, Ashock Jugnauth se présenta comme candidat du MMM à l'élection partielle qui eut lieu le 1er mars 2009. Ce premier ministrable d'alors aurait été facilement réélu si son adversaire, son neveu PKJ, n'avait pas bénéficié du soutien massif des Travaillistes au pouvoir. C'est ainsi que Navin Ramgoolam sortit PKJ du karo-kann politique. Avec la formidable machine de guerre dont dispose le MSM d'aujourd'hui, une élection partielle au No 8 ne serait nullement redoutable pour PKJ.

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L'idée de tenir les élections générales, municipales et villageoises en même temps pourrait créer les conditions pour qu'un parti politique ou une alliance remporte tous - ou presque tous - les sièges à pourvoir à ces trois niveaux. Jusqu'ici, puisque votant en différentes occasions, les Mauriciens choisissent leurs députés par loyauté au parti ou à l'alliance de leur choix. Mais aux municipales, même si l'adhésion au parti reste un facteur certain, d'autres considérations entrent en jeu, dont la proximité avec les candidats. Aux villageoises, c'est un véritable bazar. Par exemple, un regroupement de candidats comprend à la fois des partisans du MSM et du PTr et on a en face une entité composée elle aussi d'éléments oranges et rouges.

Tout cela pourrait changer avec le nouveau système préconisé par PKJ. En effet, les partis politiques devraient nécessairement changer leur façon de mener une campagne électorale. Cette fois-ci, le turbocompresseur mis en marche par chaque grand parti ferait compacter les passions politiques, communales et castéistes pas seulement pour les législatives mais aussi pour les municipales et villageoises. Donc l'électeur serait invité à voter pour le même symbole sur différents bulletins. Même le Bangladeshi le plus inculte ne s'y perdrait pas. Evidemment puisque ceux qui ne respectent pas la discipline de parti sont nettement minoritaires, le symbole qui remporte les législatives pourrait aussi enlever les municipales et villageoises.

Avec ces nouvelles donnes, si le MSM entend rééditer sa performance de 2014 et 2019, en profitant du système électoral first past the post et en exploitant les divisions et les incohérences chez ses adversaires, le parti pourrait bien remporter une victoire massive dans tout le pays avec quelques rares poches de résistance. Au Sun Trust, on pourrait alors, après un bon briani de cerf, allègrement entonner la chanson d'Abba :

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