Ile Maurice: Cherté de la vie - Ces mamans qui cumulent les jobs pour joindre les deux bouts

Grâce aux petits boulots, elles sont serveuse, aide à domicile, baby-sitter, maquilleuse ou encore elles font et vendent des gâteaux. Alors que sera célébrée la Fête des Mères, demain, nombreuses sont les mamans qui cumulent plusieurs jobs pour réussir à joindre les deux bouts. Bien que plusieurs d'entre elles aient un emploi à plein temps, la cherté de la vie les oblige à travailler davantage pour arrondir leurs fins de mois difficiles. Entre la gestion de plusieurs boulots, les enfants et la vie familiale, ces mères épuisées à force de tout concilier assurent cependant avec succès. Nous avons rencontré quelques-unes de ces battantes au grand coeur.

Cynthia Ragoo: «Nous essayons de vivre à l'aise»

Cynthia Ragoo est mère d'un jeune homme de 20 ans. A l'âge de 18 ans, elle a fait ses premiers pas dans le monde du travail dans une usine de textile. Depuis elle n'a jamais arrêté de travailler. Après plus de 18 ans comme ouvrière, elle a trouvé un job de bonne à tout faire. Elle travaille une demi-journée du lundi au samedi mais les revenus ne sont pas suffisants. «Je fais tout, le repassage, le ménage, la cuisine. Vers la fin du mois avec le peu d'argent qu'on reçoit, c'est difficile de payer les factures. Je me suis dit pourquoi ne pas chercher d'autres petits boulots puisque tous les jours je termine à midi», dit Cynthia Ragoo.

Ainsi, les après-midis, en jours de semaine, elle fait de la couture. Elle prend des commandes et confectionne des vêtements pour des clients. «Cela marchait bien mais avec le Covid-19, les priorités ont changé. Les gens ne dépensent plus autant d'argent dans les vêtements et parfois la clientèle devenait difficile. Je me suis dit qu'il fallait peut-être trouver encore un autre boulot», confie cette habitante de Belle-Rose. Ainsi, durant le week-end, elle travaille dans un restaurant. Cynthia Ragoo partage ainsi son temps entre ses jobs de bonne à tout faire, de couturière et d'employée de restaurant pour avoir un peu plus d'argent et arrondir ses fins de mois. «Nous essayons de vivre à l'aise car la vie n'est pas facile. Tout est cher. Avoir un seul job ne suffit pas. Maintenant que mon fils a commencé à travailler, je pourrai peut-être respirer un peu et travailler moins», espère Cynthia Ragoo.

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Anaëlle Souroop : «Une situation financière difficile me fait plus peur que d'avoir un deuxième enfant»

Anaëlle Souroop est coordinatrice dans un centre de formation. Maman d'une petite fille de 5 ans, elle veut offrir le meilleur à son enfant. Mais le faire avec un seul emploi est impossible. Donc, comme beaucoup de mamans, après ses heures de travail, elle s'est lancée dans des «part time jobs» pour gagner quelques sous supplémentaires. Elle fait du «face painting» en freelance et récemment elle s'est aussi lancée dans des soins de pédicure à domicile. «Quand ma fille rentre de l'école, elle reste avec mes beaux-parents qui font tout pour elle. Je la récupère dans la soirée et nous rentrons juste pour dormir. J'essaie de passer une dizaine de minutes avec elle avant qu'elle ne parte au lit mais ce n'est pas suffisant», dit Anaëlle.

La jeune femme concède qu'avec un seul revenu elle ne pourra jamais joindre les deux bouts et encore moins réaliser des projets pour sa fille. «Le matériel scolaire et les activités extrascolaires coûtent une fortune. On ne vit plus, on survit», souligne-t-elle. La jeune maman travaille souvent les week-ends aussi et fait de son mieux les dimanches avec sa fille pour rattraper le temps perdu. «C'est difficile de tout faire en un jour mais on s'organise. Je l'emmène partout où je vais, au marché, aux courses. Nous allons aussi à la plage parfois», ajoute Anaëlle Souroop. La jeune femme voudrait bien avoir un deuxième enfant mais la cherté de la vie lui fait peur. «J'ai plus peur financièrement que d'être maman pour la deuxième fois», avoue Anaëlle Souroop.

Alice Toussaint : «Si je ne travaille pas, ma fille n'aura pas ses médicaments»

Alice Toussaint est maman d'une fille de 10 ans qui souffre d'un handicap depuis ses trois mois. Subvenir aux besoins médicaux d'un enfant malade n'a jamais été facile et pour le faire, elle doit travailler beaucoup. Avant le Covid-19, la jeune femme travaillait comme hôtesse pour des produits de beauté et faisait aussi du maquillage à domicile à certaines occasions. Elle cumulait les petits boulots à temps partiel afin d'avoir plus de temps pour s'occuper de sa fille. Après le Covid-19, elle réalise qu'il lui faudra trouver un travail à plein temps. Elle décroche un emploi comme «beauty adviser» chez Brandactiv. Bien qu'elle ait un emploi à plein temps, Alice Toussaint concède qu'un seul salaire n'est pas suffisant pour subvenir aux besoins médicaux de sa fille.

Donc, elle offre toujours ses services comme maquilleuse à temps partiel. «Vu l'état de santé de ma fille, elle ne peut aller à l'école. J'ai besoin d'une personne à plein temps pour s'occuper d'elle quand je suis au travail. C'est un peu comme si je travaille pour payer la nounou. Ce n'est pas suffisant car il y a les dépenses médicales qui coûtent énormément. Je dois toujours avoir un peu d'argent de côté au cas où ma fille tombe malade. Nous avons une assistance sociale mais ce n'est pas suffisant. Nous essayons de faire des petits projets à court terme mais difficile de faire quelque chose de concret. Je n'ai pas le choix car j'ai tout le temps besoin de sous pour les médicaments de ma fille qui souffre aussi d'épilepsie. En décembre, elle était gravement malade, j'ai dû acheter un appareil à Rs 13 000», affirme la jeune maman de 33 ans.

Asha Oodhub : «Bizin trassé»

Asha Doolub est "planning officer" à ABC Motors. Maman d'un adolescent de 16 ans, elle admet qu'afin de pouvoir assurer la scolarité de son fils dans les meilleures conditions et lui donner ce dont il a besoin à cet âge, elle ne peut compter sur un seul salaire. Passionnée de cuisine, avant la pandémie, elle confectionnait des petits gâteaux et des amuse-gueules pour sa famille. «Après le Covid-19, tout est devenu plus cher. Je dois payer plusieurs leçons pour mon fils. A cet âge, ils ont aussi leurs besoins. Il faut payer la gym, les fringues», explique Asha Oodhub. Elle décide donc de faire de sa passion un «part-time job».

Après ses heures de bureau, quand elle rentre chez elle à 18 heures, elle s'attelle à la préparation de ses commandes. Elle a son petit business, The Munchy Box, où elle commercialise ses gâteaux. «Le «catering» n'est pas toujours facile. Il y a beaucoup de concurrents et c'est un travail qui demande beaucoup de temps. Parfois je termine à une heure du matin pour recommencer le lendemain à 5 heures. «It's never ending» mais bizin trassé... mais bizin trace. La vie est trop chère», dit la jeune femme qui reconnaît que le fait de travailler autant lui laisse moins de temps pour son fils et cela la rend triste.

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