Afrique: Indice mondial de performance du port - Maurice mauvais élève

Le rapport de la Banque mondiale sur la performance mondiale des ports qui s'intitule The Container Port Performance Index 2022 (CPPI) vient sonner le glas sur le port mauricien. En effet, selon le classement global, Port-Louis se situe à la 327e place sur 344 ports. Parmi les 37 pays de l'Afrique sub-saharienne, Port-Louis se trouve à la 30e place, derrière Toamasina, le port de Madagascar qui se classe en 10e position. Les ports de Victoria, Mayotte et Réunion prennent la 13e, 15e et 22e place, respectivement. Dans la catégorie CPPI by Throughput - Medium Ports (entre 0, 5 millions et 4 millions d'unités équivalentes à vingt pieds (TEU) par an), Maurice se classe à la 187e place loin derrière Toamasina (112e) et Réunion (115e).

Le CPPI, qui est basé sur le nombre de temps qu'un navire passe au port, vise à identifier les opportunités d'amélioration d'un terminal ou d'un port qui bénéficieront à terme de l'ensemble des acteurs publics et privés. Selon le CPPI, les défis causés par la pandémie de Covid-19 et ses conséquences sur le secteur se sont atténués en 2022, un assouplissement qui s'est poursuivi jusqu'au début de 2023. «Cela a entraîné une amélioration de la congestion portuaire et une réduction des perturbations logistiques», note le rapport. Cependant, il est mentionné que l'effet négatif d'une mauvaise performance dans un port peut s'étendre au-delà de l'arrière-pays de ce port à d'autres, car les services de transport de conteneurs suivent un horaire fixe avec des fenêtres d'amarrage spécifiques à chaque port d'escale sur la route. Par conséquent, de mauvaises performances sur un port pourraient perturber l'ensemble du calendrier. Ceci, à son tour, augmente le coût des importations et des exportations, réduit la compétitivité du pays et de son arrière-pays, et entrave la croissance économique et la réduction de la pauvreté. Les conséquences sont particulièrement importantes pour les pays en développement sans littoral (PDSL) et les petits États insulaires en développement (PEID).

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Gérard Bertrand, du Port-Louis Maritime and Employees Association (PLMEA), se dit surpris du classement de Maurice, surtout que notre port est devancé par ceux de Madagascar et de La Réunion. «Lorsque nous analysons les résultats du passé, Maurice avait pris de l'avance. On ne connaît pas les critères pris en compte pour établir ce classement ». Selon lui, pour les trois dernières années, Maurice avait maintenu 21, 8 conteneurs, par grue, par heure. Et pour le mois de mars, la production moyenne s'élève à 23 conteneurs l'heure. «Durant le Covid-19, nous avons maintenu nos activités. Après la pandémie, il y avait une baisse de trafic car beaucoup de navires porte-conteneurs n'ont pas transité à Maurice. Malgré la baisse dans le trafic, le port a maintenu sa performance. Aucune compagnie maritime n'a dit que la performance de Maurice est mauvaise.»

Réagissant au rapport de la Banque Mondiale sur le Container Port Performance Index, le député travailliste Fabrice David fait ressortir que «la capitale portuaire, Port Louis, est aujourd'hui clouée au pilori par le rapport qui nous classe parmi les ports les plus mal gérés au monde ! C'est une véritable honte pour l'image de notre Port au niveau régional et mondial». Et d'ajouter : «J'ai moi-même déjà soulevé le problème des infrastructures portuaires au Parlement : les portiques endommagés et non-opérationnels ou encore des remorques neuves commandées et livrées mais qui ne répondent pas aux spécifications techniques du Port. Dois-je rappeler que c'est le Premier ministre qui est le ministre en charge des services et opérations portuaires ?» Selon le député du Parti travailliste, au lieu d'être un secteur qui génère des revenus et des emplois, notre Port est boudé par les compagnies maritimes qui préfèrent d'autres pays de l'océan Indien qui offrent des services portuaires plus compétitifs et efficients. «Notre classement dans ce rapport est un nouveau coup de massue pour notre pays qui a cruellement et urgemment besoin d'un important changement à sa direction !», affirme-t-il.

«C'est pas étonnant vu la mauvaise gestion du CHCL et de la MPA», lance d'emblée, Reza Uteem, responsable du dossier économique au MMM. Selon lui, il y a un manque de volonté politique de la part du gouvernement pour moderniser leur secteur portuaire et développer celui du transbordement. «On a un potentiel énorme à Maurice. On aurait du être le centre de transbordement et attirer tous les grands navires et mettre en place le projet de RegionalVessel entre l'Asie-Maurice-Afrique. Mais cette mesure budgétaire n'a toujours pas été mise en place un an après». Le député mauve explique que si Maurice était doté d'un port efficace et efficient, le pays aurait pu attirer les gros navires. Il fait ressortir que d'autres pays de l'océan Indien, notamment Madagascar, commence à développer son secteur portuaire. «C'est dramatique pour le pays mais pas inattendu vu l'ingérence politique et le manque de volonté pour moderniser notre port.»

Adil Ameer Meea partage le même sentiment. «C'est une très mauvaise nouvelle pour le pays. Il y aura des conséquences bien grave sur notre économie.» Selon lui, s'il y a un manque d'efficience, les compagnies maritimes délaisseront encore plus notre port. «S'il n'y a pas de volume, cela va affecter non seulement nos exportations mais également nos importations. Nous aurons moins de devises étrangères. Il y aura un effet sur l'inflation. Il nous faut nous ressaisir rapidement.» Le député du MMM est d'avis qu'il faut mettre des gens compétents à la tête du port car c'est un secteur vital pour l'économie. «C'est la réputation de Maurice qui prend un sérieux coup.»

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