Au Sénégal, la caravane dite « de la liberté » de l'opposant Ousmane Sonko a quitté Ziguinchor, la ville dont il est le maire dans l'extrême sud du pays. Elle poursuit sa route en direction de Dakar. Ce samedi, elle est arrivé à Velingara après plusieurs heures d'échauffourées.
Après avoir passé la nuit à Kolda, la caravane a été obligée de s'arrêter pendant plusieurs heures en raison des échauffourées qui ont éclaté entre les forces de l'ordre et les sympathisants d'Ousmane Sonko à l'entrée de la région de Velingara, à 570 km de Dakar, rapporte notre correspondant, Tiémoko Diarra. Les partisans d'Ousmane Sonko n'ont pas décoléré face aux forces de l'ordre qui ont bloqué toutes les routes. Depuis que le convoi a quitté Kolda aux environs de midi, il est suivi par une vingtaine de pick-up et de gros véhicules blindés de la gendarmerie.
Un mort à Kolda
Et comme vendredi, de nombreux Sénégalais sont sortis pour encourager le politicien sur la route, et des échauffourées ont éclaté. Gaz lacrymogènes du côté de la police contre jets de pierre du côté des manifestants. « Nous sommes dans un pays qui est tenu en haleine par un système qui ne nous arrange pas. Ousmane Sonko est venu aujourd'hui alerter la jeunesse. Les jeunes ont compris. Cette caravane vient à son heure car les jeunes ont besoin de savoir qu'il faut changer d'époque. Cette caravane a traversé des étapes, pendant tout le trajet les gaz lacrymogènes ont été lancés par les forces de l'ordre sans raison. Tous les hommes politiques du Sénégal ont tous fait des tournées dans tout le pays. On n'a jamais vu un homme politique qui a été gazé. Aujourd'hui, c'est parce qu'Ousmane Sonko est le candidat le plus présidentiable », tance le coordinateur du Pastef de Ziguinchor, Edouard Diadta.
Selon un communiqué du procureur de la république de Kolda, un homme de 37 ans a été tué vendredi en marge des affrontements dans la ville. Le document explique qu'il a succombé à une blessure à l'abdomen par arme à feu mais sans établir l'origine des tirs. Une autopsie et une expertise balistique sont attendues, et une enquête est ouverte.
« Une désolation »
Pour le ministère de l'Intérieur, l'article 96 du code pénal obligeant la déclaration préalable de déplacement d'une caravane ou d'un cortège sur l'ensemble du territoire national n'a pas été respecté. La journée de samedi a d'ailleurs été très tendue pour Abdoulaye Diatta, chauffeur d'un des véhicules de la caravane. « On devait faire tranquillement notre caravane, mais quand on a abordé Valengara, les forces de l'ordre ont chargé à chaque fois les patriotes venus nous accueillir. C'est une désolation », raconte-t-il.
Le convoi doit ensuite prendre la route de Tambacounda. Un trajet qui s'annonce comme d'ores et déjà tendu. Plusieurs véhicules de l'armée suivent le cortège. « Nous ne pensions pas que les autorités allaient déployer autant d'énergie pour obstruer cette marche vers Dakar et nous savons que plus nous allons nous rapprocher de Dakar, plus ça ira crescendo. Mais déjà, il y a eu mort d'hommes », a dénoncé Ousmane Sonko.
Ousmane Sonko compte aller jusqu'à Dakar où le délibéré dans son procès pour viol sera rendu jeudi. Il se dit victime d'un complot politique et dit vouloir marcher sur la capitale sénégalaise. Le ministère de l'Intérieur de son côté appelle au calme. Dans un communiqué, il rappelle que le cortège est soumis à l'obligation d'autorisation et que les autorités prendront « toutes les mesures nécessaires pour préserver l'ordre public ».